Vice-présidente de la Fédération Française de Rugby en charge du développement du rugby féminin, du Rugby Santé et du Rugby Adapté, Pascale Mercier se confie sur l’essor de la thématique sport-santé.
La FFR mise particulièrement sur la thématique de la santé avec le développement du Rugby Santé. Quels sont les éléments clés de cette pratique ?
La Fédération Française de Rugby a lancé la discipline Rugby Santé en 2018 dans le cadre de son engagement aux côtés des clubs, des comités et des Ligues régionales afin de promouvoir l’accessibilité des pratiques pour tous. L’objectif est ainsi d’améliorer le bien-être et la santé. Le Rugby Santé est une pratique référencée dans le guide médico-sport santé, le dictionnaire des médecins pour les prescriptions du sport sur ordonnance.
Les sections Rugby Santé accueillent en prévention secondaire et tertiaire toutes les personnes souhaitant pratiquer une activité santé. C’est une pratique qui se fait sur prescription médicale. Les objectifs principaux sont la prévention et l’amélioration de la santé, la lutte contre la sédentarité, le maintien de la mobilité et du tonus musculaire, ainsi que la réhabilitation et l’inclusion. Sans oublier le bien-être psychologique. La convivialité, le fait de se retrouver ensemble, fait partie des atouts de la pratique du rugby.
Le Rugby Santé est en plein développement au cœur des territoires. Aujourd’hui, que représente cette activité dans l’Hexagone ?
Partout en France métropolitaine, mais aussi en Outre-mer, le Rugby Santé monte en puissance. Nous avons actuellement 116 sections rugby santé actives, dont 24 qui sont sections programme pilote. Nous en avons également une quarantaine qui sont en projet, où il manque simplement que l’éducateur soit formé. Le développement se fait progressivement, il est nécessaire pour ces sections de créer du lien avec les médecins, les maisons de santé, les kinés et les hôpitaux. C’est un lien qui se forge progressivement.
Le Rugby Santé parvient-il à toucher tous les types de publics touchés qui en ont besoin, des plus jeunes aux plus âgés ?
Le Rugby Santé a été conçu pour être accessible à tous. Ce n’est pas du rugby plaqué, mais du rugby à toucher qui insiste sur le caractère inclusif et intergénérationnel. Initialement, le Rugby Santé était pensé pour les personnes atteintes de pathologies chroniques, comme le cancer et le diabète. Désormais, cette pratique s’adresse à toutes les personnes souhaitant faire du Rugby Santé.
Cette année, nous avons d’ailleurs ouvert le Rugby Santé aux enfants de 10 ans. En effet, on s’aperçoit que les enfants sont de plus en plus touchés par l’obésité. Cette pratique est ainsi un vrai lever contre l’obésité en proposant des séances adaptées pour eux, sans contact violent et basées sur du jeu et de la motricité. On travaille sur la coordination, l’endurance et la confiance en soi, en partenariat avec les professionnels de santé. Je dis souvent qu’on fait mieux que Tintin, qui s’adresse aux personnes de 7 à 77 ans (rires). Le Rugby Santé parle plutôt aux personnes de 8 à 90 ans.
Les clubs ont-ils pris conscience de l’importance de développer cette thématique ?
Clairement ! Nous avions très peu de clubs mobilisés sur cette dynamique, ils n’étaient qu’une vingtaine en 2020. Ce chiffre est en augmentation constante. Les clubs ont pris conscience de l’importance de développer la thématique santé. Tous les indicateurs le montrent, il y a un nombre croissant de clubs qui font de la santé un pilier du développement de leur projet club. De plus, la Fédération Française de Rugby a mis en place le Label Club Engagé, qui inclut un volet santé et bien-être. Cela encourage encore plus les clubs à développer leurs actions sport-santé et à valoriser les initiatives auprès des partenaires et des institutions.
Les formations vont-elles se multiplier afin d’encadrer au mieux les publics concernés par cette pratique ?
Il est certain que cela va être le cas, car nous avons besoin d’encore plus d’encadré qualifié autour du public concerné par le Rugby Santé. Il est important pour la Fédération de développer ces formations au cœur des régions et des départements. Lors de la dernière formation organisée, nous étions sur 30 éducateurs inscrits, contre 15 à 20 auparavant. Cela montre une vraie progression.
Comment la FFR va-t-elle continuer à développer le Rugby Santé ?
Le premier pilier, c’est la formation. Il est nécessaire d’aider à la structuration des clubs, pour cela, nous pouvons compter sur les CTC (conseillers techniques de clubs). La communication est également un enjeu important afin de promouvoir, développer et valoriser les sections Rugby Santé. On voudrait également développer le programme pilote Rugby Santé. Des clubs se proposent pour entrer dans ce programme et on mène une évaluation toute l’année avec des cardio-fréquences-mètre pour évaluer les joueurs et joueuses.
On organise aussi un Festival Rugby Santé, qui aura lieu à Chalon-sur-Saône en 2026. Nous souhaitons également créer un centre de ressources et d’outils. On a déjà le cahier des charges avec toutes les règles du jeu, mais on aimerait filmer les différents exercices. On organise tous les mois une réunion avec les référents des ligues régionales. On les a requestionnés, car on sent bien qu’il a quelques incompréhensions, donc on a vraiment besoin de travailler sur ça.
Sans oublier notre participation à des événements de promotion du Rugby Santé, notamment au salon des Maisons Sport Santé, et nous avons créé une licence Rugby Santé à partir des moins de 8 ans. On va donc pouvoir savoir qui vient sur ordonnance, et surtout si ensuite, ils rebasculent sur le rugby tout court.




























