La bonne santé du boogie-woogie en France

Les danseurs français de boogie-woogie ont prouvé leur bon niveau lors du dernier championnat du monde. Rencontres avec un entraîneur, le champion du monde senior et une finaliste en Main class qui apprécient la liberté offerte par leur discipline.

 
« Une danse qu’on pourrait situer entre le rock’n’roll, le lindy-hop et le swing, mais très sportive. » C’est en ces termes que Fred Véron, mandaté par la Fédération Française de Danse pour encadrer les équipes de France lors des championnats du monde 2019, décrit la discipline du boogie-woogie. Grande spécificité de cette danse, il n’existe pas de chorégraphie imposée. Les couples compétiteurs ne peuvent pas anticiper leur prestation. « On ne connait pas notre musique avant de rentrer sur la piste, c’est à nous de nous adapter », explique Roxane Véron (photo), fille de Fred Véron qui s’entraîne à Fred’Danses, à Saint-Jean-de-Védas dans l’Hérault, avec Florent Llamas depuis 2014. « Il y a les basiques et notre chorégraphie à placer quand la musique le demande. » Cet aspect improvisation a attiré la jeune femme vers cette discipline : « Ce côté fun, moins cadré que les autres danses, avec plus de place à l’expression me plaît. Je peux plus me lâcher, m’exprimer. » Stéphane Martin, récent champion du monde avec Stéphanie Arnaud et licencié au Toulouse Rock Acrobatique Club (TRAC), avance le même argument : « Ce n’est pas une danse figée, chaque passage est totalement différent. De plus, le style swing nous parle à Stéphanie et moi. Il faut une bonne communication dans le couple. Si la cavalière a une idée en tête, il faut que le cavalier puisse suivre et vice et versa. » Fred Véron entraîne, lui, six à sept couples. « Les danseurs sont attirés par le boogie-woogie pour la compétition. C’est un style qui a un pas de base violent et demande une bonne musculature des membres inférieurs ainsi qu’un bon cardio, c’est difficile d’en faire toute une soirée », relève l’entraîneur. Cependant, une quinzaine de personnes se retrouvent lors de son cours « loisirs ». « Ils ont vu des prestations de boogie-woogie sur des vidéos et les spécificités leur ont plu. »
 

 

Quatre couples dans le Top 5 mondial

Le niveau du boogie-woogie français en compétition s’est révélé très bon lors du dernier championnat du monde qui a eu lieu à Moscou fin novembre. Par exemple en catégorie juniors avec le couple Enzo Chene et Maëva Mata-Roux, de l’école l’Ambarock dans l’Ain, qui sont arrivés quatrième, mais surtout dans la catégorie seniors où quatre couples se sont hissés aux cinq premières places du classement. Stéphane Martin et Stéphanie Arnaud ont même décroché le titre mondial, devant leurs compatriotes Laurence Nograbat et Raphaël Dupas. « En finale, nous étions deuxièmes après la partie lente, puis nous sommes passés premiers avec un faible écart grâce aux résultats de la partie rapide », raconte Stéphane Martin. Le couple a conservé son titre acquis en 2018 après « une expérience très riche, très passionnante, chargée d’émotions, de stress et d’excitation, dans un beau cadre et une organisation parfaite des Russes », relate le danseur. « J’ai été très heureux et très ravi de cette compétition. » Dans la catégorie Main class, Roxane Véron et Florent Llamas ont fini à la 6e place. « Nous avons été très contents d’accéder à la finale car c’était très serré, les couples se tenaient en peu de points », raconte Roxane Véron. « Après on a été un peu déçu parce qu’on aurait pu faire mieux lors de nos passages en finale, mais on est tout de même heureux d’y être arrivés. Cela nous donne encore plus de motivation pour aller plus haut l’année prochaine et viser un podium. »
 

« Des acharnés »

L’émulation entre les danseurs est l’une des explications données à ces bons résultats. « On ne part pas seul en compétition, on est entouré des autres danseurs et de l’encadrement, ça motive à donner le meilleur de soi-même », souligne Roxane Véron. « Chez les seniors, c’est peut-être parce que beaucoup d’entre nous sommes passés par la catégorie main class », avance pour sa part Stéphane Martin. « Et il faut ajouter que nous sommes des acharnés. » Le couple Stéphane Martin et Stéphanie Arnaud s’entraîne deux à quatre fois par semaine selon la proximité des compétitions. « Après on travaille, donc c’est difficile de faire plus », précise le danseur. Le couple enchaîne les pas ensemble depuis 15 ans. « Mais il faut toujours travailler malgré l’ancienneté », insiste le champion du monde. « On peut avoir tendance à tomber dans l’habitude, il faut toujours s’entraîner pour effacer les défauts. » Loin d’être rassasié, ils vont repartir en 2020 avec les mêmes intentions « continuer de faire des résultats et gagner des titres », lâche Stéphane Martin. « Et nous avons toujours la possibilité d’atteindre la première place au ranking international. » En plus d’essayer à nouveau d’accéder aux finales de championnats du monde, Roxane Véron et Florent Llamas vont se lancer dans la quête du titre de champion de France 2020, après avoir déclaré forfait en 2019.

Leslie Mucret