Pierre Trochet : « La francophonie, un terreau fertile pour le football américain »

FFFA

La Fédération Internationale de Football Américain (IFAF) a annoncé un partenariat avec la fédération française, afin de développer ses pratiques dans la francophonie. Entretien avec Pierre Trochet, président de l’IFAF.

La Fédération Internationale de Football Américain (IFAF) et la Fédération Française de Football Américain (FFFA) main dans la main. La semaine passée, les deux entités ont annoncé un partenariat, pour un projet de développement conjoint. L’initiative « Flag, football and Francophonie » veut s’appuyer sur le travail de la FFFA dans les pays dont la langue française est majeure. Pierre Trochet, président de l’IFAF a répondu à nos questions.

Pourquoi avoir lancé ce projet commun de développement centré autour de la francophonie ?

Le français est une des langues les plus parlées dans le monde, avec un héritage présent dans plusieurs pays d’Europe, en Afrique, au Canada, dans l’Océanie et dans le Pacifique. … La francophonie est un mouvement qui valorise cet héritage. Au sein des 72 nations de l’IFAF, on en compte une douzaine dont le français est la première langue du pays, ou du moins une langue officielle. Plusieurs pays francophones sont en plein développement autour de nos disciplines. Je pense au Cameroun qui grandit très vite, ou encore au Maroc et ses nombreuses initiatives autour du flag football.

« La FFFA possède un vrai savoir-faire »

En quoi la FFFA est-elle un allié adapté pour développer les pratiques du football américain et du flag à travers le monde ?

Il était naturel de se tourner vers la France, pour être le leader de cette dynamique de partage et de développement. La France est la deuxième plus grande nation européenne de notre fédération, et la FFFA possède un vrai savoir-faire en termes d’encadrement, de formation des arbitres, de développement des jeunes et d’accès à la pratique. C’est une fédération sur laquelle on peut s’appuyer pour ce projet francophonie. On fait également le lien avec les Jeux olympiques de Paris 2024, et le rayonnement de la France en matière de sport. Il y a donc un terreau fertile pour des opportunités d’échanges et de développement de nos sports, en français.

C’est donc la FFFA qui prend le leadership sur ce projet ?

Tout à fait, même si on n’exclut pas une rotation des organismes engagés autour du projet. La FFFA prend le leadership pour engager les échanges, coordonner et animer le partage d’informations et de méthode avec les pays concernés. On est dans une logique vraiment collaborative. Au fil du temps, on pourrait mettre en avant particulièrement la Côte d’Ivoire, la Belgique, Haïti, la Guyane…

« Des relations exceptionnelles avec la NFL »

Ce partenariat s’intitule « Flag, football and Francophonie », ce qui prouve que le flag a une place centrale dans le développement mondial de l’IFAF…

Exactement, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, car l’accès au sport est plus ouvert et inclusif. Une discipline mixte, sans contact, qui permet à n’importe qui de jouer avec peu d’équipements nécessaires. C’est un sport qui se joue partout et pour tous. Le flag a un côté fun et famille. Si on regarde les pays francophones, la majorité est en développement, hormis la France et le Canada. On a surtout besoin d’envie, de savoir-faire, d’équipements, de projets et d’inclusion. Le flag est la porte d’entrée parfaite, la plus rapide et la plus efficace. En termes de participation, on compte plus de 20 millions de joueurs, dans une centaine de pays. Le flag est un des sports qui se développent le plus dans le monde, avec les efforts de l’IFAF mais aussi de la NFL.

Justement, la NFL (la grande ligue de football américain aux Etats-Unis) mène également des projets de développement dans des pays francophones, en particulier en Afrique. Comment l’IFAF vient-elle se poser en complémentarité ?

On a la chance d’avoir des relations exceptionnelles avec la NFL. Ce n’est pas une concurrence, on a vraiment un rapport complémentaire. L’IFAF est un organe de gouvernance, tandis que la NFL est une entreprise commerciale, mais on parvient à s’aligner sur nombre de projets, en particulier la campagne olympique pour Los Angeles 2028. Nous avons des intérêts communs sur le territoire africain, avec plusieurs talents du continent qui ont intégré la NFL vient ses programmes internationaux. La NFL apporte ses moyens et sa visibilité, et nous, l’IFAF, apportons notre soutien à la formation, la structuration locale des clubs, championnats, arbitres… c’est extrêmement complémentaire.

« Les Jeux olympiques de 2028 ne sont pas une finalité »

Ce week-end des 21 et 22 mai, le flag tient ses championnats de France à Montpellier. Est-ce généralisé à l’international d’avoir ce genre de compétitions structurées ?

Oui complètement. L’ensemble du volet compétition des membres d’IFAF va des championnats régionaux à nationaux, avec masculins, féminins et mixtes. Il existe également des championnats d’Europe, tandis que des compétitions continentales se mettent en place en Asie (en Indonésie) et en Afrique. Cela nous tient beaucoup à cœur, et c’est le boulot d’une fédération internationale de pousser pour l’organisation de ces compétitions sur son propre continent. C’est un des échelons qui peut également nous rapprocher d’une entrée aux Jeux Olympiques pour 2028, même si ce n’est pas une finalité. Ce serait évidemment un plaisir immense d’entrer dans la famille olympique, mais on regarde plus loin avec beaucoup de compétitions multisports. On suit notre playbook, et on est focus sur notre prochain touchdown !