Ce Lyonnais de 30 ans, coach sportif et préparateur physique, s’est lancé début 2025 le défi incroyable de participer à deux triathlons extrêmes sur une distance XXL – 3,8 km de natation, 188 km de vélo et 42,2 km de course à pied – (et de les terminer !) : le Frenchman, en mai à Carcans Maubuisson (Gironde) et l’Embrunman en août à Embrun (Hautes-Alpes), plus le triathlon XL (1,9, 90 et 21 km) de Gérardmer (Vosges), en septembre. Tout cela en partant presque de zéro puisqu’il n’avait jamais pratiqué sérieusement la natation ou le cyclisme ! Son défi sportif s’est accompagné d’un défi entrepreneurial : monter une boîte de production pour filmer les coulisses de sa préparation et de ses exploits. Le documentaire Le courage d’oser a été projeté vendredi dernier à Lyon.
Pourquoi avoir organisé cette avant-première à Lyon ?
Je suis sur Lyon depuis l’âge de mes 14 ans, j’ai vécu dans les Monts d’or et maintenant j’habite à Limonest. Tout mon entraînement s’est passé en Rhône-Alpes, notamment ma préparation en piscine, qui était très importante pour l’équipe, à Caluire-et-Cuire. C’est une des seules piscines de la région lyonnaise qui a accepté que l’on puisse filmer. Mixer ce projet aussi bien sportif que cinématographique a été un challenge de tous les jours. On est très contents d’avoir pu porter ce documentaire à l’écran et de rassembler une salle pleine pour la projection.
Quand avez-vous décidé, en plus du défi sportif, de vous lancer dans le défi cinématographique ?
Dès le début en fait ! Je prends la décision de préparer le Frenchman quand mon oncle Bruno, qui a toujours été un modèle pour moi, m’apprend qu’il va le courir pour la dernière fois avant de raccrocher. J’ai parlé de ce projet sportif et beaucoup de mes amis m’ont dit : « À chaque fois que tu te lances dans ce genre de défi, qui peut avoir du sens pour les autres, tu ne le documentes pas. Derrière, il n’y a pas de trace, ni de message qui est transmis et ça s’arrête quand c’est fini. C’est dommage. »
C’est comme ça que j’ai décidé de montrer l’inside de toute la préparation et du défi. On voulait faire quelque chose d’authentique, en montrant tous les à-côtés, les moments d’angoisse, de doutes, les moments plus drôles aussi sur mon alimentation ou sur le fait de devoir laver mon linge. Oui, se lancer dans ce genre de défi, c’est dur et je voulais vraiment tout montrer et tout documenter. Et c’est là que j’ai appelé Olivier (NDLR : Balaguier-Mussat son ami qui a réalisé le documentaire), avec le projet de faire plusieurs épisodes sur YouTube de temps en temps. On commence à tourner et au bout d’un mois on est ciblé par des gens qui voient sur mes réseaux sociaux ce que je suis en train de faire. Je suis contacté par des plateformes de streaming, par des sponsors.
On me suggère de faire un film. Là, je dis à Olivier, « viens, on fait un film. On ose faire un film ! » Une fois qu’il a accepté, je lui ai dit : « maintenant, on va le projeter au cinéma ! ». Cela implique le téléchargement dans un format spécifique, sauf qu’on a eu quelques bugs. Deux jours, Olivier y était encore. Donc c’était du gros stress.
Il n’y aura pas d’autres projections par manque de finances. Mais on est en train de discuter avec des plateformes de streaming pour le diffuser. Notamment peut-être sur Uptrack, une plateforme de streaming spécialisée dans les sports outdoor et d’aventure, et peut-être sur Amazon, on est en discussion en ce moment.
Il y a aussi un projet associatif, racontez-nous.
En même temps que le lancement du projet, nous avons créé une association. Elle s’appelle Challengers et a pour but d’accompagner les jeunes sportifs dans la réalisation de leurs projets sportifs et personnels : on va en emmener quelques-uns sur le Frenchman, puis sur le Marathon du Mont Blanc. On veut des jeunes qui osent et qui se challengent et le S dans Challengers, c’est pour mettre en avant la notion de « tous ensemble ». On va beaucoup aller dans les collèges pour présenter l’association, faire des conférences dans des entreprises, diffuser le film dans des associations comme le Rotary club.
Challengers s’inscrit dans la même lignée de mon activité de coach que j’ai reprise à temps plein accompagner les athlètes à réaliser leur projet, principalement sur Lyon mais aussi partout en France et ailleurs (Belgique, Suisse). Dans le sport d’endurance de manière générale, trail, triathlon ou encore ski alpinisme : un de mes jeunes a participé le week-end dernier aux championnats de France à Méribel.
Plusieurs de mes athlètes étaient présents à la projection, dont Nadège qui intervient dans le documentaire et qui sera l’héroïne de notre prochain film, un court métrage sur les femmes dans le sport, qui sortira en été 2026.
Quel en sera le sujet ?
L’idée, c’est de mettre en avant les femmes, surtout entre 40 et 50 ans, et de montrer qu’elles ont une notion de résilience et de gestion de la douleur bien plus importante que les hommes sur les efforts d’ultra endurance. On l’a filmée en novembre en Chartreuse sur la Backyard ultra (une course par élimination qui consiste à s’élancer sur un parcours de 6,7 km toutes les heures, en commençant chaque nouvelle boucle à l’heure précise. Les coureurs doivent terminer chaque boucle dans l’heure pour continuer, le temps qu’il reste entre chaque boucle sert à se reposer. La compétition se poursuit jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un seul coureur capable de finir la boucle dans le temps imparti). Nadège a tenu 20 heures (NDLR : l’édition a été remportée pour la première fois par une femme, Sonia Poutrel, en 38 tours, soit 254,8 km).
Cette épreuve s’appelle aussi Le dernier homme debout. Du coup, le film s’appellera justement La dernière femme debout.
Quelles sont vos perspectives à vous ? Vous allez continuer des défis ?
Je vais continuer le triathlon. Je ne referai pas l’Embrunman, ça, c’est bon, j’ai eu ma dose (rires). Mais je vais refaire le Frenchman avec l’objectif d’améliorer mon chrono de 10h40. Ma petite ambition sera, avec plus d’expérience et plus de mois d’entraînement, d’aller chercher les 9 heures. Gagner 1h40, c’est énorme.
J’ai aussi prévu de réaliser la grande traversée des Pyrénées en trail sur presque 1 200 km. L’idée, ce serait de le faire en 20-25 jours, en autonomie complète, sans être filmé. Mais 90 % des projets sportifs que je vais avoir en 2026 c’est en collectif. On m’a beaucoup donné en 2025 ; en 2026, je voudrais rendre un peu aux autres.
Quel montant avez-vous investi pour ce projet Le courage d’oser ?
L’ensemble du projet a coûté entre 80 et 90 000 €. Je l’ai autofinancé à plus de 50 % et le reste, ce sont des sponsors qui nous aidés. Je le dis dans le film à un moment, j’ai passé beaucoup de temps à rechercher des partenaires : plus de 2 000 mails envoyés, je crois, pour quatre réponses reçues. J’en parlais avec Louis Richard, le double vainqueur de l’Embrunman, qui était avec nous à la projection, trouver des sponsors, c’est la galère aujourd’hui, même pour un athlète de haut niveau.
Que vous êtes aussi aujourd’hui ?
Non, je suis pas du tout athlète de haut niveau et je ne me considère pas encore du tout comme triathlète. Je suis un aventurier. J’aime bien toucher à tout, découvrir, apprendre dans le challenge : oser, pour moi c’est ça. J’ai fait du triathlon parce qu’il y avait mon oncle, sinon très honnêtement je ne l’aurais pas fait. Le champion du monde de foot frestyle (Ilian Némoz, en catégorie moins de 16 ans) est venu aussi à la projection. En janvier, on va se revoir, il va m’apprendre à jongler.
Vous parlez d’année 2026 plus tranquille, avez-vous un objectif un peu plus fou ?
Oui, j’ai un gros projet sportif que je garde en off pour l’instant parce que ça n’a jamais été réalisé en France. Et au-delà du côté sportif, il y aurait un vrai projet humain derrière ça. Il a besoin encore d’être construit, maturé, l’association n’en est qu’à ses prémices et je ne suis pas encore prêt personnellement à me lancer : chaque chose en son temps !
Propos recueillis par Sylvain Lartaud




























