Léonie Cambours : « Abandonner, la hantise des sportifs »

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La championne de France du pentathlon revient sur son abandon aux championnats d’Europe, la faute à une blessure à la cheville. Elle donne des nouvelles pour son retour.

Pour commencer, comment ça va en ce moment ?

Physiquement, de mieux en mieux. Je reviens d’un rassemblement à Tignes avec le groupe Ambition 2024, qui mêle des athlètes de tous âges pour des partages d’expériences, de la cohésion, parler des Jeux… On a quelques réunions pour échanger ensemble sur l’approche des JO surtout, avec des athlètes médaillés olympiques comme Marie-José Pérec. On fait pas mal d’activités à la montagne, avec du biathlon par exemple. Des activités que je n’ai pas l’habitude de faire en Normandie ! Je prends part à un peu moins d’activités forcément, avec ma blessure à la cheville.

« Quand j’ai voulu me lancer à 100% en compétition, ma cheville m’a dit « non » ! »

Le processus pour revenir de cette blessure a démarré ?

Après la saison hivernale, j’avais de toute façon deux semaines de coupure. Il y avait des docteurs et kinés sur place, alors je continue les soins. J’ai passé un IRM la semaine dernière, c’est moins grave que ce que l’on pouvait penser. Il faut bien prendre le temps de renforcer ma cheville, et éviter que ça rechute. Je fais du vélo, de l’aérobie, pas encore de travail technique spécifique. Les douleurs sont apparues dès le lendemain des championnats de France. C’est arrivé un peu comme ça. On a essayé de soigner avant les championnats d’Europe. C’était beaucoup mieux avant de partir à Istanbul, mais c’est devenu trop dur au moment de mettre de l’intensité en compétition. Quand j’ai voulu me lancer à 100%, ma cheville m’a dit « non » !

Comment avez-vous pris la décision d’abandonner ?

Dès le début, c’était difficile. Sur la première épreuve du pentathlon, les haies, j’arrive à faire avec, même si le chrono est loin de mes espérances. Sur la hauteur, c’était vraiment dur. Je n’arrivais pas à m’exprimer, c’était vraiment frustrant, et en même temps j’avais mal… Pendant le concours, j’ai fait appel au doc pour remettre mes straps. Dans ce genre de grandes compétitions, c’est impossible de s’en sortir quand on n’est pas à 100%. Alors, avec mon entraîneur Wilfrid, il a fallu prendre la décision d’arrêter là et d’abandonner.

« Je préfère que ça m’arrive maintenant plutôt que dans dix-huit mois à Paris »

Comment avez-vous vécu ce moment ?

Abandonner, c’est la hantise de tous les sportifs. On a l’impression de baisser les bras. A chaud, on voit seulement tous nos efforts s’envoler. J’arrivais en pleine forme, avec un top 5 dans le viseur… Forcément, c’est très décevant. Avec le recul, on se rend compte que c’était le choix le plus judicieux. Ce n’était pas possible de continuer sans aggraver ma blessure. Avec les championnats du monde de cet été qui approchent, la qualification aux Jeux olympiques… On a fait le choix de privilégier ces objectifs. Ça ne servait à rien de subir ce pentathlon et de mettre en danger les prochains objectifs. Pour être honnête, je préfère que ça m’arrive maintenant que dans dix-huit mois à Paris ! Je n’ai pas de regrets, c’est ce qu’il y avait de mieux à faire pour la suite de ma saison et de ma carrière.

Finissons avec un souvenir plus joyeux : le titre de championne de France indoor à Clermont-Ferrand…

C’était vraiment cool ! J’arrivais avec l’objectif de garder ma médaille d’or. J’ai battu plein de records, et j’ai bien explosé mon total, avec en plus les minima pour les Europe et la 5e performance mondiale de la saison. J’aurais bien aimé concrétiser ça à Istanbul. Ça aurait été dur de faire une médaille, avec les deux premières qui battent le record du monde ! J’avais une petite revanche à prendre après Munich. C’est frustrant d’un côté, mais je peux déjà dire que j’ai sorti une grosse performance, que j’attendais. Ce qui est encore plus stimulant, c’est que j’ai encore une marge de progression, avec déjà un gros total. Ça veut dire que ce n’est pas fini.