À 31 et 29 ans, Matthieu Witvoet et Chloé Léger, cofondateurs de l’association Swim For Change, s’apprêtent à relever un défi hors norme : traverser l’Atlantique à la nage à partir du 1er novembre. Derrière l’exploit sportif, un projet éducatif ambitieux destiné à sensibiliser plus de 45 000 enfants aux enjeux liés à l’océan.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans ce défi ?
Avec Matthieu, on a fondé une association qui s’appelle Swim For Change en 2020. Cela fait maintenant cinq ans que nous relevons des défis à la nage pour parler d’écologie. Au début, tout est parti de la descente de la Seine. On voulait retracer le parcours d’un mégot de cigarette : on avait alors organisé une grande collecte à Paris et battu le record du monde du nombre de mégots ramassés.
Petit à petit, on a mieux compris les enjeux liés à l’eau et aux océans, et on a voulu aller plus loin. L’idée est venue, il y a presque deux ans, de sensibiliser les enfants à cette thématique. On s’est dit que c’était par eux qu’on pouvait avoir le plus d’impact. Alors, il nous fallait un défi qui dure trois mois, pour qu’ils puissent suivre toute l’aventure et apprendre autour de l’océan. C’est ainsi qu’est née l’idée de traverser l’Atlantique à la nage.
Et justement, comment les enfants sont-ils intégrés au projet ?
Dès le début, on s’est rapprochés de la Water Family, une association experte en contenus pédagogiques. Avec eux, nous avons conçu un kit pédagogique de 12 semaines, soit la durée de la traversée. Les enseignants s’inscrivent et reçoivent chaque semaine, à partir du 24 septembre, des contenus par mail : informations sur l’aventure, photos, vidéos, podcasts pour inspirer les élèves et il y a aussi une thématique hebdomadaire (pollution, transport, biodiversité, etc.).
Chaque thème est accompagné d’activités et de challenges à remplir. Les enseignants sont aussi guidés pour qu’ils puissent aborder les sujets avec les enfants, même s’ils n’ont pas les connaissances. C’est environ une heure par semaine. À la fin du projet, les enfants auront acquis une vraie compréhension des enjeux liés à l’océan.
Savez-vous combien de classes participent ?
Pour l’instant, plus de 45 000 enfants sont inscrits. Notre objectif était d’en atteindre 50 000 et nous espérons même grimper jusqu’à 70 000 avec la rentrée. Les élèves viennent de toute la France, mais aussi de quelques écoles françaises à l’étranger. C’est donc un projet francophone, qui concerne surtout des classes de CE2, CM1 et CM2.
Et vous, comment vous êtes-vous préparés à ce défi ?
La première étape a été de constituer une équipe autour de nous. Nous ne sommes pas des athlètes de haut niveau, même si nous avons toujours aimé la natation et l’endurance. Nous avons donc travaillé avec un coach pour la partie nage, un kiné-préparateur physique pour la musculation, un médecin et un nutritionniste.
On dit souvent qu’on ne peut jamais être totalement prêt physiquement pour ce genre de défi. L’idée est donc d’anticiper au maximum les blessures et d’optimiser la récupération. C’est un peu comme un Tour de France, mais dans l’eau : on nage six heures par jour, puis on doit récupérer pour repartir le lendemain. Nous avons donc beaucoup travaillé sur l’alimentation, le sommeil et la récupération.
Le départ est prévu fin septembre…
Oui, le départ est prévu de Marseille le 21 septembre. Il faudra environ un mois pour rejoindre le Cap-Vert. C’est de là que nous débuterons officiellement la traversée à la nage, le 1er novembre, jusqu’en Guadeloupe.
Comment vous sentez-vous à l’approche du départ ?
Plutôt bien. L’entraînement se passe bien et on encaisse les charges et les volumes d’entraînement : environ 10 km de nage par jour, soit environ trois heures quotidiennes. Le corps s’habitue. Côté logistique, au niveau de l’alimentation tout est prêt. Nous sommes soutenus par Biocoop et avons déjà préparé une tonne de nourriture pour la traversée. Tout est emballé et prêt à être livré sur le bateau.
Maintenant, il faut finaliser le contenu pédagogique, avec des vidéos et interviews d’experts pour les enfants, et continuer à mobiliser un maximum de professeurs. Ensuite, préparer le bateau : il doit être autonome en énergie et en eau, donc il reste encore quelques installations et bricolages à finaliser avant le départ.
Et pendant la traversée, comment ça va se passer ?
Nous serons six à bord du Papagayo (le bateau). Avec Matthieu, nous nous relayerons à la nage. Chaque jour, de 6h à 18h, nous ferons des relais de deux heures, soit trois relais chacun. Toujours accompagnés par un membre de l’équipage sur une annexe pour la sécurité. À bord, les quatre autres sont marins : un capitaine, une infirmière, une vidéaste et une autre skippeuse.
Qu’est-ce qui vous anime le plus dans cette aventure ?
Beaucoup de choses. Mais surtout le fait de pouvoir vivre notre passion du sport tout en restant alignés avec nos valeurs. J’ai fait beaucoup de triathlon, mais dans ces courses il y a énormément de déchets et de pollution. Ici, on contrôle tout : pas d’avion (on rentrera en bateau), une alimentation bio et zéro déchet, une crème solaire respectueuse de l’eau… Chaque détail est réfléchi pour limiter notre impact.
Et puis transmettre ce message aux enfants, ça nous motive énormément.
Quel message souhaitez-vous faire passer ?
Notre message, c’est : mettre l’océan dans les écoles. L’océan est au cœur des enjeux écologiques et c’est important de l’aborder à l’école. Nous voulons que ce projet ne soit pas qu’un événement ponctuel. Le contenu pédagogique est intemporel, réutilisable, et nous espérons qu’il s’inscrira durablement dans les parcours scolaires.
Les enseignants peuvent encore rejoindre l’aventure : les inscriptions se font directement sur le site de Swim For Change, cliquez ici.