Vendée Globe : Damien Seguin, le navigateur qui impressionne

Premier navigateur handicapé à participer au Vendée Globe, Damien Seguin a un pied sur les marches du podium. Né sans main gauche, le navigateur à bord d’Apicil a su s’adapter pour rivaliser avec ses concurrents.

Damien Seguin creuse l’écart. Après presque 64 jours de compétition, le skippeur de 41 ans pointe à la quatrième place du Vendée Globe. Dépassé dans la nuit par son concurrent direct : Thomas Ruyant, Damien Seguin navigue au large des côtes argentines.
Damien Seguin performe dans plusieurs disciplines. Le Briançonnais (Hautes-Alpes) mène deux carrières. Il s’illustre en effet à la fois en voile paralympique et dans la course au large. Le skippeur français est bardé de médailles. A son actif : 5 titres de champion du monde et deux médailles d’or aux Jeux paralympiques (2004-2016), plus une médaille d’argent (2008). Fort de son palmarès, il décide alors de se jeter au large. Il commence d’abord en Figaro, puis en Class40 (classe de voilier) avec à son actif deux participations à La Route du Rhum en solitaire (10 ème en 2010, 8 ème en 2014) ainsi qu’une deuxième place sur la Transat Jacques-Vabre (2011). Après avoir remporté le Tour de France à la voile (2017), il se lance dans un projet ambitieux : le Vendée Globe.
Une course pas comme les autres. Le Vendée Globe fait peur à plus d’un marin ! Pourtant le skippeur français donne l’impression que tout lui réussit. En effet, on découvre petit à petit un candidat sérieux au podium. La clef de son succès, Damien Seguin l’a doit notamment à sa préparation. Il s’est entouré des meilleurs. Le skipper du Groupe Apicil s’est adjoint les conseils techniques d’un expert en la matière : Jean Le Cam. « Le Roi Jean » comme on le surnomme, l’a alors aidé à adapter son bateau mais aussi sa manière de naviguer. En tout c’est une équipe de six marins, six têtes qui maximisent le potentiel du monocoque du coureur français.
 

 
Damien Seguin redouble de volonté mais aussi d’ingéniosité pour mener à bout son projet. Précepte ou encore mode de vie, le skippeur a su s’adapter pour réussir. Né sans l’usage de sa main gauche, son handicap n’a jamais été rédhibitoire, au contraire. Jour après jour, il prouve qu’il peut réussir avec les mêmes éléments qu’un skippeur valide. Rien ne distingue son bateau de celui de ses concurrents. A un détail près : la colonne de winch, cet élément qui permet de régler les voiles et de les lever dans le mât. A la manière d’un « moulin à café », cet exercice est très physique et nécessite la force des deux bras. Le marin détaille : « on a adapté un manchon. Je mets mon moignon dans le manchon et ça me permet d’utiliser la puissance du bras droit et du bras gauche en même temps. » Comme il aime le dire mais aussi le prouver, « c’est plutôt à moi de m’adapter au bateau que le contraire. » Cette envie de réussir à tout prix, Damien Seguin la cultive depuis petit. Adolescent, déjà marin dans l’âme, le skippeur rêve de disputer les plus grandes compétitions notamment la Route du Rhum, cette traversée de l’Atlantique entre Saint-Malo et la Guadeloupe où il a grandi.
 

 
Le voilà, plus que jamais, bien placé pour arriver sur le podium. Mais comme vous l’aurez compris, son possible exploit va au-delà de la compétition. Le père de deux enfants veut saisir cette occasion pour montrer que rien n’est impossible. Dans une interview accordée à France info, Damien Seguin conclut : « Je pense que mon parcours a au moins la valeur de l’exemple. Je vois bien dans les témoignages que je reçois que ça donne une certaine forme d’espoir à des parents qui ont des gamins handicapés. J’ai la chance de faire un sport un peu médiatisé. J’ai la chance d’incarner quelque chose de positif. Tout ça fait partie de mon histoire et cette histoire-là, j’ai envie de l’écrire sur tous les océans du globe et de la partager avec le maximum de personnes. »

Arthur Glory