Auréolée de son deuxième titre de championne du monde, l’équipe de France féminine de handball va tenter d’enchaîner lors de l’Euro 2018, organisé dans l’Hexagone du 29 novembre au 16 décembre prochains. Un événement qui mobilise toute la France du handball.
Dans les termes, le plan de bataille n’est pas graduel, mais il a le mérite d’être emballant. Un an après leur incroyable succès en finale du Mondial (23-21 contre la Norvège, le 17 décembre dernier), permettant à l’équipe de France féminine d’ajouter, après celle de 2003, une deuxième étoile à son maillot – ça ne vous rappelle rien ? -, les Bleues s’attaquent à l’Europe. Pour, enfin, décrocher un premier titre continental et asseoir toujours plus la domination du handball français, hommes et femmes confondus. Dans deux mois, les joueuses d’Olivier Krumbholz espèrent ainsi faire un phénoménal doublé, que seule la Norvège a déjà réalisé chez les femmes, en 2016. Mais les Françaises l’ont prouvé, soulever des montagnes ne les effraie pas, encore moins devant leur public. Car cette treizième édition européenne se déroulera en France, répartie entre cinq villes hôtes : Paris, où se jouera la grande finale le 16 décembre à l’AccorHotels Arena devant plus de 15 000 spectateurs, mais aussi à Nantes, Brest, Nancy et Montbéliard. Capitaine de l’équipe de France championne du monde en 2017, Siraba Dembélé, 32 ans et actuelle joueuse de Toulon Saint-Cyr, fait du soutien des supporters un facteur déterminant en vue d’une bonne performance tricolore : « C’est plus que motivant de jouer devant son public, surtout que l’on fait souvent le plein en France. L’objectif, c’est clairement de gagner à la maison, on ne va pas se voiler la face. Mais le chemin sera difficile ».
« On se doit d’aller dans le dernier carré »
Olivier Krumbholz, sélectionneur des Bleues, qui a été de toutes les grandes médailles françaises – champion du monde en 2003 et 2017, vice-champion olympique en 2016, vice-champion du monde en 1999, 2009 et 2011, et médaillé de bronze lors des Euros de 2002, 2006 et 2016 -, abonde dans le même sens. « Un championnat d’Europe à la maison, c’est toujours captivant, passionnant. Ça nous met une petite pression supplémentaire, surtout que le tournoi sera pleinement réussi en fonction de nos performances sportives, admet l’ancien international de 60 ans. On se doit d’aller au moins dans le dernier carré, c’est impératif. Surtout que Bercy (l’AccorHotels Arena, NDLR), c’est grand à remplir (rires) ! Après, on aime la pression, ça ne fait pas peur à ce groupe de filles qui est mature. Elles ont besoin de ça. De toute façon, je vais vous dire, je l’ai tout de suite vu après notre victoire mondiale : en interviews, une heure après notre sacre, les filles parlaient déjà de cet Euro ». Pour organiser un tel événement, la Fédération française de handball a tenté de mobiliser les clubs de France autour des festivités, et de toucher des publics différents par l’organisation d’événements annexes qui vont faire cette grande fête du handball : la pratique du hand-fit, en marge de la compétition, mais aussi du hand à 4 ou du baby-hand. « On a aussi lancé l’opération « Handballissime » pour promouvoir le label Euro 2018 dans toute la France, ou encore créé un hymne officiel composé par un orchestre de la Philharmonie de Paris », énumère Sylvie Pascal-Lagarrigue, présidente du Comité national d’organisation de l’Euro depuis janvier 2015, dirigé pour la toute première fois par une femme. « Le but est d’emmener avec nous les amateurs de hand, mais aussi de s’ouvrir aux non-amateurs. Car, c’est la première fois que l’on organise un Euro en France, alors que l’on a déjà organisé plusieurs Mondiaux chez les filles et les garçons. L’impact pour les villes sélectionnées est très important dans le développement de la pratique du hand chez les femmes. C’est un vrai coup de projecteur sur ces régions, ces communes, ces clubs et leurs bénévoles ».
Sur le terrain, pas une mince affaire
1 300 bénévoles seront ainsi mobilisés, répartis selon l’importance des sites. L’héritage laissé par le Mondial masculin, organisé en France en 2017, est également toujours présent. « Le nombre de licenciées va augmenter aussi, c’est certain, poursuit la présidente. La dynamique est positive depuis l’Euro 2016 (37 % de licenciées en France lors de la saison 2016-17, NDLR), et elle le sera d’autant plus si les filles réalisent une belle compétition ». Car, pour que la fête soit belle, les filles d’Olivier Krumbholz devront, dans un premier temps, faire le travail au tour préliminaire qui se disputera au Palais des sports Jean-Weille de Nancy, où elles croiseront la route de la Russie le 29 novembre, de la Slovénie le 2 décembre, puis du Monténégro le 4 décembre. « Notre groupe est encore très relevé, souffle Siraba Dembélé. Je me demande comment ils (les organisateurs) font les tirages à chaque fois (rires). Mais l’Euro est une compétition très difficile, plus qu’un Mondial, donc ce n’est pas une surprise pour moi d’être confrontée à de meilleures équipes d’entrée. Ce premier tour sera épuisant, et historiquement on a souvent eu du mal à débuter. Mais on doit passer, pas le choix, ce serait une déception si on ne le fait pas ». Même son de cloche pour le sélectionneur, qui se rappelle au bon souvenir de ses futurs adversaires. « C’est un groupe cocasse, surtout que l’on a une histoire continue avec ces équipes-là : on a buté sur les Russes en finale des derniers JO, la Slovénie est la dernière équipe à nous avoir battus, si je ne me trompe pas, et le Monténégro a une histoire conséquente aussi… Mais on doit passer ce premier tour. L’Euro est un vrai test, que l’on aimerait réussir cette fois (les Bleues n’ont jamais fait mieux qu’une troisième place dans cette compétition, NDLR). Je ne crois pas en la fatalité ».
« On sera l’équipe à abattre »
La France, auréolée de son dernier titre mondial acquis en Allemagne, sera attendue de pied ferme par les autres nations. Depuis cette deuxième étoile décrochée, le regard sur les Bleues a changé. « Ça accroît forcément les attentes placées en nous, il y aura plus de pression sur le résultat final, sur le spectacle proposé aussi. Là, on sera l’équipe à abattre, c’est logique, un peu à l’image de la pression qu’ont les champions du monde en foot », compare la meilleure ailière gauche de la dernière Ligue des champions avec Rostov-Don. Si la pression était plus forte, les récents succès tricolores devraient permettre à l’équipe de France d’être suivie massivement pendant la compétition. « Je veux de l’engouement, des salles pleines comme ça a déjà été le cas lors de nos deux dernières sorties, à Pau et Bayonne (en amicaux face au Brésil, en mars dernier, NDLR), demande Olivier Krumbholz. Nous, on regarde forcément au-delà du sportif, il faut que nous grandissions aussi en dehors. Sportivement, les équipes de France sont immenses déjà, mais on est intéressés aussi par l’évolution du positionnement du hand dans le sport français, au niveau de ses sponsors et de sa visibilité ». À trois mois du premier match entre la France et la Russie, l’engouement réclamé par le sélectionneur français semblait déjà au rendez-vous, puisque plus de 40 % des billets (66 000) avaient déjà été vendus début septembre. Les matches de l’équipe de France, eux, avaient déjà presque tous fait le plein. « Il reste à remplir pour les autres rencontres, conclut Sylvie Pascal-Lagarrigue. Car, dans ce genre de compétitions féminines, on a trop souvent eu des salles presque vides quand le pays hôte ne jouait pas… C’est notre défi, on va continuer à communiquer pour mobiliser toute la famille du handball ».
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Le programme de l’Euro 2018 :
Cinq villes accueilleront l’EHF Euro 2018, dont trois ayant reçu le Mondial masculin 2017 (Paris, Nantes, Brest), et deux le Mondial féminin 2007 (Paris, Nantes).
Tour préliminaire (du 29 novembre au 5 décembre) : Les seize équipes sont réparties en quatre groupes de quatre (un à Nancy, celui de l’équipe de France, un à Nantes, un à Brest, un à Montbéliard). Les trois premières équipes de chaque groupe accèdent au tour principal.
Tour principal (du 6 au 12 décembre) : Les douze équipes encore en lice sont réparties en deux groupes de six (un à Nantes avec la France si elle est qualifiée, un à Nancy). Les deux premières équipes de chaque groupe accèdent aux demi-finales, les troisièmes à un match de classement pour les places 5-6.
Phase finale (du 14 au 16 décembre) : Demi-finales, match pour la troisième place, finale, ainsi que le match pour la cinquième place. Ces cinq rencontres auront lieu à l’AccorHotels Arena de Paris.