Tifany Huot-Marchand : « Je veux remonter la pente »

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Après des Jeux Olympiques très difficiles, la short-trackeuse Tifany Huot-Marchand est désormais tournée vers les Mondiaux à Montréal (Canada), dernière compétition de la saison. Avec la volonté de montrer qu’elle vaut mieux que ces performances décevantes à Pékin.

Du 8 au 10 avril, se tiennent les championnats du monde de short-track à Montréal (Canada). Quelles sont vos ambitions au Québec ?

Déjà, il n’y aura pas de relais malheureusement. On était qualifiées mais pas assez compétitives pour jouer les premiers rôles, avec des absences importantes dans l’équipe. En tant que vice-championnes en titre, on ne voulait pas venir faire de la figuration. À titre personnel, je ne me fixe pas d’objectifs chiffrés. Je veux juste remonter la pente, après ces Jeux Olympiques qui se sont très mal passés.

Justement, ces Jeux étaient assez loin de ce que vous espériez à Pékin (élimination dès les séries sur chute au 500m, disqualification sur le 1 000m et seulement 1/4 de finales sur 1500m). Maintenant, vous voulez repartir de l’avant après cette désillusion ?

Ces Jeux, c’était catastrophique. Les Jeux Olympiques, c’est mon rêve depuis que j’ai commencé le short-track. Je vis pour ça, je m’entraîne pour ça, depuis plusieurs années. Avec un tel échec, c’est dur de se relever. Désormais, je veux repartir du bon pied et recommencer à me sentir bien. Prendre course après course, et montrer ma vraie valeur.

« Voir tous ces efforts consentis depuis des années qui ne payaient pas le jour J, c’était affreux… »

A Pékin, vous n’avez pas pu vous exprimer pleinement sur la glace ?

Non clairement pas. Le mois avant les Jeux, en janvier, j’ai eu le covid long. Malgré mes efforts, je voyais bien que je n’arrivais pas à récupérer et que j’allais arriver diminuée aux Jeux. C’était vraiment difficile. En arrivant, je savais que ça allait mal se passer, que je manquais de forme et d’entraînements. Pendant les courses, je me sentais impuissante, et j’avais envie de pleurer sur la glace… Voir tous ces efforts consentis depuis des années qui ne payaient pas le jour J, c’était affreux. On sait que les Jeux sont LE grand moment, qu’une médaille peut tout changer pour nous, aussi pour la médiatisation de notre sport. Finalement, c’était un massacre et je suis complètement passée à côté…

C’est d’autant plus frustrant pour vous que cette saison en Coupe du Monde a été aboutie, avec plusieurs bons résultats, des top 20, top 15 réguliers…

Oui, cette saison s’était très bien passée. D’autant que l’objectif, c’était juste d’aller chercher la qualification pour les JO. Et j’ai fait quasiment toutes les finales. Alors j’étais vraiment prête, je savais que j’avais les moyens de faire une finale aux Jeux… Maintenant, je suis tournée vers les prochains JO à Milan, dans quatre ans. D’ici là, le but est d’être performante sur toutes les compétitions auxquelles je participerai. J’ai juste envie de garder en tête que ce n’est qu’un sport, un jeu.

« Se promener partout avec mon ballon de rugby pendant les Jeux, c’était un moyen de déconnecter »

L’aspect mental a une place importante dans votre préparation, quelle est votre approche et qu’est-ce que cela vous apporte ?

Je travaille avec une préparatrice mentale, qui m’aide dans les entraînements ainsi que dans la vie de tous les jours. Elle m’aide à mettre en place des routines, par exemple de méditation et de visualisation. Le yoga, également, a plusieurs bienfaits dans la pratique de mon sport. Ensemble, on cherche des outils qui peuvent fonctionner. Par exemple, pendant toute la durée des Jeux, je me suis promenée avec mon ballon de rugby. C’était un moyen de déconnecter, avec un objet qui n’a rien à voir avec le short-track. À Pékin, j’étais prête mentalement, c’était le corps qui ne voulait pas suivre…

Ce ballon de rugby, vous l’avez justement mis en scène sur vos réseaux sociaux. Un terrain que vous avez vraiment investi, avec des vidéos qui ont fait plusieurs millions de vues !

Oui, c’est vrai ! Pourtant, la première vidéo qui a fait autant de vues, c’était juste pour montrer ma combinaison de l’Équipe de France. Pourtant, si je ne faisais pas de sport, je n’aurais même pas de réseaux sociaux ! Je n’y suis pas très à l’aise, et je me suis fait violence ces dernières années pour poster. Mais c’est important pour notre sport, très peu médiatisé, aussi pour les sponsors que pour montrer qu’on existe. Ça a pris comme ça, c’est sorti un peu de nulle part, mais tant mieux !

Même si vous passez la plupart du temps à Font-Romeu, le QG du short-track français, vous gardez un fort ancrage en Bourgogne Franche-Comté ?

Oui, il y a encore toute ma famille là-bas. Je reste licenciée à Belfort, et je suis certaine de ne jamais changer de club. J’essaye d’aller y patiner souvent, dès que je peux, j’y vais. Sans le club, sans la ville de Belfort, ça ferait longtemps que j’aurais arrêté le short-track. Sans aide, sans subvention, ce ne serait pas possible. Mon contrat avec l’INSEP m’aide aussi beaucoup.

Le CROS Bourgogne-Franche-Comté aussi joue un rôle dans le soutien de votre carrière ?

Il y a beaucoup de liens avec le CROS oui, on est souvent en contact. [La short-trackeuse a été ambassadrice Sentez-Vous Sport de la région, et a aussi réalisé une vidéo humoristique avec « Titi » lors de la série « J’irai aux Jeux », co-financé par le CROS BFC] On a déjà mis quelques projets en place, et j’essaye de participer à un maximum d’événements, même si c’est en ligne. Avec la fin de saison, j’aurai plus l’occasion d’y être en présentiel. C’est aussi très important.