La boxe, un moyen d’oublier l’enfermement en prison

Le comité régional de boxe Bretagne a organisé plusieurs initiations de boxe dans le centre pénitentiaire de Lorient-Ploemeur. Une action ayant pour but d’enseigner la maîtrise aux détenus que l’entité voudrait pérenniser.

 
La Fédération française de boxe et le Ministère de la justice sont liés par une convention pour un mission de facilitation de l’insertion et de l’éducation par la pratique de la boxe en milieu carcéral. Le comité régional de Bretagne s’est emparé de ce partenariat dès 2018 pour proposer des actions au centre pénitentiaire de Lorient-Ploemeur. L’initiative a été acceptée par la direction, mais n’a pas tout de suite été bien vue au sein de l’établissement morbihannais. « Des gardiens avaient l’inquiétude qu’on apprenne aux détenus à se battre, mais nous avons expliqué que nous voulions enseigner une approche de boxe éducative, sans violence et avec maîtrise », raconte Pierre Cougoulic, cadre technique national fédéral rattaché au Comité régional de Bretagne. Les réticences levées, le comité régional de Bretagne a pu instaurer un cycle boxe à raison de deux séances par semaine au centre pénitentiaire de Lorient-Ploemeur durant l’été 2018, avec notamment Victor Cougoulic, fils de Pierre Cougoulic, boxeur de haut niveau et coach sportif. Aucun incident n’a entaché l’initiative.
 

Changer le quotidien

« Le positif, c’est apporter une activité qui fait plaisir. Les détenus sont séduits par la boxe pour se défouler, mais il y a un décalage avec la réalité de la discipline. On leur apprend à accepter de perdre, d’être touché et de toucher l’autre sans lui faire mal. Ainsi, ils différencient le conflit et la violence. La boxe est un outil qui amène le côté éducatif et le plaisir », explique Pierre Cougoulic. Les détenus ont également été mis en situation d’arbitrage « pour comprendre les difficultés de juger et apprendre à décoder les signaux. » Les séances de boxes ont plu et le comité régional est revenu proposer une session lors des mois Sentez-Vous Sport en 2019 et en 2020. En septembre dernier, 30 détenus ont participé à l’animation, en présence de Terry Le Couviour, boxeur professionnel vainqueur de la coupe de l’Union européenne en 2019, ainsi qu’un athlète en situation de handicap « afin de leur faire relativiser leur situation », indique Pierre Cougoulic. « Ça change du quotidien pendant quelques heures je ne me sentais plus enfermé », « tout le monde a été à l’écoute et s’est amusé dans le respect la joie et la bonne humeur » et d’autres mots de ce genre ont été écrits par les détenus participants. Ces réactions prouvent que les objectifs du comité régional de boxe, prendre du plaisir à exercer une activité physique et réussir à se maîtriser physiquement et émotionnellement, entre autres, ont été atteints.
 

Une continuité assurée

Son travail a si bien séduit que Victor Cougoulic a obtenu un poste de moniteur de sport en contractuel au centre pénitentiaire de Lorient-Ploemeur quelques mois plus tard. « Je n’ai pas la même casquette. J’agis comme un professeur d’EPS », explique-t-il. « Hors Covid, j’amène les détenus sur le terrain goudronné pour jouer au football et dans la salle de musculation. Pendant cette crise sanitaire, je reviens à mes origines de boxeur en proposant des exercices de cross fit et de cross training. » Le moniteur est ravi que l’animation boxe organisée en septembre dernier ait obtenu de bons retours et espère à nouveau proposer un cycle de cette discipline. « En centre pénitencier, le mieux est d’occuper le détenu. Quand il fait de la boxe, il se surpasse et se fatigue », souligne-t-il. Au Comité régional de boxe, Pierre Cougoulic souhaite reproduire cette réussite dans d’autres centres pénitenciers de Bretagne : « On envisage de proposer d’abord une séance aux gardiens pour dédramatiser notre action. Nous prendrons des contacts quand la crise sanitaire sera passée. »

Leslie Mucret