À l’occasion de trois nouvelles représentations, les 3,10 et 17 décembre, à 19h30, au Grand Point Virgule, le metteur en scène et co-auteur Alexis Chevalier revient sur la création de Et Dieu créa le sport, pièce de 1h20 portée par la compagnie Le Saut du Tremplin. Une comédie absurde et rythmée qui interroge l’origine du sport, son rôle social et la joie qu’il peut encore susciter.
Comment est née l’idée de la pièce Et Dieu créa le sport ?
C’est un producteur qui nous a sollicités en 2023, en vue des Jeux Olympiques. Il voulait un spectacle sur le sport. On s’est alors posé une question très simple : pourquoi l’Homme s’est-il mis à faire du sport ? En creusant, on a vu que cette question touchait à la paix, à la guerre, et à la manière dont les peuples ont utilisé le sport pour apaiser les tensions ou pour expulser les mauvais penchants de l’Homme qu’il avait en lui.
On a mis environ six mois à écrire, mais l’écriture dans le spectacle vivant, c’est toujours un processus mouvant. On réécrit en permanence, on teste, on affine. La pièce a déjà été jouée une cinquantaine de fois. On la reprend au Grand Point Virgule parce qu’elle a très bien fonctionné la saison dernière. Certains passages ont été réécrits ou retravaillés, le spectacle évolue avec nous.
Pouvez-vous présenter la compagnie Le Saut du Tremplin ?
Nous sommes trois amis comédiens. On écrit, moi je fait aussi de la mise en scène. Notre univers est très marqué par l’absurde et le surréalisme. On aime bien surprendre les gens avec un univers bien à nous. On essaie d’avoir cette marque de fabrique artisanale, on fait beaucoup de choses par nous-mêmes, dans beaucoup de nos projets, y compris dans ce lui de Et Dieu créa le sport.
Était-ce votre première création autour du sport ?
Oui. C’est un thème très fédérateur, mais étonnamment peu traité au théâtre, même avec les JO. On voulait explorer ce qu’il y a de commun entre sport et art : partager une émotion avec un public, à un moment donné, le fait que dans le sport comme au théâtre, on doit être bon à l’instant T.
De quoi parle la pièce, sans trop en dévoiler ?
L’histoire, c’est cinq anges qui sont missionnés par Dieu pour régler la violence sur Terre. Ils doivent inventer un nouveau langage parce que les Hommes ne se comprennent plus entre eux et ce langage, ce sera le langage du sport. Donc ça va être une tentative pour ces anges, d’amener la paix sur Terre et on va justement voir si ça aboutit ou pas.
Quels ont été les choix de mise en scène ?
C’est vraiment d’être un spectacle le plus choral possible. On est cinq anges, l’idée c’est de faire une équipe comme une équipe de hand ou de foot, qui est vraiment très soudée et d’avoir tous les personnages, tout le temps au plateau. Il n’y a pas de personnage principal, il n’y a pas de personnage secondaire, tous les anges ont vraiment leur caractère propre, une fonction, comme sur un terrain.
La mise en scène repose aussi sur des parties assez chorégraphiées, qui cherchent à mettre en lumière la beauté qu’il peut y avoir dans le geste sportif. C’est un geste qu’on regarde beaucoup à l’aune de son résultat, mais il y a aussi une beauté du geste sportif, à laquelle on est plus ou moins sensible en fonction des sports. Mais c’est aussi à ça qu’on veut rendre hommage.
Nelson Monfort fait la voix off, comment s’est passée la collaboration ?
En écrivant, on cherchait quelle était la voix la plus emblématique du sport en France et nous sommes assez vite tombés sur Nelson Monfort, qui est aussi quelqu’un qui a beaucoup d’autodérision, qui a une idée du sport très belle, très noble et en même temps qui a une grande popularité. Par ami d’ami, on a pu le rencontrer et il a accepté de faire cette voix. Puis il est venu voir le spectacle, il a beaucoup apprécié donc ça nous a fait chaud au cœur.
Quel message souhaitez-vous laisser au public ?
Qu’ils reviennent à ce qui est pour nous l’essence du sport, c’est-à-dire une joie qui est proche de la joie qu’on éprouve dans l’enfance quand on commence nos premiers sports. Et très souvent, on pollue le sport avec des choses qui appartiennent vraiment au monde des adultes, pour parler comme dans Le Petit Prince. On va se focaliser sur le résultat, à travers les paris, sur l’argent que ça peut nous rapporter, sur le corps que ça va sculpter.
Mais le premier enjeu du sport, c’est de rencontrer des gens avec lesquels on n’est pas forcément en contact par ailleurs et de goûter à cette joie qui est très belle et peut être une utopie pour les gens qui veulent justement vivre ensemble.
Quels retours recevez-vous du public ?
Souvent les gens sont étonnés par la manière dont on a abordé la question du sport. Un retour dont on nous parle souvent, c’est l’aspect très rythmé du spectacle et l’aspect très physique : il y a une implication physique des comédiens, qu’on pourrait presque comparer à une performance sportive.
Qu’est-ce que ce spectacle vous a apporté, à vous et à la troupe ?
Ça nous a apporté beaucoup de simplicité dans le rapport au public. C’est un sujet qui est précieux, parce que c’est un sujet qui est fédérateur, mais justement qu’on peut vite trop intellectualiser ou trop malmené. On cherche vraiment à être le plus en phase avec notre public, à vivre un bon moment avec lui, exactement comme dans un match. Et donc, entre nous, ça a beaucoup créé de cohésion. Là, par exemple, on reprend le spectacle et on a beaucoup de joie à se retrouver ensemble pour le rejouer. Et avec le public, c’est pareil, on ressent cette joie et quand on voit qu’elle va de la scène à la salle, pour nous c’est vraiment le pari gagné.
Pourquoi poursuivre les représentations après déjà cinquante dates ?
Parce qu’il reste beaucoup de publics à toucher. On a surtout joué en région parisienne, mais on va normalement jouer au Festival d’Avignon après une longue pause. L’idée aussi, c’est de faire un spectacle qui soit très accessible. On a un décor qui est minimal sur le plan technique et donc, on veut vraiment le jouer dans des conditions très différentes, même dans des villes qui ne sont pas forcément très équipées techniquement. L’idée c’est que justement comme c’est un sujet qui parle à tout le monde, qu’on puisse se déplacer le plus possible
Quelles sont les prochaines représentations ?
Les 3, 10 et 17 décembre au Grand Point Virgule, à Paris, près de la gare Montparnasse. Les réservations se font directement sur le site du théâtre. Puis, en juillet prochain, direction le Festival d’Avignon, le lieu sera confirmé une fois le contrat signé.
























