Elles sont adolescentes, mères de famille, étudiantes ou retraitées. Dans les squares, les city-stades, les terrains de sport et les jardins publics, on les voit boxer, courir, danser, jouer au foot ou s’initier au tchoukball. Grâce au dispositif « Paris Sportives », lancé par la Ville de Paris en janvier dernier, les Parisiennes investissent l’espace public autrement : par le sport, entre elles, et surtout, en toute confiance.
Pour briser ce stéréotype, la mairie de Paris a décidé de prendre les devants. Depuis le 1er janvier 2025, le programme « Paris Sportives » propose des séances gratuites de sport encadrées par des associations, exclusivement réservées aux femmes et adolescentes. L’objectif est clair : permettre à toutes les Parisiennes, quel que soient leur âge ou leur condition physique, de pratiquer une activité régulière et de se réapproprier l’espace urbain.
Le constat est connu, documenté, mais reste tenace : dans les équipements sportifs de plein air, les femmes sont largement sous-représentées. Trop souvent, les terrains de sport urbains sont monopolisés par des hommes, en majorité jeunes, laissant peu de place aux femmes qui redoutent le regard, la moquerie, ou tout simplement la gêne d’évoluer dans un espace qui ne semble pas leur appartenir.
Football, danse, boxe, yoga… et sororité
Encadrées par 42 clubs et associations répartis dans tous les arrondissements, les séances sont variées : zumba, yoga, boxe anglaise, course à pied, basket-ball, danse urbaine, tai-chi, karaté, marche active, vélo, et même sports collectifs méconnus comme le tchoukball. Le tout dans les parcs, les squares et les équipements sportifs municipaux.
Une ambition post-JO assumée
Dans le sillage des Jeux Olympiques de Paris 2024, la Ville s’est fixé une feuille de route claire : utiliser l’élan sportif pour transformer la vie quotidienne. « Paris Sportives » s’inscrit dans cette logique d’héritage social et sportif, avec une ambition forte : faire du sport un levier d’émancipation, notamment pour les femmes.
L’enjeu est aussi politique et symbolique. Alors que 53 % des Parisien·nes sont des femmes, les inégalités dans l’accès au sport persistent. Le dispositif vise ainsi à gommer les barrières culturelles, sociales, psychologiques et économiques qui freinent encore trop souvent la pratique féminine.
Pour participer, rien de plus simple : les inscriptions se font directement auprès des associations partenaires, et toutes les activités sont gratuites. Le programme s’étend jusqu’au 1er janvier 2026, avec l’ambition de devenir pérenne si le succès est au rendez-vous.
À mi-parcours, les retours sont déjà très positifs. De nombreux ateliers affichent complet, et plusieurs participantes disent vouloir continuer à pratiquer une activité physique au-delà du programme. Certaines envisagent même de devenir bénévoles ou encadrantes à leur tour.
Romane Legros