Mardi dernier, le Bayern Munich a annoncé la venue de Mathys Tel, jeune attaquant de 17 ans, pour 28,5M€ bonus compris. Retour sur une trajectoire fulgurante.
« Le FC Bayern est l’une des meilleures équipes du monde. J’ai vraiment hâte de relever ce grand défi et je donnerai tout pour ce club. Les discussions avec Hasan Salihamidzic et les responsables du FC Bayern m’ont vraiment impressionné et m’ont fait comprendre rapidement que je voulais absolument aller à Munich.» Voici les premiers mots de Mathys Tel à la suite de l’officialisation de son transfert en provenance du club bavarois mardi dernier. Les champions d’Allemagne en titre ont déboursé la bagatelle de 28,5M€ pour ce jeune attaquant très prometteur mais jamais titularisé en Ligue 1 avec le Stade Rennais. Cette vente est l’une des plus grosses effectuées dans l’histoire du club breton, après celle d’Eduardo Camavinga pour 31M€ d’euros l’été dernier (45 en comptant les bonus).
La formation munichoise est consciente d’avoir mis la main sur l’un des plus gros espoirs de la génération 2005 française, qui a remporté l’Euro U17 cet été avec les jeunes Bleus. Mais pas seulement. En août 2021, Mathys Tel est devenu le plus jeune joueur de l’histoire du Stade Rennais à jouer un match en Ligue 1 à 16 ans, 3 mois et 18 jours. Le nouveau numéro 39 munichois n’a, par la suite, porté la tunique rennaise qu’à dix reprises pour un total de jeu de 80 minutes. Il est vrai que le gamin originaire du Val-d’Oise n’a pu exprimer son potentiel en raison d’éléments offensifs performants en L1 comme Martin Terrier (21 buts), Gaëtan Laborde (17 buts tcc), Sehrou Guirassy (12 buts tcc) et Benjamin Bourigeaud (11 buts tcc) qui ont permis au Stade Rennais d’être la deuxième meilleure attaque du championnat (82 réalisations), derrière le PSG. Dès lors, ce transfert s’avère gagnant pour toutes les parties. Cependant, il expose de nouvelle tendances entre la nouvelle mode des joueurs programmés très tôt pour le haut niveau et la stratégie des plus grands clubs européens, en quête de talents toujours plus jeunes.
FC Bayern verpflichtet Mathys Tel! 🔴⚪
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— FC Bayern München (@FCBayern) July 26, 2022
Respect, ambition, polyvalence
Le natif de Sarcelles a l’habitude d’aller vite, très vite. Que ce soit dans son parcours ou sur le terrain, il va plus vite que les autres. Et ce, depuis son plus jeune âge. Eric Campaner, le tout premier éducateur de Mathys Tel et désormais responsable technique de l’école de foot au FC Villiers Le Bel, se rappelle de la toute première séance du gamin. Une posture, un joueur déjà grand pour son âge, une élégance qui avait frappé l’entraîneur. Avec une joie de jouer immense pour le petit garçon déjà passionné de football, qui possède d’excellentes qualités humaines. « Mathys est un garçon très bien éduqué par ses parents, ponctuel, investi tant à l’entraînement et en match. Il est respectueux de l’entraîneur et c’est quelqu’un qui tire les autres vers le haut. Il a son caractère et si vous lui donnez un plan de jeu et que lui pense que c’est différent, il va le faire, se remémore Eric Campaner, qui l’a entraîné cinq années consécutives. En U10, il a 9 ans à l’époque, le gardien adverse dégage en balle haute. Il possède des qualités athlétiques monstrueuses et une très bonne détente. Il monte en extension et je me dis qu’il va mettre la tête. Mais non, il se cambre un peu, il amortit et contrôle le ballon de la poitrine et le jeu repart. » Cette anecdote illustre déjà les qualités techniques de Mathys Tel, qui s’envole pour le Paris FC à 11 ans.
Si l’aventure est de courte durée, il intègre l’INF Clairefontaine dans la foulée -dont il sera exclu et dont Eric Campaner n’a toujours pas compris pourquoi cette décision a été prise- et évolue successivement à l’ASJ Aubervilliers et au FC Montrouge. Avec une polyvalence qui étonne. Le jeune joueur a tantôt évolué défenseur, tantôt milieu, avant de se poser en attaque. Alors que des clubs étrangers envoyaient leurs émissaires pour épier ses performances avec les U17 Nationaux du FC Montrouge, Mathys Tel signe un accord de non-sollicitation avec le Stade Rennais en janvier 2018. Il porte ponctuellement le maillot rennais avec lequel il dispute plusieurs tournois et en remporte deux, ceux de Baisieux et Quevilly en août 2019. Avant son intégration au centre de formation rennais effective en août 2020.
Dès lors, les formateurs des équipes jeunes du SRFC ont installé Mathys Tel au milieu de terrain pour plusieurs raisons. « L’idée, c’était de le placer au milieu pour qu’il développe sa lecture et sa prise d’informations. C’est un garçon qui a très vite eu des facilités à faire des différences grâce à son gabarit. Il avait des points forts sur lesquels on a continué à bosser. Avant d’arriver au Stade Rennais, les résultats reposaient souvent sur lui. L’idée, c’était qu’il puisse recueillir les informations avant de recevoir le ballon, voir comment se situer sur le terrain et comment se déplace son adversaire pour élargir sa palette technique », confie Romain Ferrier, entraîneur de la réserve rennaise lors de la saison 2020-2021. En Île-et-Villaine, l’ancien du Montrouge FC92 garde les mêmes qualités qu’à ses débuts au FC Villiers Le Bel, à sa voir sa bonhomie, son respect envers les formateurs, sa passion pour le foot. Il cultive aussi une certaine autonomie durant son passage en terres bretonnes. Tout en gardant son objectif en tête. « C’est un garçon qui met tout œuvre pour réussir au quotidien. Il veut toujours apprendre et disposait déjà d’une grosse maturité pour son âge », reconnaît l’actuel entraîneur des U19 des Girondins de Bordeaux.
Viser encore et toujours plus haut
Halte maintenant à un gros morceau : le Bayern Munich. Mathys Tel fait désormais partie d’une autre dimension dans un club ultramédiatisé, qui joue pour remporter tous les titres sur la scène nationale et européenne. Le choix de signer dans le championnat allemand, réputé pour lancer de nombreux jeunes, convient parfaitement à ses qualités techniques. « Partir dans ce championnat convient parfaitement avec ses qualités de percussion. Il tombe sur un coach réputé pour développer les jeunes », assure Romain Ferrier. « Mathys a franchi une étape supérieure en signant au Bayern, dans une équipe qui correspond à ses ambitions », indique de son côté Eric Campaner. Si le club est en adéquation avec les ambitions du numéro 39 bavarois, il est évident qu’il va rencontrer un temps d’adaptation fort logique.
Avant même son arrivée, Julian Nagelsmann a tenu des propos très élogieux envers le jeune de Sarcelles. « C’est un très jeune joueur talentueux. Il peut jouer à plusieurs postes, il est très rapide et fort (…) Il peut devenir l’un des meilleurs attaquants », a lancé le tacticien allemand à la suite du match amical perdu contre Manchester City, le 23 juillet dernier. Désormais, une étape importante attend le jeune homme : obtenir du temps de jeu dans une équipe qui dispose d’une armada offensive impressionnante, composée de Coman, Gnabry, Sané et Mané. Avant de pouvoir viser éventuellement plus haut.