Du 13 au 31 janvier, l’équipe de France de handball a rendez-vous en Égypte à l’occasion des championnats du monde. Après un Euro 2020 raté et à l’approche du Tournoi de qualification olympique, les Bleus sont à la croisée des chemins.
2020 est terminée, une année qui restera historique pour l’équipe de France de handball… dans le mauvais sens du terme. Il y a un an, les Bleus étaient éliminés dès le tour préliminaire de l’Euro, une première depuis 42 ans pour le handball français dans une compétition internationale. Une déroute qui a d’ailleurs coûté sa place à Didier Dinart, remplacé au poste de sélectionneur par Guillaume Gille. Membre du staff lors de cette compétition, ce dernier garde un souvenir meurtri de cet Euro. « Bien sûr, je me sens aussi en partie responsable de cette cruelle désillusion. À partir du moment où l’on fait un sport collectif et qu’on se retrouve dans ces difficultés-là, bien évidemment qu’en tant que membre du staff j’ai aussi eu l’occasion de remettre en cause ce qui s’était passé, mon mode de fonctionnement, mes erreurs, ça fait partie des bilans que j’ai pu faire, qui m’ont permis de me relever et d’envisager la suite. L’échec de l’Euro est un échec collectif, où chacun d’entre nous, joueurs et staff compris, porte une part importante », confie Guillaume Gille, désireux de voir son groupe rebondir. « Le débriefing de l’Euro, vue la configuration de l’équipe, n’aurait pas eu beaucoup de sens. Il manque beaucoup de protagonistes. Une grosse partie de cet effectif est étrangère aux difficultés vécues en janvier. Cette idée n’a pas été oubliée, mais je crois que déjà, les uns et les autres se retrouvant, pouvoir communiquer directement, cela permet d’avancer. Il y a huit, neuf mois qui se sont écoulés, bien évidemment que l’énergie n’est pas centrée sur ce qu’il s’est passé. On n’est pas en permanence en train de regarder dans le rétro. On a envie d’avancer, de relever la tête et de voir loin. Ce groupe a été meurtri, staff et joueurs compris, durant les derniers mois, donc on a besoin de retrouver un projet commun, de tous montrer un autre visage. »
« La Covid est un gros caillou dans la chaussure »
Un autre visage que Guillaume Gille, 44 ans et pilier de l’équipe de France des années 2000, a commencé à remodeler à la suite de sa prise de fonctions, malgré une pandémie de Covid-19 et un confinement venus bouleverser ses plans. « On s’est retrouvé dans une forme de paradoxe, à savoir qu’il fallait absolument qu’on se retrouve, qu’on puisse collectivement solder l’aventure de l’Euro, mais il n’y avait aucune perspective, aucune échéance qui arrivait », explique le sélectionneur. « Donc bien sûr qu’avec le staff on s’est mis en quête d’un process qui nous permette de reprendre le contact avec tout le monde, donc nous sommes passés par ‘Zoom’, entretiens au téléphone, entretiens plus ciblés avec certains cadres, pour à la fois être sûr d’avoir identifié toutes les problématiques, mais surtout mettre ce groupe dans une autre dynamique. » En ce début d’année 2021, la Covid-19 est toujours un nuage bien présent au-dessus des têtes des sportifs. « On peut avoir peur de tout en ce moment, on peut aussi arrêter d’avoir peur. On sait juste qu’il faut se préparer à tous les scénarios possibles. Oui, il y a de l’incertitude, sur la tenue du Mondial, du TQO, des Jeux Olympiques. Mais une fois qu’on a dit ça, qu’est-ce qu’on fait ? On s’arrête de travailler, on raccroche les baskets et on dit à tout le monde de rester chez soi ? Non. Il faut être prêt à se confronter à ces échéances, être en capacité d’être au rendez-vous. La Covid est un gros caillou dans la chaussure, mais rien ne doit nous empêcher de voir haut, de voir loin, de voir grand. »
« Je souhaite que l’équipe de France montre un autre visage »
Voir haut, voir loin et voir grand : l’ambition de retrouver les sommets du handball mondial est assumée. Ces Mondiaux en Égypte tombent donc à pic afin de situer les Bleus dans la hiérarchie. Au sein du groupe E, l’équipe de France va d’abord défier la Norvège le 14 janvier (21h30), avant de se frotter à l’Autriche le 16 janvier (19h), puis de conclure sa phase de groupe contre les États-Unis le 18 janvier (19h). A priori, les Bleus ont les qualités suffisantes pour se sortir de ce groupe et ainsi rejoindre le Tour principal de ces championnats du monde. Même si aux yeux de Guillaume Gille, le résultat final ne sera pas forcément la chose à retenir. « Au-delà du bilan chiffré, je souhaite que l’équipe de France montre un autre visage, une autre attitude que la précédente. Elle doit incarner un nouvel élan. Nous sommes tous dans l’envie de se mettre au niveau des meilleurs. Ce n’est pas de la prétention de dire que c’est là où on nous attend, et que c’est là où nous voulons aller. » Des Bleus en période de transition, en quête d’une nouvelle dynamique, qui abordent donc cette échéance mondiale avec l’envie de retrouver un visage et un jeu conquérants. C’est d’ailleurs ce qui a poussé Guillaume Gille à prendre des décisions fortes. Pour ces Mondiaux, exit Cédric Sorhaindo au poste de capitaine : c’est le très expérimenté Michaël Guigou qui portera le brassard. « Il était nécessaire de redistribuer les cartes concernant le capitanat », assure Guillaume Gille, qui a longuement évoqué le sujet avec Cédric Sorhaindo. Déjà capitaine lors des Mondiaux 2019 terminés à la troisième place par les Bleus, l’ailier nîmois de 38 ans sera donc le capitaine pour cette nouvelle échéance mondiale.
« Il y a une porte qui s’ouvre, une opportunité pour tout un tas de nouveaux joueurs »
Michaël Guigou fera également office de guide afin d’encadrer un groupe France rajeuni, notamment en raison du calendrier. « Quand on regarde les quatre participants au dernier Final Four de la Ligue des champions qui a eu lieu en décembre, on s’aperçoit que l’équipe de France vient largement piocher dans trois de ces équipes », analyse Guillaume Gille. « Ces garçons-là n’étaient donc pas présents pour notre traditionnel stage de fin d’année. » Résultat : le sélectionneur a opté dès le début du mois de décembre pour un groupe de 35 joueurs assez ouvert, permettant à de nouvelles têtes de se faire une place chez les Bleus. « Il y a une porte qui s’ouvre, une opportunité pour tout un tas de nouveaux joueurs », confirme Guillaume Gille. « Mais cette fin d’année exceptionnelle a obligé le staff à imaginer une séquence hybride pour débuter notre préparation aux échéances du mois de janvier. Avec l’absence d’une large partie de l’équipe, le groupe rassemblé pour le stage sera plus ouvert encore qu’en novembre dernier, au moment de nos retrouvailles. Entre les joueurs qui auront disputé des matchs jusqu’au terme de l’année et ceux qui auront débuté le stage initial, la préparation sera très singulière avec deux groupes qui vont se croiser et s’agglomérer. » Une chose est cependant certaine : blessé, Nikola Karabatic ne sera pas du rendez-vous en Égypte. « Oui, c’est une bien triste nouvelle », confie Guillaume Gille. « Avec ce qui nous attend, son absence est forcément une immense perte, de par son aura sur le terrain et en dehors. » C’est donc sans l’un des meilleurs joueurs de la dernière décennie que l’équipe de France va devoir avancer et tenter d’ouvrir une nouvelle page de son histoire. Premier chapitre à écrire en Égypte dès le 13 janvier.