Laëtitia Guapo : « Le 3×3, c’est mon bol d’air ! »

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Championne de France et d’Europe avec Bourges, Laëtitia Guapo est aussi membre de l’équipe de France de 3×3. De ses débuts dans la discipline à son statut de numéro 1 mondiale, en passant par ses études menées en parallèle de sa carrière professionnelle, la basketteuse de la Team SPORTMAG se raconte.

Tout d’abord, félicitations pour ce titre de championne de France ! Racontez-nous cette conquête du titre.

Durant la saison, on a fait un super boulot, et on a terminé premières du classement avant les play-offs. Alors on voulait vraiment concrétiser avec le titre. À vrai dire, notre parcours a été compliqué ! D’abord face à notre bête noire, Lattes-Montpellier, qui nous avait sorties l’an dernier au même stade des quarts de finale… Ensuite, on est tombé en demie sur Basket Landes, contre qui on a perdu en finale de Coupe de France. Cette fois, on a pu prendre notre revanche, même si la série est allée jusqu’à un match 3 décisif ! C’était très serré, du haut niveau, comme une finale avant l’heure. Ensuite on bat l’ASVEL pour le titre. Même si on l’emporte 3 matchs à 0, ce qui n’avait pas été fait depuis 10 ans, ce n’était pas du tout facile !

Si l’on ajoute ce trophée en Eurocoupe (C2), cela fait deux titres majeurs dès votre deuxième saison à Bourges. C’est une année parfaite ?

Il y a tout de même quelques regrets avec cette finale de Coupe de France perdue face à Basket Landes… Mais on a offert une très belle promotion du basket féminin français, avec ce beau match à Bercy et ces deux prolongations. C’est pour ça que j’ai signé à Bourges : pour gagner des titres et pour toutes les émotions qui vont avec. Et j’en veux encore plus ! Après avoir goûté à ces victoires, ça ne fait que renforcer mon envie de gagner. L’année prochaine, j’espère qu’on pourra aller chercher cette Coupe de France qui nous manque, et j’ai très hâte de découvrir l’Euroligue !

« En basket 3×3, tout va très vite et on n’a pas le temps de s’ennuyer »

Dans cette équipe de Bourges expérimentée et pleine de talent, quel rôle avez-vous trouvé ?

C’est vrai qu’il y avait de tout dans cette équipe, les menaces venaient de partout et on avait un banc très doué. Moi, je suis plus l’« energizer » du groupe. Mon rôle, c’est de jouer sur mes qualités : la vitesse, l’endurance et la finition. Alors, je suis surtout là pour beaucoup courir, pousser la balle, mettre du rythme dans le jeu et aider au mieux mes coéquipières à trouver leur rythme. Dans le vestiaire, je suis aussi là pour apporter de la bonne humeur ! Comme je suis assez polyvalente, j’essaye d’aider l’équipe là où il y a des besoins, selon les matchs et nos adversaires. Je cherche à m’adapter au maximum et rendre service du mieux que je peux, en pensant d’abord à la victoire et au collectif.

Désormais, la saison en club est derrière vous, et vous retournez déjà au charbon avec le basket 3×3 cet été. Quelle est votre histoire avec cette discipline ?

J’ai commencé lorsque j’étais à l’INSEP. C’était le tout début de l’essor du 3×3, et on prenait part à quelques compétitions par-ci, par-là. Et j’y ai pris goût ! J’ai participé aux Mondiaux universitaires en 2016, et on a été titrées. Ensuite, j’ai rejoint l’équipe de France en 2017, avant de faire une pause en 2018 pour mes études. C’est seulement après que je me suis vraiment consacrée au 3×3 avec la sélection, puis on est devenues championnes d’Europe en 2019. Encore maintenant, c’est l’un des meilleurs souvenirs de ma carrière ! C’était l’aboutissement de beaucoup de choses, et de belles promesses pour la suite, avec les Jeux qui se profilaient. D’abord, on a réussi à gagner notre ticket pour Tokyo par le TQO [tournoi de qualification olympique], et on a terminé 4es aux Jeux, pas loin de la médaille. Désormais, on vise Paris 2024 et les échéances qui seront sur notre chemin d’ici là. Je pense notamment à l’Open de France, le 23 juillet à Poitiers, qui sera un moment important.

Qu’est-ce qui vous a fait rester dans le basket 3×3, et qu’est-ce que vous aimez dans cette discipline ?

Pour commencer, c’est un basket qui joue beaucoup sur mes qualités aérobies. Le rythme de jeu est très intense, ça va très vite et on n’a jamais le temps de s’ennuyer, ni même de vraiment prendre son temps. Il faut toujours aller très vite, exécuter le geste juste le plus rapidement possible. Il faut être agressive en permanence, et je sens que c’est vraiment un jeu où je peux m’exprimer et prendre beaucoup d’initiatives. À cinq, j’ai l’habitude de courir beaucoup et de fatiguer mes vis-à-vis. En 3×3, on est toutes lessivées ! J’aime aussi beaucoup l’ambiance qui y règne. Si on est en équipe de France 3×3, c’est vraiment par passion, on n’est pas payées de la même manière que nos collègues à 5, et les compétitions n’ont pas le même impact médiatique. Peut-être que ça joue, en tout cas, je ressens vraiment le 3×3 comme une famille.

« Quand on voit ses coéquipières faire la grasse mat’ pendant qu’on part en cours, c’est difficile ! »

Faire du 3×3 tout l’été, ça n’engendre pas trop de fatigue au moment de reprendre la saison ?

Non, au contraire ! Je ne vois pas du tout ça comme de la fatigue supplémentaire. Le 3×3, c’est mon bol d’air, ma respiration. Je ne me prends pas la tête, et j’y vais toujours avec beaucoup d’envie et d’énergie. C’est une chose pour laquelle je n’ai jamais besoin de me motiver, et où je m’éclate. En plus, ça me maintient en forme ! Moi, les préparations physiques de pré-saison, je ne connais pas. À chaque fois, j’arrive prête, même plus que prête ! Quand j’ai été numéro 1 mondiale, tout le monde a mieux compris, et cela m’a donné un statut. C’est à ce moment-là que j’ai signé avec Puma, pour devenir la première basketteuse française à être accompagnée par la marque. Le 3×3 ne fait que monter et être de plus en plus populaire, c’est génial.

En parallèle, vous avez mené des études jusqu’au master, pour devenir professeure d’EPS en disponibilité. Ce n’est pas trop difficile de concilier de telles études et la vie d’une basketteuse professionnelle ?

C’est sûr que ce n’était pas facile. Pendant plusieurs années, tous mes choix de clubs étaient liés à mes études. Licence à Nice, puis Roanne et Reims pour passer mes concours. Comme j’ai décroché la première place, j’ai pu choisir le lieu de mes études. Je suis alors allée en Bourgogne, à Charnay-lès-Mâcon, pour valider mes années de professeure stagiaire. Je jonglais entre Mâcon, Lyon et Bourg-en-Bresse, où j’avais mes cours à suivre et à donner. Ça faisait beaucoup de temps et de déplacements, aujourd’hui, je ne sais pas comment j’ai fait ! Quand on se réveille à 6h du matin, qu’on voit ses coéquipières faire la grasse matinée pendant qu’on part en cours, c’est difficile ! Idem quand, après l’entraînement, on les voit tranquillement faire la sieste tandis que l’on doit vite prendre la voiture pour retourner en cours, avant de réviser tard jusqu’à 2h du matin…

Quelles ont été vos motivations pour réussir à tenir ce rythme ?

Après le bac, j’ai dû passer un contrat avec ma mère : j’avais le droit de tout faire pour devenir basketteuse professionnelle, à condition d’avoir un diplôme au bout de mes études. J’ai respecté cette promesse. Malgré tout, c’est important d’avoir cette sécurité à côté d’une carrière, surtout lorsqu’il faudra arrêter le sport. C’était beaucoup de travail et d’investissement, mais je ne le regrette pas du tout. Je suis très fière d’avoir réussi ça et d’en être là aujourd’hui.