Le groupe Quéguiner hisse les voiles en 2020

Tanguy Le Turquais, skipper du Figaro Beneteau 3 Queguiner - saison 2019 - En mer le 13/03/2019

Engagé depuis 2012, le groupe Quéguiner s’est bâti une véritable réputation dans le monde de la voile. Après des années riches en succès aux côtés de Yann Eliès, c’est sur le potentiel de Tanguy Le Turquais que mise la marque bretonne en 2020. La transat AG2R et la Solitaire du Figaro figurent parmi les principaux objectifs.

 
Cap sur l’un des grands acteurs de la voile française. Déjà investi dans le football et le hockey-sur-glace, le groupe Quéguiner, spécialisé dans la production et la vente de matériaux de construction et basé à Landivisiau, s’est rapidement fait un nom dans un monde qu’il méconnaissait lors de son arrivée en 2012. Avec le skipper Yann Eliès (46 ans), la marque finistérienne a enchaîné des victoires de prestige et des prestations mémorables dans des compétitions aussi mythiques que le Vendée Globe ou la Solitaire du Figaro.
 

 

Un engagement dans la voile né d’un coup de cœur

 
« L’investissement du groupe Quéguiner dans la voile, c’est avant tout une rencontre entre Yann Eliès et mon père Claude Quéguiner », raconte Bertrand Quéguiner, actuel directeur général et responsable du projet voile depuis 2012. « Avant cette rencontre, nous connaissions le sport mais ce n’était pas forcément un projet à cette époque. Pour autant, nous avons eu un véritable coup de cœur pour ce skipper de renom qu’est Yann Eliès. Il a su transmettre sa passion de la voile. Cela a été le véritable déclencheur. Nous avons découvert un joli sport avec de belles valeurs. La voile est un sport sain qui véhicule ces belles valeurs telles que le dépassement de soi. Cela concorde parfaitement avec notre état d’esprit. » Alors qu’il n’avait aucune équipe à un mois du départ de la Solitaire du Figaro malgré ses compétences reconnues de tous, Yann Eliès noue effectivement un partenariat avec le groupe et enchaîne sur une compétition exceptionnelle où il remportera la course avec une victoire lors de la première et la dernière étape. « C’était une magnifique aventure », se souvient l’actuel responsable du projet voile. « Il y avait un tel engouement chez les salariés comme chez nos partenaires que nous avons vécu d’intenses moments d’émotions. C’était incroyable, particulier et intemporel. Encore aujourd’hui, nous sommes fiers du choix que nous avons fait. » Le skipper aura été couronné de trois succès sur la Solitaire du Figaro (2012, 2013 et 2015) et d’une 5e place sur le Vendée Globe 2016-2017. Un éclairage tout particulier pour le groupe finistérien qui lui offre une belle visibilité. « La voile nous a évidemment apporté, mais c’est surtout le Vendée Globe qui nous a aidés à développer le nom de la marque et à gagner en notoriété », se satisfait Bertrand Quéguiner. « Nous avons une certaine légitimité au vu des nombreuses épreuves traversées. Et cela, nous le devons à un formidable esprit d’équipe qui s’est construit au fur et à mesure de ces expériences. »
 

 

Avec Tanguy Le Turquais, place à l’avenir !

 
Huit ans plus tard, le groupe Quéguiner s’est lancé un nouveau défi : accompagner du début à la fin une perle de la voile française vers ses premiers succès, lui mettre le pied à l’étrier. Alors que Yann Eliès a apporté bon nombre de succès d’anthologie à son sponsor, c’est le jeune skipper de 30 ans Tanguy Le Turquais qui a pris la relève dans un contexte de transition à partir de la saison 2019. « Je savais que le groupe Quéguiner cherchait un nouveau challenge, celui de former un jeune avec de l’ambition et du potentiel et l’amener vers la victoire », se souvient Tanguy Le Turquais. « Il ne fallait pas que ce soit quelqu’un qui a déjà gagné quelque chose. Ils voulaient s’inscrire sur le long terme. J’évoluais alors en amateurs, je savais que je correspondais et, pour moi, c’était une opportunité à saisir. » Dès l’été 2019, les contacts étaient pris et le Lorientais, originaire d’Istres, signait à la fin de l’année. « Le dossier de Tanguy était au-dessus du lot car nous avons vu en lui un potentiel certain », analyse Bertrand Quéguiner. « Il s’avère qu’il est aussi un très bon communiquant, ce qui est un bon plus. Après la période faste que nous avons traversée aux côtés de Yann Eliès, nous savions que nous n’allions pas repartir immédiatement dans des projets gagnants. C’est voulu. Mais il nous fallait un jeune skipper pour lui mettre le pied à l’étrier, l’accompagner sur un projet à long terme qui rapportera, pourquoi pas, des victoires dans un futur proche. » Attiré par la navigation très jeune, c’est en 2011 que la pépite de la voile réalise sa première course. Connu pour être un très bon communiquant, il a surtout été sacré champion de France Mini 6.50 en 2014 et a côtoyé les podiums de toutes les courses auxquelles il a participé cette année-là. Après un deuxième titre national, il se fait un nom.  Il se lance sur le circuit du Figaro dès 2016 et prend pour la première fois le départ de la Solitaire l’année suivante, terminant troisième bizuth et 16e au général. Les promesses sont là. L’un des plus gros challenges pour lui, et non des moindres, était de passer derrière un mythe de la voile. « Yann Eliès, c’est juste le patron », sourit son jeune successeur. « Dans le circuit sur lequel je cours, on peut se mettre la pression en passant derrière lui. En cinq ans de sponsoring avec le groupe Quéguiner, il a remporté trois fois la Solitaire du Figaro. Gagner une fois, pas grand monde y arrive, lui si ! C’est impressionnant. C’est la star du milieu. J’ai énormément de respect pour lui, c’est quelqu’un de très inspirant. Maintenant, on n’est pas sur le même projet, mais nous avons de si belles choses à accomplir. » Pour sa première saison sous les couleurs du groupe Quéguiner, le jeune marin, accompagné par son sponsor de vêtements Helly Hansen, comme c’était le cas avant de s’engager auprès du groupe, admet avoir dû affronter des vagues d’ampleur. Après que des problèmes de santé l’ont éloigné de la mer durant plusieurs mois et considérablement handicapé sa préparation, Tanguy Le Turquais a vécu une année 2019 compliquée. « J’ai subi une grosse opération en octobre 2018, j’étais en convalescence tout 2019 », évoque le Breton. « Le groupe Quéguiner ne m’a pas lâché ce qui est une marque de confiance. Pourtant, on savait que ce serait difficile pour la première saison. La Solitaire du Figaro ne s’est pas très bien passée. J’ai eu le contrecoup d’un rude hiver avec beaucoup de fatigue accumulée. La première étape était catastrophique. Je subis un échouage assez terrible à Aurigny (Guernesey). Toutefois, je conclus avec une belle dernière étape où je finis à la 11e place. La fin de saison était assez correcte. Je ne suis pas satisfait de ma saison, mais il y a de bons signaux pour l’avenir. J’ai énormément progressé, même si les résultats ne sont pas encore là. J’aspire à mieux à l’avenir. »
 

 

Des ambitions relevées pour 2020

 
Pour le groupe Quéguiner, la patience et la confiance envers leur protégé sont de mise. « Au niveau des performances, c’’était une année un peu particulière avec l’arrivée du Figaro Bénéteau 3 (une nouvelle génération de voiliers, NDLR) », rappelle Bertrand Quéguiner. « Nous n’avons pas fait une très bonne Solitaire du Figaro mais Tanguy a continué son apprentissage. Il y a eu quelques erreurs mais aussi des faits de course. Au niveau de la communication, en revanche, c’était une très bonne année. Le projet, c’est de continuer et pourquoi pas de terminer dans le Top 10 dans la prochaine Solitaire du Figaro. C’est faisable. Nous croyons en lui. » Une ambition partagée par le protégé de Quéguiner. « Il y a une belle aventure humaine autour de cette équipe », poursuit Tanguy Le Turquais. « Mes problèmes de course, cela nous a rapprochés. Quand je me suis échoué à Aurigny, Bertrand était là pour m’accueillir. Ces moments créent des liens forts. Ils ont exprimé leur envie de continuer avec moi. Et cela tombe bien, car j’ai très envie de continuer l’aventure avec eux ! » Cap donc sur la saison 2020 où plusieurs défis vont s’ériger devant l’équipe. « En 2020, il y a deux courses phares qui vont se présenter : la Transat AG2R en avril et la Solitaire du Figaro en septembre », note le skipper du groupe Quéguiner. « Mon principal objectif est de me révéler plus régulier car mon année 2019, c’était un peu les montagnes russes. J’ai eu quelques bons résultats, mais aussi des moins bons. Faire un Top 15 ou un Top 10 dans toutes les régates me semblerait une bonne chose. Et si je peux être performant sur les deux grands rendez-vous, à savoir un Top 10 voire un Top 5, ce serait un vrai marqueur de progression. » La prochaine régate est prévue dès le 15 mars 2020 prochain. Le pari sur l’avenir du groupe Quéguiner pourrait ainsi porter ses fruits dès 2020 en cas de belles surprises de Tanguy Le Turquais. Ce dernier, qui n’a pas vu sa préparation tronquée comme ce fut le cas l’an passé, a désormais toutes les cartes en main pour briller et donner raison au groupe finistérien. Une nouvelle ère pourrait ainsi s’ouvrir pour ces partenaires de la mer…
 
 

Le groupe Quéguiner, poids lourd de la voile

 
Fort de ses 1 150 collaborateurs, le groupe Quéguiner a réalisé 240 millions d’euros de chiffres d’affaire en 2019. Impliqué dans la voile depuis 2012, la société finistérienne a accumulé 3 succès de prestige avec Yann Eliès sur la Solitaire du Figaro (2012, 2013 et 2015) et 1 participation au Vendée Globe (2016-2017) qui s’est soldée par une 5e place au classement général et 1er en non foilers. Aux côtés de Tanguy Le Turquais, le groupe mise sur l’avenir. Après une saison 2019 en demi-teinte (35e place à la Solitaire du Figaro 2019), le skipper trentenaire espère décrocher une place dans le Top 10 en 2020.
 

Par Anthony Poix