Mondiaux de Doha 2019 : s’il vous plait, achète-moi une réputation

190926 General exterior view of Khalifa International Stadium ahead of the IAAF World Athletics Championships on September 26, 2019 in Doha..Photo: Vegard Wivestad Grøtt / BILDBYRAN / kod VG / 170395 ..Photo by Icon Sport - --- - Khalifa International Stadium - Doha (Qatar)

A leur descente d’avion, qui n’était pourtant pas celui de Saint-Exupéry, certains athlètes qualifiés pour les Mondiaux de Doha eurent une drôle de sensation ; ils eurent le sentiment d’aller à la rencontre d’un Prince. En parlant du « Petit Prince » Saint-Exupéry disait qu’ « il n’avait en rien l’apparence d’un enfant perdu au milieu du désert » ; il est vrai que le « Grand Prince » du Qatar non-plus…

 
Pourtant, les athlètes se rendirent rapidement compte qu’au-delà de cette énonciation, il n’y avait pas vraiment de ressemblance entre les deux Princes car, si le « Petit Prince » souhaitait qu’on lui dessine un mouton, le « Grand Prince » souhaitait plutôt qu’on lui achète une réputation.
Et les moyens permettant de vendre cette réputation ne relevaient pas de la demi-mesure :

Dans un article intitulé « A Doha, le sport a été oublié », « Le Monde » du 1er octobre rapporte les propos de Kevin Mayer : « On n’a pas mis les athlètes en avant en venant ici. On les a surtout mis en difficulté ». Devant la description d’une telle duperie, on est en droit de se demander quelle en est l’origine ? La réponse est peut-être dans les écrits de Dominique Mercadier du journal « Midi Libre » (daté du 2 octobre, NDLR) qui, dans un article intitulé « Le Qatar a menti sur toute la ligne », rappelle que l’ancien président de la fédération internationale Lamine Diack est soupçonné d’avoir favorisé la candidature de Doha contre des millions d’euros. Le journaliste précisant également qu’il sera également et prochainement « jugé pour corruption dans le dossier du dopage russe organisé » ! Si, à leur retour de Doha, les athlètes ont eu envie de relire le texte de Saint-Exupéry, il ont pu redécouvrir que le « Petit Prince » parle d’une « planète habitée par un roi, un vaniteux, un biznessman » ; un monsieur « qui ne fait que des additions et qui toute la journée répète : je suis un homme sérieux – et çà le fait gonfler d’orgueil ».

Par Jean-pierre Faye