Romane Dicko, nouvelle étoile du judo

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Déjà double championne d’Europe et médaillée olympique à 22 ans, Romane Dicko (+78kg) incarne cette relève déjà performante du judo français. Après une première aux Jeux à Tokyo, la judokate veut aller chercher le titre, à la maison, à Paris en 2024. Toujours en avance dans son parcours de sportive, la Tricolore a su repartir de l’avant après une longue période de pépins physiques.

Romane Dicko et les Jeux, une histoire qui remonte à ses débuts dans le judo. C’est en regardant Audrey Tcheuméo décrocher le bronze, à Londres en 2012, qu’elle et son père décident de se lancer dans le judo. Une dizaine d’années plus tard, la voilà elle aussi médaillée à Tokyo, et même championne olympique par équipes avec la bande de Teddy Riner et Clarisse Agbegnenou. « La boucle est bouclée c’est vrai ! Mais il reste encore tellement de choses à faire… », laisse planer la Parisienne. A Tokyo cet été, Romane Dicko venait chercher l’or. Avec le soulagement du devoir accompli se mélangeait alors la déception de cette troisième place. A Paris, la judokate compte bien aller chercher plus haut.

Une croissance exponentielle

Au moment de notre interview, Romane Dicko est en pleine forme. Après une finale au Grand Slam de Paris en février, celle qui est étudiante en mathématiques à la Sorbonne dans la vie décroche cette fois l’or à Tel-Aviv. Une ville qui lui réussit, puisque c’est déjà dans la cité israélienne que la Française s’est adjugée le premier de ses deux titres de championnes d’Europe. C’était en 2020, elle avait alors à peine 18 ans. Encore junior, elle est surclassée et domine finalement la compétition. Depuis ses débuts dans le judo, la Parisienne a toujours été une précoce. Après sa première entrée sur le tatami à 13 ans, tout va très vite. « En un an seulement, mes entraîneurs me disaient que j’avais du potentiel. Alors je me suis mis à fond dedans. C’est quand je suis entré au Pôle Espoirs, puis à l’INSEP, que je me suis dit que le judo me convenait vraiment. Je voulais déjà atteindre le plus haut niveau. » En 2016, la native de Clamart décroche son premier titre de championne de France en +78kg, alors qu’elle est encore cadette et n’a même pas encore obtenu sa ceinture noire. La même année, elle est appelée en équipe de France pour disputer les championnats d’Europe de sa catégorie. Carton plein, Romane repart avec l’or en individuel et par équipe. Les deux années suivantes, elle remporte de nouveau le titre continental, d’abord en juniors puis chez les seniors, passant les paliers à vitesse grand V. « C’est vrai que j’ai eu une progression en flèche. J’étais jeune, mais je voyais bien que je faisais des performances en avance sur mon âge. Chaque année, je sentais que je sautais plusieurs marches» reconnaît la Tricolore, parfois comparé à Teddy Riner pour sa précocité dans la catégorie des plus lourds.

« Revenir de blessure, ça m’a forgée »

A seulement 22 ans, la jeune judokate a déjà connu deux carrières. La deuxième a démarré en 2020, après presque deux saisons sans la moindre compétition. Après une opération à l’épaule, puis une blessure au genou, Romane Dicko revient de loin. « C’était une période vraiment compliquée », se rappelle la judokate. « Ma première opération est arrivée juste après mon titre européen en 2018. J’étais lancée pour aller chercher une médaille mondiale, ça a brisé ma dynamique. Je voyais mes adversaires avancer, mais moi je faisais du surplace… C’est dur alors on s’accroche, on pense à nos rêves, aux Jeux Olympiques, à tout ce qu’on a pour en arriver là, les sacrifices… Alors on se dit qu’on n’a pas le droit d’abandonner. » Petit à petit, la judokate revient sur les tatamis, avec la ferme intention d’aller chercher une qualification olympique. Dès son retour, elle claque deux victoires, à Paris puis Tel-Aviv, avant d’être sélectionnée aux Jeux et d’aller y chercher deux médailles. Avec le recul, elle sait que cette période l’a rendu plus forte : « Réussir à revenir de ces blessures, ça m’a forgée. J’ai pu me construire un autre corps, plus solide et mieux préparée. Mentalement surtout, je suis devenu beaucoup plus forte. J’étais obligé de l’être pour ne pas lâcher, et aujourd’hui je sais que ça m’a rendue meilleure, sur tous les plans ».

A Paris, l’or avant tout

A Tokyo, le bilan est mitigé malgré ces deux podiums olympiques. Avec le recul, Romane Dicko retient les célébrations mais aussi cette amertume, qui lui donne envie de faire mieux : « Forcément, je venais chercher la victoire. Mais dans mes pleurs après ma 3e place, il y a aussi des larmes de joie. Je pensais à toutes mes années de galères, de souffrances, de remises en question…Et je me disais que ça y est, je l’ai fait ! Le titre par équipes juste derrière, c’était exceptionnel. Gagner avec cette équipe, face au Japon chez eux, c’était grandiose. ». D’ici Paris 2024, la judokate a encore une marge de progression. Après cette participation et une première découverte à Rio en 2016, en visite avec son club d’alors, la Tricolore a démystifié le graal olympique. En figure de proue d’une équipe de France aussi prometteuse qu’ambitieuse, Romane Dicko vise la plus belle des médailles: « la génération 2024 est déjà là, on a faim de médailles et d’émotions. Toute l’équipe de France va se battre, c’est garanti ! »