Sébastien Verdin : « On vient chercher l’or à la maison »

France Paralympique

Avant les Championnats d’Europe de rugby-fauteuil à Paris (22-26 février), Sébastien Verdin revient sur les ambitions de l’Équipe de France, la magie des Jeux Paralympiques, mais aussi son parcours et sa passion pour le sport.

La grande échéance approche, avec ces championnats d’Europe à domicile à Paris (du 22 au 26 février prochain). Quelles sont les ambitions de la France ?

Sébastien VERDIN : On veut clairement aller chercher le titre à la maison ! On a montré qu’on en était tout à fait capables. Aux Jeux Paralympiques, on est tout près de battre le Japon, une des toutes meilleures nations mondiales (2e au ranking WWR derrière les USA, ndlr). On est en pleine confiance, et sur un match tout peut arriver. La France peut clairement batailler pour le titre.

C’est vrai que passer les poules semble très abordables, avec uniquement des adversaires moins bien classés (Danemark, Suisse, Russie). Dans l’autre groupe, la Grande-Bretagne fait office d’épouvantail…

Les Britanniques sont parmi les favoris, c’est sûr, même s’ils n’ont pas tous leurs meilleurs joueurs. En tant que pays organisateur, c’est nous qui avons choisi notre groupe. On a pris celui du Danemark, qui est notre rival direct en termes de niveau (la France est 6e nation mondiale, le Danemark 7e ndlr). Aux championnats d’Europe de 2019, on se fait justement surprendre par les Danois en demies. Alors on a pris la décision d’être dans leur groupe, pour les affronter déjà en poules et les éviter en demies. Si on termine chacun premier de notre groupe, on devrait retrouver la Grande-Bretagne en finale…

 

« La Covid a un peu gâché les Jeux »

Aux Jeux Paralympiques de Tokyo, la France a fait un très beau parcours (6e). Quels souvenirs gardes-tu de cette épopée au Japon ?

C’était…mitigé. Côté sportif, c’était génial. C’est la compétition ultime dont tous les sportifs rêvent. Jouer dans des grands stades, en direct à la télé, l’émulation qu’il y a eu avec les supporters en France, c’était top ! Mais le « côté covid » a un peu gâché les Jeux. Pas de public, des restrictions assez pénibles, peu de rencontres entre athlètes et pas mal de stress… ça enlevait la dimension « fête du sport » qu’il y a normalement autour des Jeux. Pour être honnête j’ai même préféré le TQP (tournoi de qualification paralympique) ! Il y avait une meilleure ambiance et plus d’émotions. Décrocher ce ticket pour les Jeux, c’était vraiment très fort.

Quelle image, avais-tu des Jeux Paralympiques avant d’y participer. C’est quelque chose que tu as toujours voulu faire, en tant que fan de sport ?

Ah oui, je voulais absolument y participer. Peu importe le sport ! J’y suis venu grâce au rugby, mais je fais aussi du basket. Et j’ai fait de l’athlétisme aussi quand j’étais plus jeune. Je m’étais dit que si je ne fais pas au moins une fois les Jeux dans ma vie, j’ai gâché ma carrière sportive. C’était énorme d’y aller ! Maintenant que c’est fait, je dois me trouver un autre rêve.

« Ouvrir les esprits et le regard des enfants sur le handicap »

Quel regard portes-tu sur l’évolution du handisport ? Plus de médias s’y intéressent, le milieu se professionnalise…

C’est clair que ça évolue. La plupart du handisport n’est pas professionnel, mais ça change. C’est d’ailleurs pour cela que l’on parle plutôt de « parasport », pour aller justement vers ce professionnalisme et que le côté « performance » passe avant tout, avant le côté « handicap ». Avec les Jeux à Tokyo, on a déjà vu une grosse évolution de la part des médias. Et c’est vrai que notre sport, le rugby-fauteuil, peut avoir son rôle à jouer, puisqu’il est assez accessible et spectaculaire, avec tous ses contacts.

Sensibiliser au handisport, c’est quelque chose d’important pour toi, tu mènes plusieurs actions à ce sujet chez toi, à Dijon. Comment ça se passe et quels sont les objectifs ?

J’ai un partenariat avec la Ville de Dijon, et chaque année, je suis impliqué dans plusieurs initiatives. Par exemple récemment, avec la Semaine Olympique et Paralympique. J’y ai pris part avec le CROS Bourgogne-Franche-Comté à certains moments de la semaine. Avec une classe, en accompagnement d’une séance de sport, on répondait aux questions des enfants et on les éclairait sur notre parcours, notre sport… L’an passé, j’étais allé à Besançon avec le CROS. C’est important, dès le plus jeune âge, d’ouvrir les esprits et le regard des enfants. Pour que ça devienne naturel et banal pour eux de voir des personnes en situation de handicap.

Quel est ton parcours, et quelle est ta profession en dehors de ta carrière sportive ?

Je suis arrivé à Dijon en 2016, où j’ai d’abord intégré la section basket-fauteuil de la JDA Dijon. Ensuite, Corentin Le Guen [autre joueur de l’Equipe de France, ndlr] m’a attiré dans son projet de club de rugby-fauteuil, les Black Chairs, basé à Nuits-Saint-Georges. Très vite j’ai intégré l’équipe de France, puisqu’après un an de pratique, j’ai été sélectionné. En parallèle, j’ai fait des études en STAPS, et je suis maintenant préparateur physique et mental. J’accompagne notamment une jeune athlète, Léa Ferney, qui a fait une médaille d’argent en tennis de table aux Jeux Paralympiques à Tokyo. Avec l’Equipe de France, je veux devenir un des joueurs majeurs et que l’on marque l’histoire de notre sport. Alors pour les Championnats d’Europe, on aura besoin du soutien de tout le monde à domicile !