Refonte du Pass’Sport, baisse des moyens financiers, manque de considération : le sport vit une période extrêmement délicate. En Grand Est, le Comité régional olympique et sportif (CROS) entend ne pas baisser les bras.
1€ investi dans le sport génère une économie directe ou indirecte des dépenses publiques d’au minimum 13€. C’est la conclusion majeure d’une étude sur l’impact sociétal, social et économique du sport réalisée en début d’année 2025 par l’Observatoire des Métiers du Sport et la Commission Paritaire Nationale Emploi – Formation (CPNEF Sport) de la branche professionnelle du Sport, avec l’appui technique de l’Afdas.
Et pourtant : 2025 est bel et bien une année très compliquée pour le mouvement sportif. La baisse des moyens accordés au sport par l’Etat, des collectivités plus frileuses au moment de mettre la main à la poche et un Pass’Sport désormais fragilisé : un an après la parenthèse enchantée des Jeux de Paris 2024, le sport n’est plus considéré à sa juste valeur.
« Quand il n’y a plus de bureau de poste, plus d’école, plus d’épicerie, il reste un club de sport »
Un constat fait par Jean-Marc Haas Becker, président du Comité régional olympique et sportif (CROS) Grand Est. « Il est encore trop courant de considérer le sport comme un loisir parmi d’autres, une activité accessoire que l’on soutient de manière ponctuelle, à l’ombre des grands événements. Le sport est une richesse que notre société ne peut plus se permettre de sous-estimer. Dans nos villes, nos villages, nos quartiers, il rassemble, éduque, soigne, insère. Il est santé publique, engagement citoyen, moteur économique. Quand il n’y a plus de bureau de poste, plus d’école, plus d’épicerie, il reste un club de sport. »
« Dans la région Grand Est, des milliers de clubs et de bénévoles donnent vie à la cohésion sociale et accompagnent toutes les générations », explique le président du CROS Grand Est. « Pourtant, les moyens alloués au sport, notamment dans sa dimension associative, sont bien en deçà de son impact réel. Le financement du sport reste instable, fragile, dépendant d’arbitrages à court terme. Il ne représente aujourd’hui que 0,15 % du budget de l’État. Une part dérisoire, si l’on considère tout ce que le sport apporte à la collectivité. Chaque recul budgétaire, chaque restriction de dispositifs, comme récemment le Pass’Sport, affaiblit une dynamique que des années d’engagement avaient permis de construire. »
« Le mouvement sportif du Grand Est agit déjà avec efficacité et conviction »
Face à ce terrible constat, quelles solutions ? « Des solutions existent pour consolider un financement plus stable, plus diversifié et plus équitable du sport », assure Jean-Marc Haas-Becker. « Certaines activités, comme les paris sportifs, connaissent une croissance exponentielle. Il serait juste et logique que les recettes issues de ces activités, soient davantage fléchées vers le développement du sport, en particulier dans ses dimensions éducatives, locales et inclusives. D’autres leviers sont à mobiliser : un mécénat sportif mieux valorisé fiscalement et des partenariats durables avec les entreprises. »
Le président du CROS Grand Est estime d’ailleurs que son territoire n’a pas attendu cette période délicate pour agir. « Le mouvement sportif du Grand Est agit déjà avec efficacité et conviction. Mais il a besoin de stabilité, de moyens, de reconnaissance. Car le sport, ce n’est pas un supplément d’âme. C’est une politique publique à part entière. Et un levier puissant pour bâtir une société plus équilibrée, plus solidaire, plus résiliente. »