La danse historique regroupe les différentes danses pratiquées dans les bals entre le 16e siècle et la Seconde Guerre mondiale. Arnaud Degioanni, conseiller danse historique à la FFDanse, présente cette discipline.
Quelles sont les particularités de la danse historique ?
La danse historique connaît un intérêt grandissant depuis les années 60. Au redémarrage, l’intérêt portait principalement sur la danse baroque. Grâce à sa démocratisation dans les années 80 et 90, tous les courants de danses, depuis la Renaissance jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, sont maintenant représentés et transmis par tradition écrite : la danse Renaissance, qui plaît beaucoup aux très jeunes, la danse Premier Empire ou Regency qui parle aux adeptes de Jane A, mais aussi les Années folles ou le Second Empire, qui remportent actuellement la majorité des suffrages.
Qu’est-ce qui attire dans ce courant ?
Ce sont des danses sociétales avant tout. Période Covid-19 mise à part, la danse historique est avant tout une pratique sociale où tout le monde est sur la piste et danse en même temps, quel que soit son niveau, du plus novice au plus aguerri. Ce mimétisme conduit à une décomplexion, en particulier chez le danseur, souvent hésitant. La danse historique est d’ailleurs un des courants le plus paritaire entre hommes et femmes à la Fédération Française de Danse.
Le facteur fantasmatique est aussi à prendre en compte. Porter un élégant costume d’un autre temps, se rendre dans un superbe endroit chargé d’histoire sont des moteurs très forts, surtout pour les danseuses.
Enfin, pour les grandes institutions qui font déjà confiance à la danse historique, le Musée d’Orsay, le Musée du Luxembourg, le Domaine national de Saint-Cloud, le château de Pierrefonds ou encore le Château de Breteuil, la danse historique permet une participation interactive immédiate entre le public, le bâtiment et l’histoire. Les personnes ne sont plus de simples visiteurs, mais de vrais acteurs intégrant le lieu et le temps, faisant eux-mêmes revivre le lieu à travers un bal.
Avec une salle, de la musique et potentiellement quelques accessoires, la danse historique peut faire revivre tous les lieux et faire danser tous les publics.
Existe-t-il une pratique compétitive dans la danse historique ?
À la base, ce courant fait partie d’un fonctionnement de société, ce qui en fait une danse de loisir pour le plus grand nombre. Même un grand danseur peut y prendre plaisir dans un esprit bon enfant. Dans l’histoire, il y a toujours eu une population qui voulait briller, ainsi des pas très difficiles ont été créés et ont d’ailleurs été transposés dans le ballet classique. Des danses anciennes reconstituées présentent un niveau élevé qui leur permet d’entrer dans une phase sportive en compétition. Un Championnat de France est organisé en juillet depuis 2013, sauf en 2020. Il existe aussi un Championnat d’Europe lors duquel la France montre un excellent niveau. Il existe une forte tradition de bal associé à la danse historique sur notre territoire.
Savez-vous combien de structures proposent la pratique de ces danses anciennes ?
La France compte environ 500 structures de danse historique. Dès qu’il existe un peu de patrimoine, un château, un musée … des associations de danse historique se forment pour le faire vivre. Il s’agit généralement de petites structures de dix à quinze personnes. Cependant, de grosses associations de danse historique existent à Paris, Marseille ou encore Bourges. L’association Carnet de Bals, basée à Paris, organise tous les ans le très recherché Bal de Printemps.
Que peut faire la FFDanse pour favoriser le développement de la danse historique ?
La Fédération déjà positionnée sur la carte de l’excellence, accueille déjà les meilleurs danseurs et les compétiteurs. La FFDanse qui s’occupe aussi de la pratique « loisir » peut favoriser son développement via le bal, mais aussi la reconstitution de bal. Je pense qu’après la période de crise sanitaire, la FFDanse aura une carte à jouer avec les facteurs de société, de partage, de plaisir et de santé que procure la danse historique. Les institutions avec lesquelles nous travaillons souhaitent redémarrer dès juin juillet. De nombreux projets sont déjà en élaboration, comme la Semaine internationale de la danse historique à Paris et espérons honorer les commandes pour les différents anniversaires, les 200 ans de la mort de Napoléon et le 150e anniversaire de la Commune de Paris. Il existe un fort frémissement pour reprendre les bals et la danse historique dès que le niveau sanitaire le permettra.