Jean-Philippe Lustyk : « Il y a un vivier français très fort »

Commentateur du dernier championnat de France de boxe au micro de SPORTMAG, Jean-Philippe Lustyk revient sur cette édition 2023 qui a permis de mettre en lumière le vivier français.

Que retenez-vous des championnats de France disputés à Deuil-la-Barre ?

Ces championnats de France, c’est une manière de se projeter sur 2028. Ça peut paraître paradoxal, parce qu’on n’a pas encore disputé les Jeux de Paris 2024, et pourtant on se projette déjà. Mais c’est normal, une Olympiade, ça se prépare sur l’Olympiade précédente. Personnellement, j’ai été très agréablement surpris. Bien sûr, on ne peut pas considérer que toutes les finales ont été au même niveau. Mais on a pu se rendre compte de la densité, de la richesse de cette boxe tricolore dans toute sa diversité, avec des profils et des clubs différents. Incontestablement, il y a un vivier français très fort. À titre personnel, ça m’a vraiment séduit.

Quels sont les boxeurs et boxeuses qui ont su marquer les esprits ?

Sthélyne Grosy a été très forte, elle a réalisé l’une des grandes performances de ce championnat de France chez les -57kg. Elle est très forte, incontestablement. Il y a même dans son attitude, je lui disais d’ailleurs, il y a quelque chose d’Estelle Mossely. Elle est forte, elle boxe juste, l’impression visuelle est de qualité, elle est complète. C’est vraiment une très belle championne.

Après, chez les garçons, il y a eu une super finale chez les moins de 75 kg. Elle a été la plus intense, la plus disputée, la plus forte. On a vu un Chadi Baraia très fort. 21 ans lui aussi, donc ce sont réellement des boxeurs qui ont un potentiel très intéressant. Concernant son adversaire, Anatole Lemaire, j’ai hâte de le voir passer chez les pros.

Ce vivier est-il la récompense du bon travail mené en matière de détection en vue du haut niveau ?

Oui, parce qu’il y a un vrai travail de qualité qui est effectué. Si on parle de la boxe féminine, il y a aujourd’hui plus de 30% des licenciés qui sont des femmes. Il y a un développement de cette boxe féminine et un vivier incroyable par le travail qui est fait par les clubs. Les meilleures sont déjà dans les pôles, à Nancy, à l’INSEP, et au sein des équipes de France chez les jeunes. Cela permet à ces jeunes boxeuses et boxeurs d’avoir une maturité précoce, c’est un vrai phénomène nouveau. Ces jeunes, ils sont forts, ils sont cadrés et ils sont programmés.

« La boxe, c’est dans mes veines »

Avec des anciens boxeurs et boxeuses de haut niveau qui prennent justement part à cet encadrement…

Cet élément-là, je pense que c’est la clé. Si on compare avec le judo, cette discipline a toujours été un vecteur important de médailles dans les compétitions olympiques depuis de nombreuses années. Parce que c’est un sport où il y a une promotion interne, les anciens champions s’impliquent et partagent leur expérience aux champions en devenir. Au niveau de la boxe, ‘on a vu que l’apport d’entraîneurs cubains a fait du bien à la boxe en France. Mais cette promotion interne prend de plus en plus de place. À partir du moment où on va promouvoir des champions qui ont été en équipe nationale, qui ont donc discuté des compétitions internationales, qui ont remporté des médailles dans les championnats d’Europe du monde, aux Jeux olympiques, et qu’ils ont l’envie de transmettre, ils deviennent compétents, légitimes, et cela créé une osmose. C’est tellement important que les jeunes garçons et les jeunes filles soient encadrés par des boxeurs qui les comprennent, qui savent ce que c’est. Je pense que c’est un modèle vertueux.

Sur un plan personnel, après toutes ces années, êtes-vous toujours aussi amoureux de ce sport ?

Je continue mon attachement viscéral à la boxe, c’est dans mes veines. La passion et la fibre sont les mêmes depuis 35 ans. J’ai pris autant de plaisir à commenter six heures au bord du ring sur ces championnats de France qu’une compétition internationale aux États-Unis par exemple.

Cette passion, elle se ressent dans mon ouvrage, « Le grand livre de la boxe », aux éditions Marabout. J’en suis très heureux, car c’est devenu le livre encyclopédique et le livre de référence de la discipline. C’est mon cinquième livre et c’est le plus abouti, le plus personnel, le plus dense, le plus riche. Il y a beaucoup de photos qui m’appartiennent, de documents personnels, des programmes, des affiches, des casquettes, des t-shirts. J’ai pu raconter tous ces combats extraordinaires, dont la moitié que j’ai vécue au bord du ring. Pas tous, car je n’ai pas 120 ans (rires).

Et puis il y a mon podcast, Ring Story, C’est diffusé sur L’Equipe,fr, j’y raconte mon expérience et ce privilège qui a été le mien de vivre les plus grands combats et d’en raconter les coulisses en étant sur place.

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