Wilfrid Boulineau : « Je veux voir Léonie aux Jeux en 2024 »

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Le coach de Léonie Cambours, heptahtlète de notre Team SPORTMAG, revient sur son année 2022 et les objectifs pour les prochaines saisons, avec les JO en ligne de mire.

Tout d’abord, comment se passe la reprise après les fêtes pour Léonie ?

On était en stage à la Réunion, juste avant les fêtes. C’était la fin d’un gros bloc de travail physique intense pour Léonie, de travail de fond. Pour elle, ça se passe bien ! Quelques petits bobos, mais c’est normal et habituel après une préparation comme celle-ci. Désormais, elle est sur deux séances quotidiennes, presque tous les jours. Après la fin de la saison, on a fait le bilan. On a fait le choix de mettre l’accent sur la musculation, après avoir constaté que c’est ce qui manquait pour tenir le coup face au meilleur niveau international. Maintenant, on entre dans une phase un peu plus sympa pour elle (rires). A l’approche des compétitions, on privilégie le spécifique, ce n’est plus le moment de se cramer.

«  L’objectif est d’optimiser la performance sur les grands rendez-vous internationaux, et plus seulement de se battre pour être qualifié »

Comment va se passer le retour à la compétition ?

On a changé notre stratégie, comparée aux années passées. Cette fois-ci, on ne fera pas notre rentrée sur plusieurs petites compétitions pour travailler certaines épreuves individuellement, histoire de se régler. De mon côté, niveau réglages, j’ai vu ce que je voulais voir à la Réunion, lors du dernier meeting. Ainsi, Léonie va sortir beaucoup plus tard. Elle fera sa première compétition en 2023 aux X-Athletics, à Clermont-Ferrand, le 29 janvier prochain. L’idée, c’est de ne pas se griller avant les grandes échéances. Cette saison, on change d’optique. L’an passé, il fallait participer à beaucoup de compétitions pour grimper au ranking, et aller chercher une place pour les grands championnats. Désormais, elle est dans le top 24, ce qui lui permet d’être plus sereine. L’objectif est désormais d’optimiser la performance sur les grands rendez-vous internationaux, et plus seulement de se battre pour être qualifié. C’est une configuration différente pour nous.

Désormais, le staff est renforcé autour de Léonie. En quoi ça consiste ?

Tous les petits détails font la différence à haut niveau. C’est pour ça qu’on a renforcé l’entourage pour préparer Léonie de la meilleure manière possible. Sur certaines épreuves, on fait appel à des entraîneurs spécialistes. C’est le cas avec Freddy Servant qui est là pour travailler sur les lancers. Concernant le 800m, on fait appel à Bruno Gajer, l’entraîneur de Rénelle Lamote. C’est d’autant plus adapté qu’il a déjà encadré des 800m pour d’autres athlètes d’épreuves combinées. Autant s’entourer des meilleurs ! Je n’ai pas la science infuse, et je n’ai pas la prétention de vouloir garder le leadership sur tout pour mon athlète. Pour ma part, j’ai le rôle de chef d’orchestre, pour organiser l’ensemble et garantir le meilleur pour la réussite de Léonie.

«  Léo’, c’est un fort caractère ! »

Pour revenir sur l’année 2022 : que retenez-vous de cette saison ?

La première chose pour moi, c’est l’hiver qu’elle a produit. Léonie a réussi de grandes performances. Aux Mondiaux indoor de Belgrade, elle était tout de suite sous les feux des projecteurs, et elle a fait 7e, ce qui est très satisfaisant. Ce qu’on a à retenir aussi, c’est qu’on a eu la preuve qu’il est impossible de maintenir un pic de forme sur l’entièreté de la saison. A la fin de l’été, cela s’est vu sur les championnats d’Europe, il a manqué de la fraîcheur. Mais voir ce que Léonie a accompli, avec les gênes physiques et la charge de travail, c’est très prometteur. Elle a compensé avec beaucoup d’envie, de tempérament. Léo’, c’est un fort caractère ! Elle sait mettre à profit cette énergie pour se pousser plus haut. A mon avis, c’est ce qui fera la différence en sa faveur à l’avenir.

En tant que coach, qu’est-ce qui pourrait vous satisfaire pour la saison 2023 ?

C’est très simple. Je veux voir Léonie aux Jeux olympiques à Paris l’an prochain. Et pour cela, elle peut se qualifier dès cette année. Le minimum est d’être dans le top 24, ce qui est pour l’instant son cas. Mais les prétendantes sont très nombreuses, et plus elle se rapprochera du top 16, mieux elle sera à l’abri au plus tôt. Si elle parvient à garantir sa place dès cette année, je serai très satisfait.

En quoi le fait que vous ayez vous-même fait les JO (à Sydney, en 2000, quelques mois après la naissance de Léonie), peut être utile à Léonie ?

Oui, complètement. En particulier sur le plan émotionnel. Avoir été moi-même athlète de haut niveau sur les épreuves combinées est réellement un plus. Sur les grandes échéances, on ne découvre pas tous les deux les enjeux et la pression que l’on peut ressentir. Cela dit, ce n’est pas vraiment un problème pour elle, elle sait très bien gérer les attentes. Pour les Jeux, on en parlera ensemble plus tard. Pour l’instant, on est focus sur la saison 2023 et les performances à aller chercher, avec cette qualif’ olympique au bout.