Le concept de cet événement en a fait la renommée et son succès grandissant depuis bientôt 10 ans : avec plusieurs courses dont un Xtrem au format Ironman (3,8 km de natation, 180 km de vélo et 42 km de course à pied) et un Half (2, 100 et 16), l’Alpsman se déroule ces 7 et 8 juin dans et autour du lac d’Annecy. L’organisateur Ludovic Valentin, qui l’a créé sur le modèle du Norsman en Norvège, nous explique pourquoi ce concept plaît.
Comment se présente cette 9e édition de l’Alpsman ?
Plutôt bien avec de belles prévisions météo, un beau plateau de participants et à nouveau pas mal d’émotions en perspective. C’est drôle, nous en sommes exactement à 2025 participants inscrits. Il y aura un peu moins de partants parce qu’il y a toujours des annulations de dernière minute à cause de blessures par exemple. Sur l’Xtrem, on recense un peu plus de 600 triathlètes au départ, 750 sur le Half, 150 filles et 600 hommes. Les enfants, pour l’Alpskid, sont entre 120 et 140 et on va sans doute arriver à 150. Enfin, l’Xperience réunit 650 concurrents au départ le dimanche.
Comment avez-vous géré les inscriptions cette année ?
Nous avons décidé d’innover en procédant à un tirage au sort pour le Half et pour l’Xtrem. On voulait donner de l’équité à tout le monde et permettre aux candidats d’avoir une chance supplémentaire de participer : l’an dernier, il y avait 2 500 personnes connectées à l’ouverture des inscriptions et tout est parti en 10 minutes. Cette année, 3 000 personnes avaient candidaté pour ce tirage au sort, sachant que nous avions gardé des places pour les élites.
Comment vous expliquez ce succès ?
C’est dû à la beauté de l’épreuve, et puis à l’engouement pour le triathlon, il ne faut pas se le cacher : toutes les épreuves de triathlon aujourd’hui font le plein. Idem en trail et en vélo enfin et de manière générale pour toutes les courses outdoor. On constate un boom du sport nature qui, en plus chez nous, est un peu plus exacerbé par le lieu, l’ADN de l’épreuve et la variété de ce que l’on propose entre le Half et l’Xtrem.
Vous évoquez l’ADN de l’épreuve, parlez-nous du concept.
Pour l’Xtrem, on emmène les athlètes en bateau au milieu du lac alors qu’il fait encore nuit. On est sur les hauts fonds, ça fait drôle d’avoir pied au milieu d’un lac. On part à 5h30 pour 3,8 km de natation et revenir à Saint-Jorioz. Les athlètes enchaînent un parcours vélo de 180 km et 4 300 m de dénivelé positif puis une partie course à pied sur laquelle il y a trois boucles le long du lac, pour arriver au 21e km et la fameuse cloche. C’est le tournant de l’épreuve au bout de 12h de course : à 17h30, on ferme le tournant, tous ceux qui passent avant ont le droit de sonner la cloche et d’aller au sommet du Semnoz (16 km de montée pour 1 300 m de dénivelé positif) : ce sont les top finishers. En revanche, ceux qui passent après, c’est terminé pour le sommet, ils font deux boucles de plus au bord du lac pour terminer en lake finishers. Ces deux arrivées à deux endroits distincts représentent quelque chose de fort : les 650 participants veulent tous aller au sommet du Semnoz (1 699 m).
Combien y parviennent-ils ?
Près de 30 % des partants abandonnent, cela dépend souvent de la météo : s’il fait très chaud, il va y avoir beaucoup de déshydratation et d’abandon en vélo. Après, parmi les finishers, à peu près 40 % y arrivent. Ce qui veut dire que 60 % restent en bas et sont déçus de ne pas pouvoir accéder à la cloche. Du coup, ils espèrent revenir l’année d’après pour tenter d’aller sonner cette cloche.
Cela doit procurer d’énormes émotions, pas vraiment les mêmes, que l’on soit top finisher ou lake finisher ?
Complètement, pour les premiers, on voit que passer ce tournant est l’aboutissement de leur journée : une fois qu’ils ont sonné, certains vont marcher jusqu’en haut ; pour eux c’est limite une ligne d’arrivée. À partir de là, il ne peut plus rien se passer : ils montent et, quoi qu’il en soit, ils arriveront en haut. Sonner cette cloche fait partie d’un énorme objectif durant l’épreuve et pour ceux qui ne la sonnent pas on voit une énorme perte de motivation, certains abandonnent juste après d’ailleurs, les autres ont d’abord une nette baisse de moral, puis parviennent à se rebooster en se disant qu’ils vont quand même finir un Ironman.
Qu’est-ce qui vous a poussé à organiser cet événement il y a presque 10 ans ?
C’est le fait d’être pratiquant de triathlon, de disputer des Xtrem et de rêver depuis de nombreuses années de participer au Norseman (NDLR : Ironman considéré comme le plus dur au monde, il se déroule chaque année début août à Eidfjord en Norvège) dont on s’est beaucoup inspiré pour l’Alpsman. En habitant au bord du lac d’Annecy, je me suis dit : « j’en fais partout ailleurs, pourquoi ne pas en organiser un chez nous ? ». On bénéficie quand même d’un cadre exceptionnel et on l’a vu tout de suite : cet événement a tout de suite marché parce que ça fait rêver ! Ce matin encore, je courais au bord du lac, c’est splendide et c’est quelque chose d’assez génial.
Avez-vous réussi à participer au Norseman ?
Non malheureusement, j’ai longtemps tenté mais je n’ai jamais été pris au tirage. Cette année, je vais faire le triathlon extrême des Lofoten le 15 août. C’est un peu le même que le Norseman mais plus au nord en Norvège. Quant à participer à l’Alpsman, c’est compliqué en tant qu’organisateur ! Bon, on rêve à travers les athlètes, on voit les joies, les sourires de tous ces participants donc c’est vrai que ça donne envie d’être avec eux carrément. Surtout quand on est sur le bateau au petit matin et qu’on les voit sauter à l’eau : on a envie de sauter à l’eau aussi.
Quel regard portez-vous sur le plateau de cette année ? Un défi intéressant s’annonce pour l’un des grands favoris de cette édition.
Oui pour Thomas Lemaitre, licencié au club de triathlon de Saint-Raphaël, qui revient pour remettre en jeu son titre et qui va tenter de remporter l’épreuve pour la 5e fois (après 2019, 2022, 2023 et 2024). C’est fort comme défi. Face à lui, il y aura un peu de concurrence avec François Reding qui a gagné trois fois le Half (2021, 2022 et 2023) et qui revient sur l’Xtrem cette année après avoir fini 6e l’an dernier, et Théo Debard qui, l’an dernier, était en tête sur toute la partie vélo et jusqu’à la moitié de la course à pied avant d’abandonner. Donc je pense qu’il a une revanche aussi à prendre. Pour Thomas, ce ne sera pas facile d’aller encore gagner au sommet mais il a l’expérience de l’événement, il connaît la course par cœur et il est toujours très fort sur cette montée au Semnoz : il a battu le record en 11h03’59. L’année dernière, il était deuxième à la cloche avec un quart d’heure de retard, il est arrivé au sommet avec près de 6 minutes d’avance : c’est dans la montée qu’il est allé battre ce record du chrono.
Et chez les femmes ?
Et chez les filles, la victoire pourrait se jouer entre Élodie Davy, triple vainqueur de l’épreuve qui ne sait pas encore si elle participe, et la Suissesse Karen Schultheiss qui a gagné l’Xtrem l’an dernier en 12h47’28 après s’être adjugée le Half l’édition précédente.
Comment l’Alpsman se positionne en termes de prix ?
Pour l’Xtrem, l’inscription est à 400 €. Et le Half, c’est 200 €. On est dans la fourchette basse des Ironman. Notre objectif, c’est de rester correct en termes de prix et de ne pas s’emballer pour ne pas devenir une épreuve inaccessible. Le budget de l’événement se situe cette année à 450 000 €. »
Propos recueillis par Sylvain Lartaud