À 28 ans, Cassandre (Broadcass sur les réseaux) s’est fait une place dans l’événementiel sportif après un parcours atypique. Partie d’un bénévolat, elle a gravi les échelons jusqu’à travailler sur des compétitions internationales. Aujourd’hui freelance, elle revient sur son parcours, ses difficultés, ses réussites et partage ses conseils à celles et ceux qui veulent se lancer dans ce secteur exigeant.
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Cassandre, j’ai 28 ans et je suis freelance dans l’événementiel depuis un peu plus de trois ans. Mon parcours est assez atypique puisque, à l’origine, je n’avais pas suivi d’études dans l’événementiel sportif. J’étais plutôt orientée vers la communication B2B, dans le sponsoring, le mécénat et les partenariats. C’est à travers une expérience de bénévolat que j’ai découvert l’événementiel sportif et que j’ai décidé d’en faire mon métier.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous tourner vers l’événementiel sportif ?
J’étais déjà dans l’événementiel, mais côté salons. J’étais responsable de contenu sur un salon lié à l’environnement et je ne m’y épanouissais pas. La crise sanitaire a accentué cette remise en question : je me suis rendu compte que je n’aimais pas ce que je faisais et que le cadre du B2B limitait beaucoup la créativité. En été 2020, les événements ont repris et j’ai vu dans un journal local qu’il y avait l’Ecotrail, c’était à 10 minutes de chez moi, donc j’y suis allée pour tester. Durant cette expérience, j’ai discuté avec des bénévoles qui m’ont parlé du bénévolat dans l’événementiel sportif et m’ont donné des plans pour ensuite travailler sur d’autres événements. Et c’est comme ça que j’ai commencé à faire du bénévolat tout l’été.
Aviez-vous déjà un lien particulier avec le sport avant cette expérience ?
Pas vraiment. Bien sûr, je regardais un peu de sport à la télévision, mais je ne m’étais jamais imaginé en faire mon métier. Lorsque j’ai découvert l’événementiel sportif, j’ai compris que c’était autre chose que ce que je connaissais du milieu de l’événementiel hors sport. Ce sont des événements qui rassemblent, qui fédèrent et où l’investissement se mesure immédiatement dans la reconnaissance du public. C’est ce qui m’a donné envie de continuer dans cette voie.
Comment avez-vous ensuite réussi à gravir les échelons ?
Grâce à cette première expérience, j’ai postulé comme bénévole au Meeting de la Diamond League à Charléty. Là, je me suis retrouvée sur la piste, aux côtés des athlètes, et cette proximité a renforcé mon envie de continuer. J’ai ensuite choisi de faire un service civique à la Fédération française d’Haltérophilie et de Musculation. Les trajets étaient longs, mais je voulais crédibiliser mon profil et avoir un premier vrai pied dans le sport. Grâce à ça, j’avais pour objectif de travailler sur des plus gros événements comme Roland-Garros. Et j’ai finalement été sélectionnée pour intégrer le dispositif transport des joueurs.
Est-ce que Roland-Garros reste l’expérience la plus marquante de votre parcours ?
Oui, parce que c’est le premier événement international reconnu sur lequel j’ai eu l’occasion d’intervenir. C’est l’événement pour lequel je me suis le plus battue. J’ai enchaîné les sacrifices pendant plusieurs mois, entre service civique, missions d’intérim et refus successifs. Mais c’est ce qui a rendu cette expérience encore plus forte.
Selon vous, quelles sont les principales difficultés du métier ?
La première, c’est la rémunération. Les salaires sont souvent bas au regard du stress et des responsabilités. L’investissement n’est pas forcément proportionnel au salaire. Ensuite, il y a la concurrence, car les écoles de sport business se multiplient et de plus en plus de personnes veulent intégrer ce milieu, mais les opportunités restent limitées. Il faut aussi être prêt à accepter des horaires décalés et le volume horaire. Enfin, l’événementiel reste un secteur où le réseau joue un rôle déterminant. Ce n’est pas forcément du piston, mais beaucoup de contrats se décrochent par la recommandation.
Comment construit-on justement ce réseau ?
Je pense que le bénévolat est la meilleure porte d’entrée. Il faut créer des connexions qui soient spontanées avec des gens et échanger des numéros de téléphone, des LinkedIn, des Instagram, etc. Et après suivre un peu ce que fait la personne et ne pas hésiter à entretenir le lien. Je recommande aussi les workshops et les conférences, des lieux privilégiés pour se montrer et poser des questions, ce qui peut déboucher sur des discussions intéressantes. Il ne faut pas non plus négliger son premier réseau : ses camarades de promo, qui deviennent parfois des interlocuteurs précieux dans leur vie professionnelle. Enfin, les newsletter, dedans on apprend des informations qui nous permettent de nous connecter avec d’autres personnes.
Et côté qualités, qu’est-ce qui est indispensable ?
L’organisation, d’abord. Il faut savoir jongler avec plusieurs projets en même temps, anticiper, hiérarchiser. La flexibilité, ensuite : il faut être capable de s’adapter vite, réagir quand un imprévu arrive. Et enfin la gestion du stress, qu’on apprend sur le terrain.
C’est vrai que l’organisation est primordiale dans ce métier. Comment gérez-vous votre quotidien en freelance ?
J’utilise un planner que j’ai créé (que je vends) dans lequel je hiérarchise mes tâches selon leur urgence et leur importance. Je fonctionne avec des to-do listes hebdomadaires plutôt que quotidiennes, pour éviter la surcharge et j’utilise des alertes sur mon téléphone pour ne pas oublier de faire les choses. Je travaille aussi par sessions concentrées de « deep work » de quatre heures, car je suis plus efficace de cette manière. Enfin, je gère ma boîte mail avec un système de couleurs qui me permet de savoir ce qui est à traiter, en cours ou terminé.
Vous avez travaillé sur des événements très variés. Pouvez-vous en citer quelques exemples ?
Oui, trois notamment. D’abord, les 24 Heures du Mans, où j’ai été hôtesse. Ce n’était pas dans ma région, mais je trouve que c’est important de ne pas se limiter à là où tu habites. C’était une expérience difficile physiquement, avec de longues journées debout et un cadre stricte. J’ai vraiment découvert la réalité de l’événementiel. Deux ans plus tard, cette mission m’a permis d’être rappelée comme responsable de zone, preuve que le sérieux finit toujours par payer. Ensuite, deuxième expérience sur Roland-Garros, où j’ai travaillé comme cheffe de projet. Je ne comptais pas mes heures, j’ai découvert la gestion d’un projet de A à Z et j’ai appris à négocier. Enfin, la Coupe du monde de rugby. Jj’avais relancé une agence plusieurs mois après un premier contact, ce qui m’a finalement permis de travailler sur dix matchs au Stade de France. C’est une bonne illustration de l’importance de ne pas se décourager, il ne faut pas hésiter à relancer.
Avec ce rythme intense, comment faites-vous pour préserver votre équilibre ?
C’est très dur. Au début, j’ai trop travaillé, au point de faire du 70h par semaine et j’ai fini épuisée. Depuis, j’ai appris à poser des limites, à prendre des jours de repos et à préserver du temps pour moi. Le sport ça me permet de décompresser, tout comme le journaling, qui me permet d’extérioriser. Je lis aussi beaucoup de livres de développement personnel sur la réussite, le lâcher prise…
Quels conseils donneriez-vous à de jeunes freelances qui souhaitent se lancer dans l’événementiel sportif ?
D’abord de bien distinguer entre la passion pour un sport et l’envie de travailler dans ce secteur. Tu peux adorer par exemple le PSG, mais ça ne veut pas dire que tu veux supporter ce que vivent les employés en termes d’horaires, de déplacements et de pression. Ensuite, de ne pas baisser les bras : le marché est difficile, mais il existe toujours des alternatives, comme le bénévolat, le service civique ou les stages, pour mettre un pied à l’étrier. Je recommande aussi de rester flexible, de s’adapter au métier et de trouver un plan B pour anticiper une autre solution.
Et si on veut vous contacter ?
Le plus simple, c’est Instagram. Je réponds toujours aux messages, parfois pas immédiatement, mais je lis tout. Et mes DM sont ouverts pour ceux qui veulent des conseils, quel que soit leur statut.