Les favoris du Giro sont en piste

Si en France, le grand public n’a d’yeux que pour le Tour de France, les fans de cyclisme savent que les deux autres Grands Tours de la saison, à savoir le Giro et la Vuelta, valent aussi le coup. Et même, selon les dires de la plupart des téléspectateurs, l’enjeu légèrement moindre de ces deux compétitions favorisent des étapes plus échevelées que sur le Tour de France car aucune équipe ne contrôle totalement la course, comme le faisait la Team Ineos sur le Tour de France ou la Jumbo-Visma l’an passé. Les attaques et les surprises sont donc plus fréquentes, comme le prouvent les noms des deux derniers vainqueurs du Giro, Richard Carapaz et Tao Geoghegan Hart, plutôt habitués au rôle d’équipier que de vainqueurs finaux, ou encore les victoires des méconnus Taco Van Der Hoorn et Joe Dombrovski en ce début de Tour d’Italie.
 
Pour cette édition 2021, qui vient de commencer et qui se déroulera jusqu’au 30 Mai prochain, quelques noms sortent du lot en tant que vainqueur potentiel, mais avec bien moins de certitudes que sur le Tour de France, où le duel entre les deux slovènes Roglic et Pogacar ne fait déjà plus de doutes. Entre Bernal, Yates, Evenepoel, Landa, Hindley ou Nibali, les cœurs balancent, et d’autres coureurs encore pourraient parvenir à tirer leur épingle du jeu.
 
Le favori naturel de ce 104ème Giro est bien évidemment Egan Bernal, vainqueur avec facilité du Tour de France 2019. S’il affiche la même force et la même sérénité qu’il l’avait fait lors de cet été d’il y a 2 ans, personne ne pourra empêcher le Colombien d’enfiler le maillot rose à Milan pour ce qui sera sa première participation au Tour d’Italie. Mais justement, un gros point d’interrogation demeure sur son état de forme, lui qui a dû abandonner lors du dernier Tour de France et qui n’a plus couru en compétition officielle depuis Tirreno-Adriatico, il y a deux mois de cela. Cette coupure lui a-t-il permis de se ressourcer ou, à l’instar du malheureux Thibaut Pinot forfait à cause de douleurs au dos, son physique est-il encore trop fragile pour performer sur une course de 3 semaines ?
 
Si l’on regarde la forme du moment par contre, c’est Simon Yates qui paraît le plus à-même de dominer le classement général. Le vainqueur du Tour d’Espagne 2018 est dans une forme resplendissante, comme l’a prouvé son succès facile lors du récent Tour des Alpes. Mais un Grand Tour de 3 semaines demande des efforts bien différents qu’une course de quelques jours. Aura-t’il l’endurance suffisante pour suivre un Egan Bernal, même légèrement diminué, dans les ascensions les plus pentues du Giro ? Le coureur de Bike Exchange aura en tout cas une revanche à prendre sur le Tour d’Italie de l’an passé qu’il avait dû quitter suite à un test positif au coronavirus. Et d’ailleurs, nous n’oublions pas que ces tests sont toujours d’actualité et pourraient encore grandement chambouler la course en forçant des abandons.
 
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Logiquement, ces deux coureurs seront les deux principaux favoris, mais les bookmakers parient davantage sur le Colombien après les premières étapes car une victoire finale de celui-ci est cotée à 2,50 sur Joabet, contre 6,00 pour Yates et 6,50 pour Remco Evenepoel, qui n’est donc pas loin derrière. Le belge sera la principale attraction de ce Tour d’Italie puisque ce sera sa course de reprise depuis sa terrible chute par-dessus un parapet lors du dernier Tour de Lombardie, il y a presque 10 mois. Le coureur de seulement 21 ans est sans contexte le plus grand prodige du vélo au départ de ce Giro mais, si son talent est indéniable, il a encore tout à prouver sur une course de 3 semaines puisqu’il n’a encore jamais participé à un des 3 Grands Tours. De plus, et malgré une équipe Quick-Step bâtie pour l’emmener le plus loin possible, il faudra qu’il retrouve des sensations après presque 1 an sans compétitions.
 
Derrière ce trio, de nombreux autres noms peuvent encore être cités comme Jay Hindley, deuxième l’an passé, et Romain Bardet, son coéquipier chez DSM. Le Français qui a décidé de faire l’impasse sur le Tour de France pour se concentrer sur le Giro y jouera là le plus gros objectif de sa saison. Parmi les 184 coureurs au départ, un seul a déjà remporté le Tour d’Italie, il s’agit de Vincenzo Nibali. Mais si le doyen italien a encore de beaux restes, le voir sur le podium serait déjà une belle réussite pour lui. Il faudra peut-être plus compter sur les deux jeunes russes Vlasov et Sivakov qui, si les autres favoris venaient à flancher, pourraient réussir un très gros coup. Enfin, il reste aussi quelques habitués des Top 10 dans les Grands Tours dont il faudra se méfier, et notamment Mikel Landa ainsi qu’Emanuel Buchmann.
 
S’il est facile d’imaginer que les étapes au sprint se disputeront entre Caleb Ewan et Peter Sagan, avec Elia Viviani et Tim Merlier (d’ailleurs vainqueur dès la 2ème étape) en embuscade, il est plus complexe de deviner qui endossera le maillot rose suite au contre-la-montre final, mais c’est bien là ce qui fait tout l’intérêt de ce Giro 2021 qui est pour l’heure bien loin d’avoir donné son verdict car tous les favoris se tiennent pour l’instant en une poignée de secondes avant le début des choses sérieuses et les premiers écarts qui devraient se former très rapidement.