Président de la Ligue Corse de Rugby, Dominique Marcellesi se confie sur les nombreux projets et actions mis en place au service du développement de la discipline sur l’Ile de Beauté.
Quelle est la dynamique du rugby corse en cette rentrée sportive ?
La dynamique est bonne, la pratique du rugby grandit en Corse. On a un début de saison des écoles de rugby qui est plein de bons signaux avec de nouvelles antennes qui viennent d’ouvrir, notamment à Bonifacio, un territoire où le rugby corse a écrit de belles pages de son histoire. On est très heureux de voir des antennes se réouvrir dans ces territoires.
Concernant la dynamique de licenciés, on attend une croissance à un chiffre, voire peut-être à deux chiffres. On oriente le développement vers les écoles de rugby, les clubs et vers la formation avec des ressources techniques supplémentaires puisqu’on a deux nouveaux conseillers techniques qui permettent un meilleur maillage du territoire et une présence au plus près des terrains renforcée.
En cette rentrée, on axe également notre action sur la sécurité. On va lancer un plan « 1 licencié, 1 protège-dents ». La Ligue Corse va financer, pour l’ensemble des licenciés des écoles de rugby, un protège-dents. On est d’ailleurs en train d’explorer la possibilité de le rendre obligatoire sur nos plateaux. C’est une réduction de 30 à 40 % du risque de commotion cérébrale, donc c’est un outil qui est absolument fondamental dans la pratique du rugby et qui doit être rendu obligatoire, notamment pour les plus petits.
En revanche, il y a un sujet qui nous préoccupe toujours, c’est celui du financement. Nous sommes dans une période de raréfaction du financement public et de tensions budgétaires généralisées est toujours un peu inquiétant. Mais on continue de se battre pour préserver les acquis et améliorer les conditions de la pratique de notre sport.
« La Ligue Sud est un peu la grande sœur de la Ligue Corse »
Cette rentrée est également marquée par le renforcement des liens avec la Ligue Sud de rugby, comment s’est fait ce rapprochement ?
On a eu cette aspiration commune au lendemain des élections de l’année dernière. Il y a eu une volonté forte de renouer un contact qui s’était perdu entre les deux Ligues. À la faveur de nouveaux visages, on a pu renouer de super contacts. Pour une petite Ligue comme la nôtre, pouvoir s’appuyer sur une Ligue qui a autant de licenciés, autant de ressources techniques, autant de salariés, c’est énorme. À titre d’exemple, on a exploré la possibilité d’approfondir tout un tas de collaborations sur le sportif, notamment chez les jeunes, la possibilité d’intégrer certaines équipes de sélection pour nos jeunes, d’être un peu plus flexibles sur les académies régionales et les processus de sélection, En dehors du terrain, la Ligue Sud nous convie à participer à des webinaires et des formations. C’est un peu la grande sœur de la Ligue Corse et nous en sommes très heureux.
Vous parliez du financement, quelles sont les solutions envisagées par la Ligue Corse pour financer les différents projets et actions ?
Pour cette saison, ça tient. On a une équation qui tient tant bien que mal. Cette équation comporte des variables en croissance, à savoir le nombre d’équipes engagées et le prix des déplacements, notamment du fait des taxes aéroportuaires qui augmentent considérablement chaque année. Les dépenses augmentent, tandis que les sources de financement restent stables, donc ça créé un stress plutôt logique. Les charges reposent de plus en plus sur le dos des clubs, un club de Régionale 2 doit boucler un budget de quasiment 500 000 euros, ce qui est colossal à ce niveau-là. Je pense à Bastia, il y a peu de clubs de Régionale 2 en France qui ont des impératifs budgétaires aussi importants.
Attirer le privé, c’est évidemment une source de financement potentielle et un champ à explorer pour continuer à déployer nos programmes de formation. En cas de défaillance d’un partenaire public, il va falloir que l’on soit capable de diversifier nos sources de financement pour être capable de répondre présent en cas de coup dur.
« On a déployé un programme qu’on a appelé Les Espoirs du rugby corse »
En termes de haut niveau, quelles sont les ambitions du rugby corse cette saison ?
On a des clubs qui ont affiché leurs ambitions, mais qui sont encore dans les phases préliminaires de leur développement. Calvi et Bastia sont respectivement en Régionale 1 et Régionale 2 et se veulent ambitieux. Le club de Calvi a notamment annoncé vouloir monter chaque année jusqu’à atteindre la Fédérale 1. Bastia, de son côté, à un plan pour accéder à la Fédérale 3 en cinq ans. Il y a deux rythmes, deux manières différentes de voir les choses, mais une même réalité : ces plans n’en sont qu’au début, on verra comment ça évolue avec le temps.
La question du haut niveau, on l’aborde de manière très concrète avec les gamins des écoles de rugby. On a déployé un programme qu’on a appelé « Les Espoirs du rugby corse », qui fait écho à ce qui a été mis en place à Mayotte pour les jeunes talents mahorais. L’idée est de positionner la Ligue Corse comme un interlocuteur crédible auprès de nos jeunes joueurs, leur montrer qu’on les accompagne, on leur propose du contenu, du travail pour déployer leurs capacités psychomotrices, des sensibilisations à la nutrition, la préparation physique, la préparation mentale, etc. On devient aussi un acteur crédible auprès des parents. Souvent, les parents ont besoin de sentir que leurs jeunes sont suivis. Et puis, auprès des clubs professionnels, on a un dialogue facilité, puisque beaucoup ont des vues sur nos jeunes talents. On peut les aider, les aiguiller, c’est très positif.
Concernant les événements, qu’est-ce qui attend le rugby corse cette saison ?
On est en train de travailler à l’organisation d’un tournoi assez ambitieux de rugby à 7. C’est un tournoi international qui aurait lieu au début du mois de mai en Corse du Sud, à Porto-Vecchio. Douze nations seraient invitées avec leurs équipes masculines et féminines pour venir concourir sur un tournoi format olympique. On a déjà pas mal de marques d’intérêt d’équipes des tiers 1, 2 et 3 européens. L’idée est de créer un bel événement de rugby festif et inclusif. Nous avons donc hâte que ce projet puisse se concrétiser. D’autant qu’on aimerait en faire la ligne de mire du projet de développement de la Squadra Corse à 7, on aimerait que notre équipe corse défie des sélections nationales, ce serait une image magnifique à renvoyer et un pouvoir de rayonnement qui sera considérable.