Lancée par la Ligue Île-de-France de Rugby puis repris par la Fédération Française de Rugby, l’opération de job dating Du Stade vers l’Emploi bénéficie, depuis 2022, du soutien de l’Agence Nationale du Sport et de France Travail. Une montée en puissance qui se confirme dans les chiffres, comme l’explique Vincent Pubert, chargé de mission bénévole Emploi et Job Dating pour la Fédération Française de Rugby.
Quel est le bilan de la dernière édition du Stade vers l’Emploi ?
Nous n’avons pas encore terminé, mais en termes de chiffres, cela devrait donner un total de 115 opérations en 2025. C’est-à-dire plus de 11 000 candidats, avec environ 100 candidats et 8 entreprises par date. D’après France Travail, le résultat est au rendez-vous avec plus de 5000 embauches et 1000 formations suite à ces dates. Ce sont des chiffres assez stables dans le temps. Depuis 2022, on est toujours sur ce taux de réussite de proposition d’embauche d’environ 60%.
Est-ce une opération qui est désormais entrée dans les mœurs au sein du monde de l’emploi ?
Cela reste encore inégal selon les régions, mais là où ça fonctionne bien, on a vraiment des régions enthousiastes. Je pense notamment à la région Ile-de-France qui est pilote en la matière. J’ai récemment participé à un séminaire de France Travail qui réaffirme son intention de continuer ces opérations, puisqu’elles sont très efficaces et permettent à travers un programme assez ludique de mettre les gens en situation de briser la glace, de révéler les personnalités, et de permettre à des gens de trouver un job.
Vous parlez d’un programme assez ludique, avez-vous trouvé la bonne formule ? Ou ce programme va-t-il évoluer ?
Le programme évolue toujours, il y a toujours des petites touches à améliorer. En temps normal, on est sur trois ateliers de rugby, un paquito et des matchs. De manière ponctuelle, on invite d’autres fédérations sportives à venir pour s’exprimer sur le dernier atelier. On l’a fait avec la lutte et l’escrime l’année dernière. Cette année, on l’a fait avec le breakdance. C’est une très belle réussite, de terminer la matinée de rugby par une chorégraphie de breakdance. Cela a été mis en place sur une dizaine de dates en Ile-de-France et ça a très bien fonctionné.
On a également testé cette année des demi-journées. C’est un peu moins porteur, car la journée complète permet vraiment aux gens de prendre le temps de venir, d’être ensemble, de faire les ateliers sportifs, de prendre le café, de déjeuner ensemble. Tout cela permet de créer une relation particulière.
L’Île-de-France est vraiment le territoire majeur pour la mise en place de l’opération. La priorité est-elle désormais de la développer beaucoup plus sur d’autres territoires ?
Complètement. Des régions comme l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine, le Grand Est et l’Auvergne Rhône-Alpes sont des territoires où le job dating fonctionne très bien. Dans d’autres régions, il faut encore que le système prenne. Mais ça va venir, il faut simplement que les gens « goûtent au produit ». Du côté de France Travail et des Ligues Régionales, on se rend compte que c’est véritable besoin demandé par les citoyens. Le fait de mettre en relation des candidats en difficulté d’embauche, chômeurs longue durée, avec des entreprises, que ce soit en milieu rural ou urbain, c’est quelque chose d’extrêmement porteur. Dans tous les projets, il y a toujours une phase de montée en puissance. Là, on est à 70 % du potentiel.
Comment exploiter ce potentiel à 100% ?
Déjà, il faut savoir que le financement baisse. À l’origine, nous avions un financement de 7000 euros par date. Aujourd’hui, en raison des restrictions budgétaires, on est tombé à 3000 euros par date. Il y a donc la nécessité pour les différentes Ligues Régionales d’aller chercher des budgets complémentaires. On se rend compte qu’il y a une montée en puissance assez forte des financeurs privés, car il faut pouvoir compenser ces baisses de financement centraux et garder l’équilibre sur l’opération. C’est le grand objectif désormais, pouvoir impliquer de plus en plus de financeurs privés.
Ces financeurs privés sont-ils séduits par la discipline qu’est le rugby, qui apporte une dimension sociale particulièrement forte ?
En effet, en rugby, il y a l’aspect compétitif, mais aussi l’aspect éducatif, la dimension citoyenne dont l’insertion sociale. Sur l’opération Du Stade vers l’Emploi, on retrouve des gens qui ne viennent pas forcément pour la pratique du rugby, mais parce que le rugby est impliqué dans un projet citoyen. En termes de valeurs proposées, ça parle aux candidats et aux entreprises, mais aussi aux bénévoles qui rejoignent les équipes sur les valeurs citoyennes. Plus que jamais, jouons collectif sur les terrains de l’Emploi !