Deux nouvelles médailles, dont une en or, aux Mondiaux de Rio : à 22 ans, Gatien Le Rousseau continue d’imposer son nom parmi les références du para-cyclisme mondial. Entre ambitions sportives et engagement institutionnel, Gatien Le Rousseau revient sur ses performances et son rôle d’ambassadeur au sein de l’Équipe Police nationale.
Deux nouvelles médailles à Rio, dont une en or sur la course à élimination : comment avez-vous vécu ces Mondiaux ?
C’était un peu de la découverte, car le programme a été modifié. On nous a supprimé la poursuite individuelle, là où j’avais fait ma médaille aux Jeux de Paris. Elle a été remplacée par des courses en peloton, plus incertaines. Mais ça s’est bien passé : une médaille d’argent sur le Scratch 10 km et l’or sur la nouvelle épreuve d’élimination. De bon augure pour la suite, et surtout pour Los Angeles.
Vous performez à la fois sur route et sur piste. Comment expliquez-vous cette régularité ?
Ce sont deux disciplines qui se rejoignent dans la filière aérobie, au niveau de l’endurance. Quand on progresse physiquement sur l’une, c’est transposable sur les autres épreuves. C’est vraiment cette complémentarité que j’ai bien, mais aussi cette diversité : quand j’ai moins envie de route, je vais sur la piste, et inversement. Ça permet aussi d’avoir plusieurs chances de performer dans l’année et d’étaler la pression.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué sur ces Mondiaux ?
La concentration. Sur l’élimination, un seul moment d’inattention et c’est fini. Pendant 40 ou 50 tours, il faut être focus en permanence.
Qu’est-ce que le sport vous apporte au quotidien ?
Un équilibre. Je suis aussi en études de kiné et c’est très complémentaire. Je connais bien mon corps, je suis curieux de voir jusqu’où mon corps peut aller, de le pousser et d’optimiser un peu le niveau de performance. C’est une rigueur de vie, mais aussi des émotions uniques, je pense à la piste avec le vélodrome en folie, ça, c’est quelque chose.
Vous êtes aujourd’hui membre de l’Équipe Police nationale. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
C’est une grande fierté. Je suis réserviste dans la réserve citoyenne. Après le collège, je voulais intégrer les commandos parachutistes, j’avais que ça en tête. Mais mon projet militaire a été complètement stoppé par mon accident. Là, c’était l’occasion malgré mon handicap de rejoindre un corps institutionnel, me permettant de représenter la France au plus haut niveau sportif. Donc quand il y a eu une convention entre la police et l’Agence nationale du sport qui permet d’employer des sportifs de haut niveau quasiment à plein temps pour qu’on puisse vraiment nous consacrer à notre pratique sportive, tout en valorisant la Police nationale, j’ai postulé dès que ça a été possible.
Comment se vit la cohésion au sein de cette équipe ?
On a un vrai esprit d’équipe. Un groupe WhatsApp, où on s’envoie nos résultats et on se suit sur les réseaux. Après, il y a un rassemblement annuel en novembre et c’est là où on a de beaux moments de cohésion, où on apprend un peu plus à se connaître. Je trouve ça chouette d’avoir des copains dans d’autres disciplines. On apprend de chacun, on se tire tous vers le haut. L’équipe de la police nationale, c’est vraiment un engouement collectif pour la performance et pour représenter la France au plus haut niveau sportif.
Quelles sont vos missions concrètes dans la réserve citoyenne ?
Du fait de mon handicap, je ne suis pas réserviste opérationnel, c’est-à-dire que je ne peux pas être déployé en tant qu’assistant au policier, mais j’interviens dans la réserve citoyenne, sur la communication et le recrutement : forums d’étudiants, actions de prévention… Ce n’est pas le métier de terrain comme on peut l’imaginer, mais je contribue, à ma manière, à faire rayonner la Police.
Que pensez-vous du dispositif global de l’Équipe Police nationale ?
C’est une chance énorme. On connaissait l’Armée des Champions, mais la Police, c’est pour moi une chance de l’avoir intégrée. Les échanges entre disciplines sont très enrichissants. À chaque rassemblement, j’en ressors grandi, avec des idées à appliquer dans ma préparation.
Quels sont vos prochains objectifs ?
Je veux progresser sur le contre-la-montre, où j’ai fini deux fois deuxième, aux Jeux et aux Mondiaux. L’objectif est clair : devenir numéro un français sur cette discipline. Et sur la piste, continuer à prendre de l’expérience, notamment sur l’élimination, pour montrer que je peux gérer toutes les situations sur les grands rendez-vous. Et concernant les prochains JO, l’idée est de se rendre indispensable pour l’équipe de France, de leur montrer qu’on peut leur ramener le plus de médailles possible et de la plus belle couleur possible. Donc, ça va être trois années bien chargées pour prouver qu’on est la personne à emmener pour les Jeux.




















