Sébastien Loeb rêve d’une couronne

Du 2 au 15 janvier, plus de 300 concurrents ont rendez-vous en Arabie Saoudite pour la 43e édition du Rallye Dakar. Parmi eux, Sébastien Loeb, en quête d’un premier succès dans cette épreuve mythique.

Après le sable africain et les déserts brûlants sud-américains, le Dakar avait posé ses valises en Arabie Saoudite en 2020. Rebelote en ce début d’année 2021, puisque c’est une boucle dans le désert saoudien, avec la ville de Jeddah comme cité de départ et d’arrivée, qui attend les nombreux concurrents du 2 au 15 janvier. « Nous nous inscrivons dans un programme de développement de l’Arabie Saoudite qui va vers plus d’ouverture. Et nous ne sommes pas les seuls à être venus ici, le football, la Formule E, la boxe et l’année prochaine la Formule 1 ont aussi choisi le royaume saoudien. Nous pensons qu’il est plus utile de venir et de faire parler de ce qui s’y passe que de rester loin en critiquant », affirme David Castera, le directeur du Dakar. Une prise de position assumée et un parcours « inédit à 90 % » qui réservent une édition 2021 particulièrement attendue. Autos, motos, quads, SSV, camions : ils sont plus de 300 véhicules au départ de Jeddah pour une immense boucle au départ de cette grande ville côtière de l’ouest du pays. Le parcours s’étend d’abord à l’est vers Ryad la capitale, puis met le cap au nord vers Sakaka avant de revenir sur les rives de la Mer rouge. « Nous avons privilégié des itinéraires dédiés à l’exploration, tout en limitant la longueur des secteurs les plus roulants sur lesquels les différences sont uniquement liées à la puissance des véhicules », explique David Castera. L’objectif : réduire la vitesse moyenne pour renforcer la sécurité et ainsi limiter les accidents tragiques qui ont trop souvent émaillé l’histoire du Dakar. Moins de vitesse et plus de suspense, c’est le menu de ce Dakar 2021 qui a bien failli ne pas avoir lieu en raison du contexte sanitaire lié à la pandémie de Covid-19, comme le souligne David Castera. « On entend souvent que prendre le départ du Dakar représente déjà une victoire. C’est certainement ce sentiment qui nous animera tous début janvier à Jeddah. »
 

« Quand on y repense après, on garde les belles images »


Parmi tous ces pilotes, un Alsacien bien décidé à enfin imposer sa loi sur le sable. « Il y a un côté aventure dans cette course, qui parfois, en fin de course, nous fait dire que c’était compliqué, que l’on en a chié, que ce n’était pas cool, mais au final, quand on y repense après, on garde les belles images, les bons souvenirs. On passe à des endroits que nous n’aurions jamais eu l’occasion de voir si nous n’étions pas sur cette course », détaille Sébastien Loeb. « J’ai été plutôt performant sur les dernières éditions où j’ai participé, particulièrement la dernière où l’on n’a pas gagné, mais où nous étions globalement très rapides. L’ensemble de tout ça m’a donné envie de revenir. » Cette fois, le nonuple champion du monde des rallyes ne sera pas au volant d’une Peugeot, mais bien de l’inédit 4×4 de chez Prodrive, lui qui s’est engagé avec le Bahreïn Raid Xtreme. « BRX a de grandes ambitions pour ce Dakar et je suis ravi de faire partie du voyage avec l’équipe. Il y a beaucoup d’expérience dans chaque domaine de l’équipe », assure un Sébastien Loeb enthousiaste, bien décidé à se donner une nouvelle chance de triompher. Neuvième en 2016, il avait réussi à grimper sur la deuxième marche du podium en 2017. Contraint à l’abandon un an plus tard, il avait de nouveau réussi à monter sur le podium en 2019, à la troisième place. De nouveau focalisé sur le championnat du monde des rallyes en 2020, il avait donc fait l’impasse sur la première excursion du Dakar en Arabie Saoudite. Sébastien Loeb, accompagné de son fidèle copilote Daniel Elena, va donc vivre une grande première en ce début d’année.
 

« La voiture est plutôt sympa à conduire »


2021 a tout d’une nouvelle aventure pour le pilote alsacien, puisque son 4×4 de chez Prodrive est un modèle très différent du buggy de chez Peugeot qu’il a pu piloter lors de ses précédentes participations. « Les essais étaient plutôt pas mal. C’est bien d’arriver avec une voiture nouvelle comme ça, même si au début, ce n’est pas tout simple, il y a toujours des petits soucis à régler », confie Sébastien Loeb. « Globalement, pour un premier roulage, je trouve que nous n’avons pas tant de problèmes que ça, il s’agit surtout de la transmission. C’est souvent la même panne qui ressort et on n’en a pas 25 à régler. La voiture est plutôt sympa à conduire, j’aime bien. Elle est agile, c’est un 4×4, elle se conduit un peu plus comme une WRC que j’ai l’habitude de conduire. » Un 4×4 « version WRC » qui permet au duo Loeb / Elena de faciliter son adaptation à ce nouveau modèle et ainsi de bénéficier de repères précieux à l’approche de ce Dakar. « Après, on connaît les règles entre les 4×4 et les buggys. Dans le cassant, le buggy sera mieux alors que sur une piste, le 4×4 est plutôt mieux. Donc j’ai du mal à comparer, car en plus je n’ai jamais piloté un autre 4×4 sur le Dakar. C’est quand même effectivement différent de la Peugeot, mais globalement cela me paraît pas mal. »
 

« Le but n’est pas de jouer la quinzième place »

Ce « pas mal » suffira-t-il à se battre pour la victoire ? « L’objectif est d’être capable de se mêler à la bagarre », affirme Sébastien Loeb. « J’espère que l’on sera fiable, je pense que c’est une voiture qui est étudiée pour la performance, avec les masses assez centrées, une voiture assez compacte. En revanche, les interventions techniques ne sont pas forcément simples. Il va donc falloir une voiture fiable, j’espère qu’on le sera, et performant aussi, afin de jouer les premiers rôles. Le but n’est pas de jouer la quinzième place. » Pour enfin s’imposer sur le Dakar, l’Alsacien devra cependant venir à bout d’une féroce concurrence, le plateau 2021 chez les autos s’avérant très relevé. Carlos Sainz, vainqueur 2020 au volant d’un buggy Mini X-Raid, aborde la même ambition, avec Nasser Al-Attiyah (Toyota) comme principal rival. Nani Roma, lui aussi pilote du team BRX, mettra à profit son expérience pour tenter de jouer les premiers rôles. Tout cela sans oublier l’inusable Stéphane Peterhansel (Mini), « Monsieur Dakar », vainqueur de l’épreuve à treize reprises. C’est au milieu de ces pilotes expérimentés et rodés aux joutes du Dakar que Sébastien Loeb va devoir batailler pour réaliser son rêve.

Olivier Navarranne