À l’approche de l’autonomisation complète du MMA en 2026, Lionel Brezephin, adjoint du DTN en charge du MMA, revient sur la structuration de la discipline depuis 2020 au sein de la Fédération Française de Boxe. Entre sécurisation de la pratique, montée en charge progressive, modèle économique hybride et transition vers la future Fédération Française de MMA, il détaille les enjeux et les perspectives d’une discipline désormais pleinement reconnue.
Depuis 2020, la FFBOX encadre le MMA. Quels ont été selon vous les chantiers les plus déterminants dans cette phase de structuration ?
Ça a été déjà la sécurisation de la pratique, avec la mise en place d’un code sportif avec les règles techniques et de sécurité pour la discipline. Et ensuite on a aussi proposé la codification technique avec la mise en place des grades techniques qui permet d’évaluer le niveau des pratiquants.
Aujourd’hui, quel progrès concret observez-vous sur le terrain ?
Ça a été progressif, donc on est parti de zéro. On n’observe rien de particulier, si ce n’est une montée en charge du dispositif avec de plus en plus d’acteurs présents, mais pas forcément de transformation de pratiques. C’est plus une adhésion de plus en plus importante sur le dispositif.
Comment la reconnaissance institutionnelle du MMA a-t-elle évolué ces dernières années ?
Dès lors que le MMA a été reconnu par le ministère des Sports, pour nous c’était la plus grosse partie du travail et on n’a pas eu forcément de réticence des institutions, ni même des municipalités ou encore des directions régionales des sports ou des autres organes. Et c’est cette « légalisation » qui a été très vite acceptée et pleinement acceptée.
À l’international, le MMA garde une image de « cash machine ». Qu’est-ce qui différencie le modèle français ?
Le modèle économique du MMA perdure également en France. Nous, on a une organisation du sport qui est un petit peu différente, mais il reste un des rares sports sur le territoire qui soit en ligue fermée. Donc ça veut dire que les championnats sont tenus par des opérateurs privés. La fédération a mis en place un championnat amateur qui est tenu par la fédération. Par contre, les championnats professionnels, avec les sommes qu’ils nécessitent, sont tenus par des organisateurs privés. Donc l’ambition du projet, ça a été d’intégrer un modèle économique anglo-saxon de ligue fermée dans justement notre environnement sportif.
Qu’est-ce que l’autonomie du MMA changera pour vous ?
Concrètement, les équipes restent les mêmes. Le MMA est autofinancé au sein de la Fédération Française de Boxe depuis 2020, donc il y aura très peu de répercussions opérationnelles avec cette autonomie.
En tirez-vous malgré tout des bénéfices spécifiques ?
C’est toujours intéressant de passer de discipline associée à discipline de plein exercice. Donc ça, ça reste une avancée. Ça peut simplifier aussi nos relations, avec notamment peut-être l’Agence nationale du sport, pour lesquelles ça fera un interlocuteur plutôt qu’un interlocuteur au sein de la Fédération de boxe. Ça peut aussi changer le regard des institutions sur notre activité, peut-être ouvrir aussi à une facilité d’accès sur les subventions sur le développement, puisque aujourd’hui on a assez peu de subventions du fait qu’on soit justement au sein d’une fédération. Donc ça a des avantages, mais ça peut aussi proposer des limites et donc là je pense que ça va ouvrir un peu plus d’opportunités de partenariats.
Comment se prépare la transition vers la future Fédération Française de MMA ?
Alors là, on est FMMAF. On deviendra Fédération Française de MMA, donc on deviendra FFMMA. L’idée c’est d’avoir une feuille de route jusqu’en septembre. Et donc, ça, c’est la période dans laquelle on est, pour pouvoir justement anticiper qu’on n’ait pas de rupture de service, entre la partie actuelle où nous sommes encore avec la fédération de boxe et justement la partie à venir où il faudra avoir justement séparé les deux entités. Donc là, c’est une phase de transition et de préparation pour septembre.
Quelles perspectives pour l’après-autonomie ?
Pour l’instant, la majeure partie des objets sont créés : la gradation technique en 2020, le MMA éducatif, le circuit amateur qui fonctionne bien, la représentation à l’étranger, on est revenu avec 7 médailles des championnats du monde et deux champions du monde, il y a quelques mois en Géorgie. La reconnaissance du sportif de haut niveau a été faite. On procède là actuellement aux premières mises en liste pour des athlètes sportifs de haut niveau en MMA. Et pour nous, une grosse partie des outils ont été déployés et c’est aussi pour ça qu’aujourd’hui on peut basculer vers ce mode autonome. L’idée maintenant c’est d’étoffer le dispositif en ramenant un maximum de clubs et d’adhérents.
Comment comptez-vous attirer davantage de clubs et de pratiquants ?
On va continuer le développement de ce qu’on pourrait appeler une offre de service, c’est-à-dire proposer des éléments aux pratiquants de MMA et leur proposer déjà d’évoluer dans un cadre qui soit sécurisé, avec des enseignants qui soient formés, quel que soit justement l’âge et le niveau de pratique. On va continuer d’accompagner, aller vers la professionnalisation, aussi bien des amateurs qui basculeront vers le pro que des encadrants, aussi bien les officiels, les arbitres, les juges, mais aussi les entraîneurs, et puis continuer comme ça à encadrer au mieux l’activité.
Comment voyez-vous l’évolution du haut niveau dans les prochaines années ?
On participe aux championnats du monde sous la bannière FMMAF depuis 2021. Et donc je pense qu’on a dû ramener entre 15 et 20 médailles depuis 2021. Pour nous, ce n’est pas une bascule tant sur le niveau de la performance. Par contre, ce qui est intéressant, c’est que ça va pouvoir faciliter l’entraînement de ces athlètes qui aujourd’hui mènent un double projet, qu’il soit professionnel et sportif ou alors éducatif et sportif. Donc ça va nous permettre d’avoir des aménagements spécifiques et des dispositifs particuliers comme les conventions d’insertion professionnelle, comme justement aussi le vrai double projet, tel qu’il est entendu dans le haut niveau. Et donc, ça va probablement nous permettre d’avoir des athlètes qui seront encore mieux préparés et encore plus disponibles pour ce type d’épreuve.
Quel message souhaitez-vous adresser aux clubs et aux jeunes qui souhaitent se lancer ?
Nous, on recommande bien sûr de s’orienter vers des structures qui sont affiliées et d’évoluer avec des encadrants eux-mêmes diplômés. Et comme ça, de pouvoir avoir l’opportunité de passer leur grade technique et puis, s’ils le souhaitent, d’évoluer sur le parcours compétitif amateur, qui est une très belle introduction pour ceux qui souhaitent s’essayer à la compétition.






















