Un seul être vous manque, et tous ont un coup à jouer

Pour la première fois depuis 2008, l’équipe de France de biathlon débutera les Mondiaux sans Martin Fourcade. Pour autant, les Bleus ont les moyens de décrocher des médailles et de faire trembler l’ogre norvégien.

 
L’élite du biathlon a rendez-vous à Pokljuka, du 10 au 21 février, pour les championnats du monde. Pas question d’admirer les beaux paysages slovènes, les Bleus seront là-bas pour faire tomber les cibles et monter sur les podiums. Contrairement aux douze dernières années, l’équipe de France ne pourra pas compter sur Martin Fourcade pour se couvrir d’or. Le tout jeune retraité a raccroché les skis et la carabine avec un palmarès exceptionnel. Martin Fourcade, c’est 28 médailles aux championnats du monde : 11 titres dans les épreuves individuelles, un record partagé avec l’autre légende du biathlon, le Norvégien Ole Einar Bjørndalen, 2 titres en relais, 10 médailles d’argent et 5 médailles de bronze. Le départ d’un tel champion aurait pu laisser un vide dans le clan tricolore, mais c’était sans compter sur la relève, bien décidée à jouer les premiers rôles.
 
L’an passé, lors des Mondiaux italiens d’Antholz-Anterselva, la passation de pouvoir était déjà en train de se faire. Si Martin Fourcade avait évidemment participé à la moisson tricolore (8 médailles dont trois titres) avec le titre sur l’Individuel et le bronze sur le sprint, ses coéquipiers avaient également donné des frissons aux supporters bleus. Quentin Fillon Maillet s’était couvert d’argent sur le Sprint et sur la Mass Start. Emilien Jacquelin avait réalisé une Poursuite de rêve pour se parer d’or, avant de décrocher une belle médaille de bronze sur la Mass Start. Le Grenoblois a également pris la troisième place du relais mixte simple avec Anaïs Bescond, et a participé au relais masculin victorieux avec Martin Fourcade, Simon Desthieux et Quentin Fillon Maillet.
 

Pokljuka, un site qui réussit aux Tricolores


Nul doute que l’équipe masculine signerait tout de suite pour rééditer les performances de l’hiver dernier. Et les Bleus peuvent y croire, avec Emilien Jacquelin et Quentin Fillon Maillet dans le Top 10 du classement de la Coupe du monde, avec Fabien Claude et Simon Desthieux dans le Top 20, et avec un Antonin Guigonnat qui monte en puissance. Les Tricolores enchaînent les podiums (victoire pour Fillon Maillet sur la Poursuite d’Hochfilzen, en Autriche, après une deuxième place sur le Sprint, deux deuxièmes places pour Emilien Jacquelin sur les Poursuites autrichiennes, deux podiums pour Fabien Claude) et ils ont rectifié le tir après deux relais manqués, en s’imposant à Oberhof, en Allemagne grâce à Simon Desthieux, Quentin Fillon Maillet, Fabien Claude et Emilien Jacquelin.
 
Dans l’équipe féminine, si les Mondiaux 2020 ont été décevants, l’optimisme est de rigueur pour le rendez-vous slovène. Avec quatre filles dans le Top 20 du classement général de la Coupe du monde, les Bleues ne partiront pas favorites, mais elles sont capables de faire des coups. Rapides sur les skis, il ne faudra pas tergiverser sur le pas de tir pour espérer monter sur la boîte. Victorieuse de la Mass Start d’Oberhof et 3e de la Poursuite d’Hochfilzen cet hiver, Julia Simon sera l’atout numéro 1 des Bleues, qui pourront également compter sur Anaïs Chevalier-Bouchet, 2e du Sprint de Kontiolahti. Le duo sera épaulé par Justine Braisaz-Bouchet et Anaïs Bescond, qui ont déjà participé à la cérémonie des fleurs (réservée au Top 6 de chaque épreuve) cette année. Ce quatuor très homogène peut briller sur le relais, comme il l’a déjà montré avec deux deuxièmes places à Kontiolahti et Hochfilzen.
 
Elément rassurant pour les Bleus, le site de Pokljuka leur réussit plutôt bien. Les Mondiaux sont déjà passés trois fois par le site slovène, dont deux en année olympique, avec un programme donc très réduit. En 1998, Raphaël Poirée (médaille de bronze) et Corinne Niogret (médaille d’argent) avaient parfaitement profité de la seule épreuve individuelle disputée, la Poursuite. Les leaders tricolores de l’époque étaient revenus en Slovénie trois ans plus tard, avec la même réussite. Lors des Mondiaux 2001, Raphaël Poirée et Corinne Niogret avait décroché l’argent sur la Poursuite. Poirée y avait ajouté l’or sur la Mass Start. Titre mondial également remporté par le relais masculin, composé de Gilles Marguet, Vincent Defrasne, Julien Robert et Raphaël Poirée. En 2006, seul le relais mixte avait été disputé à Pokljuka, l’occasion pour Florence Baverel-Robert, Vincent Defrasne, Sandrine Bailly et Raphaël Poirée de repartir avec un souvenir « bronzé » de ces mini-Mondiaux.
 

La Norvège grande favorite

 
Dans un passé encore plus proche, le site de Pokljuka a souvent été synonyme de réussite pour l’équipe de France. Lors de l’étape slovène de la Coupe du monde 2019-2020, Les Tricolores avaient remporté le relais mixte simple (Emilien Jacquelin et Anaïs Bescond) et le relais mixte (Quentin Fillon Maillet, Simon Desthieux, Justine Braisaz-Bouchet et Julia Simon). La France était représentée sur tous les podiums de ce rendez-vous, puisque Quentin Fillon Maillet avait remporté la Mass Start, Fabien Claude avait pris la troisième place de l’Individuel, alors qu’Anaïs Bescond était montée deux fois sur la boîte (troisième de l’Individuel et de la Mass Start).
 
L’ensemble de la délégation tricolore peut nourrir de belles ambitions, et va devoir lutter avec les athlètes scandinaves. Lors des six premières étapes de l’hiver, les Suédois ont montré de belles dispositions avec 13 podiums dont 3 victoires. Ils peuvent principalement compter sur les sœurs Hanna et Elvira Oeberg pour les courses féminines, et sur Sebastian Samuelsson et Martin Ponsiluoma chez les hommes. La Suède aura des atouts à faire valoir, mais le véritable ogre de la compétition risque bien de s’appeler la Norvège. Sur la même période, les Norvégiens ont décroché 39 podiums dans les épreuves individuelles, dont 18 victoires grâce à six athlètes différents. Chez les femmes, Tiril Eckhoff (6 victoires) et Marte Olsbu Røiseland (6 podiums dont 2 succès) seront difficiles à battre. La menace vient de partout dans les courses masculines, avec quatre athlètes qui s’invitent régulièrement sur les podiums : Johannes Boe (8 podiums dont 3 victoires), Sturla Laegreid (6 podiums dont 4 victoires), Tarjei Boe (5 podiums dont 2 victoires) et Johannes Dale (4 podiums dont 1 victoire). Aux Bleus de contrarier la dynamique norvégienne.
 

Simon Bardet