Gloria Agblemagnon veut lancer loin et viser haut

Gloria Agblemagnon participera, à Tokyo, à ses deuxièmes Jeux paralympiques, et elle vise au moins le podium. La spécialiste des lancers fait partie des meilleures athlètes de sa catégorie, à seulement 23 ans, et s’entraîne dur pour réaliser son rêve.

Jeux olympiques de Rio, en 2016. Gloria Agblemagnon n’a que 18 ans, et fait le voyage au Brésil pour vivre sa première expérience paralympique. Dans le concours du lancer de poids, elle prend la 10e place, avec un meilleur lancer à 10,85 mètres. C’est la Polonaise Ewa Durska qui reporte l’or avec un lancer à 13,94 mètres. Elle avait devancé l’Ukrainienne Anastasiya Mysnyk (médaille d’argent avec 13,24 mètres) et la Britannique Sabrina Fortune (médaille de bronze avec 12,94 mètres).  Cinq ans plus tard, crise sanitaire oblige, la Française s’apprête à effectuer un nouveau long voyage paralympique, jusqu’à Tokyo, au Japon. « Cette sélection a été validée par le Comité paralympique de sélection, sous réserve du respect par l’athlète des conditions obligatoires de participation aux Jeux paralympiques de Tokyo fixées par le CPSF et la Fédération française du Sport Adapté », a expliqué la FFSA dans un communiqué annonciateur d’une bonne nouvelle. Et cette fois, pour l’expérience japonaise, les objectifs sont très élevés. « J’avais pris la troisième place des championnats du monde IPC en 2019, et il fallait être dans les quatre premières pour se qualifier pour les Jeux de Tokyo. C’est une grande fierté de faire les Jeux. Pour moi, j’accomplis une mission pour mon pays et mon objectif, ce sera la médaille d’or », explique-t-elle.

A 23 ans, Gloria Agblemagnon possède déjà un palmarès conséquent dans les disciplines du lancer de poids et du lancer de marteau. Elle remporte deux médailles d’argent (poids et marteau) lors des championnats d’Europe INAS, réservés aux athlètes ayant une déficience intellectuelle, à Bergen (Pays-Bas), en 2014. L’année suivante, elle porte haut les couleurs de la France en devenant championne d’Europe du lancer de poids à Saint-Pétersbourg et en gagnant le concours du lancer de marteau des Global Games de Guayaquil (Equateur). Gloria Agblemagnon prend goût à la victoire et décroche deux nouveaux titres de championne d’Europe, au poids et au marteau, lors des championnats d’Europe qui se déroulent en Turquie. Lauréate des Global Games 2019 à Brisbane (Australie) au lancer du poids, elle participe la même année aux championnats du monde IPC du Dubaï. Au lancer de poids, la Tricolore monte sur la troisième marche du podium (médaille de bronze) grâce à un lancer à 12,96 mètres et valide son billet pour les Jeux paralympiques de Tokyo 2021.

Une adversité redoutable à Tokyo

Préparer l’échéance paralympique n’a pas toujours été simple pour l’athlète à cause de la crise sanitaire liée au coronavirus. « Il faut travailler la technique, l’équilibre, la vitesse et la force. Je fais beaucoup de musculation, et cette année, le couvre-feu a compliqué les choses », précise Gloria Agblemagnon. Difficile de trouver du temps dans son emploi du temps, la jeune athlète doit concilier sport et études, car elle est en deuxième année de Terminale bac pro métiers de la mode. Elle bénéficie d’un aménagement pour faire sa Terminale sur deux ans. « Je faisais six entraînements par semaine d’habitude, j’ai dû diminuer et n’en faire que trois ou quatre certaines semaines », détaille-t-elle. L’assouplissement des contraintes a permis à la jeune athlète de reprendre l’entraînement de manière plus intensive, et les progrès sont visibles. Championne d’Europe en salle à Nantes cette année, elle retrouve les joies de la compétition après « une année 2020 où (elle a) dû participer à trois concours en tout ». La médaille d’or est dans un coin de sa tête, même si l’adversité sera redoutable, principalement « les Ukrainiennes et une Anglaise, qui sont très fortes ».

Très investie dans son sport, Gloria Agblemagnon a pris l’habitude d’intervenir dans les établissements scolaires de la Région Centre-Val de Loire, quand la situation sanitaire le permet. Elle y explique son parcours, et montre à quel point la motivation peut faire accomplir de grandes choses, avec un handicap ou pas. Sensibiliser les jeunes, inciter ceux qui souffrent d’un handicap à pratiquer un sport, la jeune athlète prend ça très à cœur. Celle qui a commencé les lancers il y a une dizaine d’années a trouvé sa voie, après avoir essayé plusieurs sports sans grande réussite, comme elle le racontait dans une interview au magazine des Sports de Reims : « Mon premier sport, c’était le tennis, mais j’étais nulle. La balle partait partout, je me suis dit que ce n’était pas pour moi. Ensuite, j’ai fait un peu d’équitation et j’ai tenté le basket à Orléans, mais c’était la même chose, j’étais trop nulle. C’était ma grande sœur qui en faisait. Mais comme le gymnase était à côté de la piste d’athlétisme, j’ai voulu essayer. » Un essai transformé pour Gloria Agblemagnon, qui fera tout pour revenir du Japon avec une belle médaille autour du cou.

Simon Bardet