Théo Curin : « Construire des histoires avec les partenaires »

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Théo Curin, nageur de l’extrême, a pris part à la table ronde intitulée Quel modèle pour financer le sport de haut niveau ?, jeudi, lors de Demain Le Sport. Il se confie sur l’importance de créer du lien et de les maintenir avec les sponsors.

Pour vous, la thématique du modèle de financement d’un sportif de haut niveau est-elle une thématique importante pour un sportif paralympique ?

Oui, bien sûr. La thématique de la table ronde pour laquelle j’ai témoigné était intéressante. C’est vrai qu’on a parlé de finances et même vulgairement d’argent dans le sport et pour les sportifs. C’est un sujet qui peut être un peu tabou et c’était l’occasion de raconter un peu comment ça s’est passé pour moi. J’ai arrêté la compétition et j’ai décidé de créer des expéditions, j’ai pris un risque entre guillemets parce que je n’étais pas sûr que mes partenaires continuent à me suivre après cette décision. Finalement, ça l’a fait. L’idée, c’est aussi de rassurer les athlètes qu’aujourd’hui, on va dans le bon sens, sur plein de sujets. Il y a plein de choses qui ne vont pas, c’est clair. Il y a encore plein de choses sur lesquelles on peut progresser et je trouve qu’on va dans le bon sens. Il y a plein de team d’athlètes qui sont en train de se créer. Il y a plein d’entreprises qui jouent le jeu et en plus de ça, on a les Jeux de Paris 2024 qui arrivent dans à peine deux ans. Je pense que ça, c’est un enjeu hyper important et une force supplémentaire pour les entreprises en se disant : « OK, là, si on investit sur des sportifs, c’est concret parce que dans deux ans il y aura des athlètes de chez nous pour participer à la plus grande compétition mondiale. » Et le risque aussi, c’est qu’après les Jeux, il n’y ait plus rien qui se passe. L’enjeu pour nous, sans mauvais jeu de mot, c’est de faire confiance aux entreprises. Il faut aussi que les entreprises fassent confiance aux sportifs en disant : « OK, les Jeux sont passés maintenant, qu’est ce qu’on fait ? Mais on ne se lâche pas, on essaye d’imaginer d’autres trucs. »

Le modèle, en termes de réussite paralympique, c’est Londres 2012. Pensez-vous que tout est mis en place à Paris pour faire encore mieux ?

Honnêtement, oui. Moi, je fais partie de la commission des athlètes. Donc j’ai la chance de suivre l’organisation des Jeux, je vois une véritable ambition de la part des acteurs des Jeux de Paris 2024. Ils ont vraiment envie que ce soit un événement hyper innovant. Ils ont envie de mettre en place aucune inégalité ou aucune différence entre les Jeux olympiques et paralympiques. Forcément, il y en aura. Parce que le truc tout bête, c’est que ce seront deux compétitions différentes. En tout cas, ils vont essayer d’organiser des Jeux mémorables et c’est bien parti.

« Simplement créer des histoires » 

Vous parliez des sponsors au début. Comment vous et les athlètes, de manière générale, arrivez-vous à créer du lien avec les sponsors et à les maintenir ?

C’est tout simplement créer des histoires. Je pense que quand on part avec une vision commune qui n’est pas bonne du style : « le but c’est juste donner un chèque pour qu’on puisse te mettre en photo, sur tous nos communiqués de presse etc. » Je pense que c’est sûr que ça va se casser la gueule à un moment donné, alors que si on met en avant une vraie histoire entre un sportif et une marque, les choses vont beaucoup plus loin. Moi, c’est ce que je fais avec mes partenaires. On est partis de pas grand-chose, d’un petit chèque et de pas beaucoup de contreparties. Aujourd’hui, il y a des chèques un peu plus conséquents, mais avec des vraies contreparties. Et aujourd’hui, ces contreparties, c’est pratiquement mon job, donc c’est hyper intéressant. Il faut construire des histoires avant de construire un simple partenariat, une collaboration.

Vous allez continuer cette histoire avec les partenaires en novembre prochain lors d’un prochain défi sportif. Comment cela s’est mis en place avec les partenaires ?

Les partenaires ont décidé de me faire confiance quand j’ai décidé d’arrêter la compétition et ils ont continué à me suivre après avec Titicaca. Et là, en gros, c’est pareil. Quand j’ai mis en avant ma nouvelle idée de traversée avec le défi de la Santa Fe Coronda, les partenaires ont continué à me suivre et c’est génial. Moi, j’aime voir les mêmes marques qui me suivent dans tous les défis sportifs, parce que j’ai l’impression de progresser avec eux quelque part et on a tous quelque chose à s’apporter. C’est ça qui est juste génial.