Président de la Ligue Bretagne de Rugby, Fabrice Quénéhervé se confie sur les multiples défis et enjeux du développement du rugby en Bretagne, notamment après l’organisation des Assises du rugby breton.
Le 8 novembre ont eu lieu les Assises du rugby breton Quel bilan en tirez-vous ?
Je suis un éternel optimiste donc j’ai plutôt tendance à voir la coupe à moitié pleine. J’aurais aimé réussir à mobiliser davantage, on s’était donné les moyens avec un lieu de prestige à l’Académie Militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan et des intervenants de qualité. Mais on a tout de même réussi à mobiliser 160 participants, représentant près de 80 % de nos clubs, les quatre comités départementaux, toutes les communautés : des officiels de match aux éducateurs, en passant par les entraîneurs et les présidents, mais aussi des élus des collectivités locales et territoriales. C’était une journée extrêmement riche qui a ouvert la voie à beaucoup de réflexions dans les clubs et de projets d’action de notre part, en soutien. Je pense que l’on va conduire quelques interventions sur certaines thématiques qui ont été abordées, afin d’apporter un accompagnement aux clubs pour leur permettre de mieux répondre aux différentes exigences réglementaires.
Justement, quelles sont les thématiques et les préoccupations principales qui reviennent le plus du côté des clubs ?
On souhaitait aborder plusieurs thématiques (les violences, comportements déviants, règles encadrant l’accueil d’un public mineur…), pas comme des donneurs de leçons, mais vraiment comme s’il s’agissait d’un devoir d’alerte et d’information pour que nos dirigeants soient correctement sensibilisés. De ce point de vue là, les retours des participants ont été extrêmement positifs. Ils ont été ravis de la qualité des interventions et de la quantité d’informations qui ont été portées à leur connaissance.
Ce type d’événement est-il également le témoignage d’un engagement et d’une fidélisation particulièrement forte des dirigeants bénévoles en Bretagne ?
On a un territoire qui connaît une belle croissance et une très belle dynamique au niveau des licenciés joueurs, mais aussi concernant les dirigeants bénévoles. De 2019 à 2024, on est passé de moins de 1500 dirigeants bénévoles à près de 2200. Sur la saison dernière, nous avons plus de 85% de taux de fidélisation chez les licenciés dirigeants. Ceux qui sont déjà parmi nous, investis dans l’engagement associatif au service du rugby, restent d’une année sur l’autre. C’est un indicateur très positif que nous cherchons à valoriser. La Fédération Française de Rugby nous y aide. On a demandé à nos quatre comités départementaux de remettre la médaille du bénévole au plus près de la Journée mondiale du bénévolat qui aura lieu le 5 décembre. La Ligue, pour les médailles fédérales et territoriales, organise une manifestation pour honorer les dirigeants bénévoles. A travers pas mal de petits leviers du quotidien, dotations ou autres, on essaye d’encourager leur investissement et leur engagement.
Nous évoquions les licenciés, la dynamique est-elle toujours aussi positive depuis la rentrée de septembre ?
Il y a eu une augmentation de 50% en l’espace de cinq ans. Aujourd’hui, nous ne sommes plus sur des chiffres aussi monstrueux, mais la hausse est toujours là. L’année passée, malgré une année post-Coupe du Monde qui aurait pu marquer une pause, il y a eu une augmentation. Cette année, à date, nous sommes sur une hausse de 3,3% d’augmentation des effectifs. Chaque semaine, nous enregistrons de nouvelles licences.
L’une des priorités de la fédération, c’est aussi le développement des écoles de rugby, mais surtout des antennes d’écoles de rugby pour rapprocher les clubs et des pratiquants. Est-ce le cas en Bretagne ?
Nous avons un maillage territorial qui est stable depuis 10 à 15 ans avec 65 clubs à l’heure actuelle. En revanche, ce qui a évolué, c’est que certains clubs évoluant au sein de la même commune se sont unis. Ils avaient des projets complémentaires et utilisaient les mêmes infrastructures, il était donc logique qu’ils prennent cette décision. Malgré cela, le nombre de clubs n’a pas diminué, car certaines associations sont apparues dans des secteurs dans lesquelles il n’y en avait pas. Je pense notamment à une école de rugby qui s’est créée à Quessoy dans les Côtes-d’Armor, soutenue par le Rugby Club de Saint-Brieuc avant d’être affiliée FFR. En Bretagne, les antennes d’écoles de rugby nous permettent de planter des poteaux, c’est une expression que j’aime bien, de combler des zones blanches et d’amener une offre rugby à un public qui en est éloigné.
Les communes bretonnes sont-elles de plus en plus disposées à proposer du rugby sur les terrains qu’elles possèdent ?
On est parti avec un handicap extrêmement lourd. Le rugby est apparu en Bretagne au tout début du XXe siècle mais avec seulement quelques clubs. La Première Guerre Mondiale a quasiment mis un terme à la pratique, le Comité de Bretagne avait été gommé. C’est seulement en 1965 que le comité territorial de Bretagne s’est reconstitué, pendant que le football était devenu la discipline reine. Aujourd’hui, il y a entre 2200 et 2300 terrains de football, contre 130 terrains ou plaines de jeux de rugby. L’enjeu des infrastructures est très important. Du fait de notre développement, nous avons des associations qui sont à l’étroit et qui manquent de terrains.
Heureusement, différents plans ont été impulsés par la Fédération Française de Rugby, avec l’Agence nationale du Sport, pour développer les infrastructures destinées au rugby. L’organisation des championnats du monde militaires en Bretagne en 2023, dans 26 communes et 28 stades différents, a également permis d’impulser une excellente dynamique.
En parallèle, la médiatisation du RC Vannes fait beaucoup pour notre sport en matière d’image en Bretagne. Cela facilite la recherche de soutien et la mobilisation auprès des collectivités locales. Ces dernières sont conscientes de l’impact médiatique du rugby grâce à notre locomotive régionale, mais elles mesurent également tout le travail de terrain de nos clubs au service de leurs bassins de vie.
C’est d’ailleurs l’une des images fortes de ce début de saison : le RC Vannes qui remplit le Roazhon Park, à Rennes, à l’occasion d’une rencontre de ProD2. Est-ce le symbole de cette dynamique du rugby breton ?
Ce match était absolument magique. Mais même durant l’été, nous avons rempli le Stade du Roudourou pour un « simple » match de préparation contre le Stade Toulousain. Il faut prendre conscience que l’on parle de deux stades mythiques dans le paysage sportif breton, dédiés au football professionnel. Cette année, grâce au RCV, c’est le rugby qui a fait le plein dans ces deux stades, cela témoigne du nouveau cap franchi par le rugby en Bretagne, c’est certain.
Qu’attendez-vous de l’année 2026, marquée notamment par le Congrès de la Fédération Française de Rugby en Bretagne ?
Cette saison a commencé par le match Vannes-Toulouse au Stade du Roudourou, elle s’achèvera par le Congrès de la Fédération Française de Rugby à Brest. C’est donc une saison qui sera forcément marquante dans la poursuite du développement du rugby en Bretagne. Je suis convaincu que ce Congrès à Brest sera une fête magnifique. C’était la huitième fois que nous étions candidats pour accueillir ce rendez-vous, c’est désormais chose faite. C’est une reconnaissance importante du travail accompli par le rugby breton, qui a énormément gagné en visibilité. 2026 marquera également les 400 ans de la Marine nationale, ce Congrès sera donc également l’occasion d’assister à des petites fêtes maritimes avec énormément d’animations. On encourage tous les participants à prévoir de prolonger leur séjour après le Congrès par quelques jours de vacances en Bretagne !
