À seulement 19 ans, Étienne Tynevez est l’un des plus grands espoirs du hockey sur gazon tricolore. International, alors qu’il n’est majeur que depuis quelques mois, le jeune nordiste ne compte pas s’arrêter là…
Il fait partie de la caste très privilégiée des diamants bruts, des talentueux. Étienne Tynevez n’a beau avoir que 19 ans, il a déjà inscrit son nom dans le paysage du hockey sur gazon tricolore. Cette passion qu’il nourrit depuis plus d’une dizaine d’années, et qui en fait aujourd’hui l’un des joueurs français les plus prometteurs de sa génération, tient son origine d’un héritage familial et local bien présent, mais également d’un pied droit capricieux. « Le hockey, c’est un sport assez répandu dans la région, ma sœur en faisait à l’UNSS. Moi, je faisais du football et, comme je n’étais pas très bon, mon père m’a dit : on n’a pas d’autres choix, on va te mettre au hockey », plaisante aujourd’hui le jeune nordiste, originaire de la petite commune de Lambersart, dans les Hauts-de-France. « Je crois que dans ma ville, il y a plus de hockeyeurs que de footballeurs. Ça doit être la seule ville de France d’ailleurs » enchaîne, non son humour, le jeune international tricolore. Dans ces conditions, difficile d’échapper à l’appel des crosses. Sa passion était née, son destin sportif enclenché. « J’ai eu la chance que ma croissance suive. Très rapidement, j’ai pu jouer avec des gens qui avaient deux ans de plus que moi, sans que cela me gêne. Et, à partir de douze ans, je n’ai joué qu’avec des joueurs plus âgés. À seize ans, j’étais déjà avec les adultes, j’ai même fait mon premier match à quinze ans ».
Une précocité impressionnante…
Surclassé seulement cinq années après ses débuts, Étienne étonne et détonne. Une précocité qui n’allait pas l’effrayer, bien au contraire. « Je me disais : tu es jeune, tu t’en fous, amuse-toi. J’ai toujours envie d’aller plus haut, d’aller plus loin. Chaque fois que je passe une étape, je veux en passer une autre », explique le jeune hockeyeur, dont l’ambition est certaine et assumée, même s’il reconnaît qu’il doit encore « gagner en expérience et progresser dans certains domaines ». Des objectifs élevés pour celui qui rêve d’entrer dans le cercle fermé des meilleurs joueurs du monde. Preuve d’un caractère déjà bien trempé, indispensable aux grands champions. « Je m’entraîne pour ça. Après, je ne me dis pas que je serai le meilleur. C’est inutile. Demain, je peux très bien me faire les croisés à l’entraînement. Il faut être prudent ». Prudent, Étienne Tynevez l’est également en dehors de la sphère sportive. S’il admet que le plus difficile à gérer dans sa jeune carrière ce sont « les études », le joueur arrivé l’été dernier à la Gantoise a pleinement conscience de l’importance de la reconversion dans une carrière. « J’ai eu mon baccalauréat en septembre, je fais un BTS MUC (Management des Unités Commerciales) à l’INSEP. Comme je ne sais pas trop ce que je veux faire plus tard, j’ai privilégié une formation assez large ».
« C’est important de changer de cadre »
Un enjeu d’autant plus important que le hockey sur gazon ne permet pas, dans l’immense majorité des cas, de tenir ad vitam æternam sur la seule source de revenus sportifs. « Sur le moment, on peut en vivre, mais il faut quand même préparer l’avenir. Même les plus grands joueurs font des études, sauf éventuellement les très grandes stars de la discipline ». Mais, avant d’atteindre, peut-être un jour, ce statut d’icône du hockey sur gazon, Étienne Tynevez a parfaitement conscience du long chemin qu’il lui reste à parcourir. Un parcours semé de difficultés et de sacrifices, notamment pour un jeune garçon de 19 ans dont les envies peuvent être très éloignées de la seule sphère sportive. « C’est un peu difficile, mais j’arrive à garder du temps pour mes amis. C’est important de changer de cadre, de ne pas penser tout le temps au hockey. Après, pour une copine, avec tous les déplacements que je fais, ce sera un peu compliqué », sourit l’attaquant d’1m80, pour qui ces moments de décontraction et de distance sur son quotidien sont essentiels.
Paris 2024 en ligne de mire…
Dans quelques mois, en décembre, le jeune joueur de 19 ans disputera la Coupe du monde avec l’équipe de France. Un rendez-vous qu’il compte bien négocier avec ambition, même si le gros objectif de sa carrière est ailleurs. « Paris 2024, on m’en parle souvent. On est la génération 2024. J’aurai 25 ans à ce moment-là, ce qui correspond au meilleur âge dans la discipline. J’y pense, bien évidemment, je suis pressé. Mais je pense d’abord à Tokyo, on oublie trop souvent cette olympiade », explique Étienne. Avant de conclure, des rêves plein la tête. « Faire les JO chez soi, devant son public, il ne doit y avoir rien de plus beau. Au niveau des émotions, ça doit être énorme. C’est la compétition que rêvent de disputer tous les hockeyeurs ». En 2024, lorsque la France accueillera les Jeux olympiques, Étienne Tynevez sera dans la fleur de l’âge. À 25 ans, le jeune sportif de Lambersart pourra alors rêver d’accompagner les Bleus vers une victoire historique. Et peut-être se rapprocher des meilleurs joueurs du monde…
Par Bérenger Tournier