Olivier Frapolli : « Le club, c’est le poumon de la ville »

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Champion de National avec le Stade Lavallois, Olivier Frapolli est revenu, dans cette dernière partie d’entretien, sur son parcours personnel, et la ferveur autour du club de Laval.

Vous êtes reconnu pour avoir lancé beaucoup de jeunes talents. On pense par exemple à Emiliano Sala lors de votre passage à Orléans, ou encore Nicolas Pépé. Vous êtes toujours dans cette optique de lancer les jeunes ? 

C’est bien de le souligner (rires). On peut aussi citer Jean-Eudes Aholou… Je le ressens, et j’ai des agents de jeunes joueurs qui m’appellent pour ça. Ça fait toujours partie du travail d’un entraîneur. Bien évidemment, il y a aussi le résultat de l’équipe, mais ce n’est pas la seule chose qui importe. La progression de ces joueurs est importante aussi. Atypique. Cette saison, on a aussi des garçons qui ont explosé, comme Bryan Gonçalves qui venait de Versailles. C’est toujours un double-objectif pour moi. Même si c’est l’équipe qui prédomine toujours, il faut faire progresser ses joueurs.

Vous avez été élu meilleur entraîneur de National. Je suppose que vous êtes heureux de ce sacre à titre personnel après autant de saisons à cet échelon… 

Je suis très satisfait, d’autant plus que ce sont les entraîneurs et capitaines qui votent. Ce sacre a vraiment une saveur particulière. Effectivement, comme vous le dites, c’est ma 9e saison en National. Il y a 8 ans, je montais avec Orléans en étant champion du National. Et à l’époque les trophées n’existaient pas. Je pense qu’effectivement c’est la récompense de la saison en cours. Mais à titre personnel je le prends comme une récompense du travail accompli. On parle in fine de l’entraîneur mais on oublie que c’est un travail de tout le staff, des joueurs, et de l’entraîneur. Je voudrais remercier tout le monde pour ça.

« Il n’y avait jamais eu une telle fête ! »

Vous semblez avoir trouvé de la stabilité au sein du Stade Lavallois. C’est aussi ce que vous ressentez après plusieurs passages dans des clubs de Ligue 2 ? 

C’est un club qui correspond bien à mes valeurs et ma personnalité. Je suis plutôt quelqu’un de calme, posé, voire discret. J’ai la chance de vivre dans une ville de 50 000 habitants avec une qualité de vie intéressante. Il y a une ferveur incroyable. Je suis quelqu’un de passionné, donc j’ai besoin que ça vibre autour de moi. Je veux sentir qu’il va se passer des choses ou qu’il se passe déjà quelque chose de fort.

À Laval, le club, c’est le poumon de la ville. On l’a senti quand on a fêté la montée en centre ville. De mémoire de Lavallois, il n’y avait jamais eu une telle fête. Même quand la France a gagné la Coupe du Monde, ou l’accession en 2009, il n’y a jamais eu autant de liesse populaire autour de Laval. Même mes joueurs d’expérience, des gens qui ont connu la Ligue 1, disaient que personne n’avait ressenti autant de ferveur. Il y a un véritable contraste entre la ville paisible et tranquille et le feu qu’il peut y avoir autour du club quand il y a de la réussite. 

Justement, ce public est décrit comme incroyable par bon nombre de joueurs et d’observateurs. C’est aussi ce que vous ressentez ? 

Il est exigeant comme public (rires). Encore une fois il y a une histoire. Laval a fait la Coupe d’Europe dans les années 1980. Bon nombre de personnes ont connu cette aventure. Quand ça ne marche pas, c’est peut-être plus difficile qu’à certains endroits. Ce qui est intéressant c’est qu’il y avait énormément de jeunes. Ces jeunes n’ont pas vécu les belles années, ils n’avaient pas forcément de liens concrets avec le club. Depuis la semaine dernière, c’est une toute nouvelle aventure pour eux. Et certainement qu’à la reprise de la saison, on aura encore plus d’abonnements et un public qui va se rajeunir.

C’est comme pour la Coupe du Monde : 1998, ça parle à une partie de la génération. Quand on a été champions du monde 2018, on a vu un public très très jeune. Nous avons ressenti un peu la même chose à Laval. C’est le premier titre de champion de l’histoire du club. Beaucoup de jeunes l’ont vécu et vont pouvoir s’identifier. Par ailleurs, on a plein de mauvais exemples de ce qu’il peut se passer dans les stades. Du côté du club, la priorité, c’est qu’il y ait une ambiance saine et que les gens puissent venir au stade par plaisir en famille. On est la seule équipe qui réalise une banderole avant chaque match qui souhaite la bienvenue au club adverse. Ce sont plein de petites choses comme ça qui sont mises en place pour que ce soit la fête dans les tribunes. L’accession va permettre d’avoir encore plus de monde. 

Une dernière question concernant votre avenir. Vous êtes sous contrat jusqu’en 2024 avec le Stade Lavallois. Quel est votre souhait ? Voulez-vous continuer à la tête de cette équipe ? 

Oui, en tous cas je m’y sens très bien. C’est aussi la volonté de ma direction. Au niveau des joueurs et des entraîneurs, le club avait pris la mauvaise habitude de changer plusieurs fois par saison. Aujourd’hui, nous visons beaucoup de stabilité. Dans mon parcours, je suis toujours resté assez longtemps dans les clubs. J’ai envie de m’inscrire dans ce nouveau projet. Nous avons aussi l’idée de rénover le stade. Il y a également une volonté de développer le football féminin. C’est un club qui a la chance d’avoir des partenaires financiers solides autour. C’est un projet intéressant à développer. Si je peux contribuer au développement du club et m’installer en Ligue 2, j’en serai le premier satisfait.