Évita Muzic : « Sur le Tour, il va y avoir du spectacle »

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Le premier Tour de France Femmes avec Zwift se déroule du 24 au 31 juillet, et l’équipe FDJ-SUEZ-Futuroscope s’avance avec ambition vers ce grand rendez-vous. La jeune Française Evita Muzic évoque sa saison et cet événement à ne surtout pas manquer.

Quel bilan faites-vous du Tour de Suisse, que vous avez terminé à la 20e place ?

Dans l’ensemble, le bilan est positif. Je n’étais pas venue là pour jouer le classement général. Je finis quand même deuxième [derrière la championne du monde Elisa Balsamo], à quelques centimètres de la victoire sur une arrivée « punchy », presque sprint [lors de la troisième étape entre Vaduz et Chur]. Je me suis surprise à faire aussi bien. Je suis juste un peu déçue de ma dernière étape, parce que j’ai été piégée dans une descente à cause des filles qui ont failli tomber devant moi. Cela a fait des cassures dans la descente, et on n’a jamais pu rentrer sur les premières au pied de la bosse finale. J’aurais aimé voir ce que ça aurait donné si j’étais arrivée au pied de la montée avec les premières. J’avais vraiment de bonnes sensations sur ce Tour de Suisse, et je retiens cette belle deuxième place sur la troisième étape.

Deuxième du Tour de Burgos, en évidence sur le Tour de Suisse, les sensations sont bonnes après un début de saison perturbé par une opération du genou, tout est rentré dans l’ordre ?

Sur ce point, c’était vraiment positif. Si on m’avait dit au mois de janvier que je serais déjà à ce niveau-là à partir du mois de mai – même aux Ardennaises j’ai fait de très belles courses – je pense que j’aurais signé tout de suite. C’est vraiment positif, et tout l’avenir est encore devant moi, avec deux grands tours qui arrivent, où on peut faire vraiment de belles choses avec l’équipe. C’est aussi pour ça que sur la dernière étape du Tour de Suisse, je n’ai pas voulu jouer ma vie dans la descente, contrairement à d’autres filles du peloton. Je veux participer aux grands objectifs de la saison et voir ce que ça peut donner.

Quel est votre programme un mois avant le départ ?

J’ai participé aux championnats de France, et remis mon titre de 2021 en jeu. Il y avait forcément une petite émotion lors de la dernière étape du Tour de Suisse de courir une dernière fois avec le maillot tricolore. Ensuite, je participe au Tour d’Italie [30 juin – 10 juillet] et au Tour de France.

« Jouer le maillot jaune avec l’équipe »

Qu’est-ce que ça représente de participer à ce premier Tour de France Femmes avec Zwift ? C’est un moment d’histoire…

C’est vrai, c’est le premier Tour de France et tout le monde l’attend. C’est difficile de dire que c’est un rêve qui se réalise, parce que je ne pouvais pas imaginer un jour pouvoir le faire, ça n’existait pas sous cette dénomination quand j’ai commencé le vélo. Mais c’est incroyable, et avec l’équipe qu’on a cette année, on y va pour jouer le maillot jaune. On peut vraiment faire de belles choses, c’est une motivation en plus.

Quel est votre avis sur le parcours de ce premier Tour de France, assez complet même s’il n’y a pas de chrono ?

Ce n’est pas pour me déplaire qu’il n’y ait pas de chrono, ça n’a jamais été ma grande spécialité même si l’année dernière je l’avais pas mal travaillé, et j’avais bien progressé. Mais cet hiver, avec mon opération au genou, il fallait que je rattrape mon retard dans la préparation, et je ne suis pas montée sur mon vélo de chrono. Ça aurait donc été un peu compliqué. Mais le parcours est vraiment complet, il y a de tout, du sprint, des étapes « punchy », des étapes de montagne. Il va y avoir du spectacle. En plus, les étapes difficiles sont à la fin, pour le classement général, tout pourra encore se décider dans la dernière montée [la Super Planche des Belles Filles].

« Une superbe dynamique »

Avec quel rôle et quelles ambitions vous alignerez-vous au départ ?

J’aurai le rôle d’équipière, de celles qui devront accompagner nos leaders le plus longtemps possible quand la route s’élève. Ne pas avoir le rôle de leader, ça fait une petite pression en moins, même s’il y en aura forcément pour ce premier Tour de France. Je ne vise pas une étape en particulier parce que celles qui me conviennent sont celles de pure montagne et c’est là que le classement général va se décider, que les meilleures vont s’exprimer. Mais la dernière étape me tient forcément à cœur, car l’arrivée est dans ma région, et faire une arrivée en haut de la Super Planche des Belles Filles, ça va être quelque chose.

Vous avez prolongé jusqu’en 2025, vous vous sentez bien dans cette équipe ?

Il y a forcément une bonne ambiance, surtout que depuis le mois d’avril, on est sur une superbe dynamique. On enchaîne les podiums et les victoires, ça crée une émulation et ça tire tout le monde vers le haut. Ce qui est super, c’est que ce n’est pas seulement une fille qui va chercher toutes les victoires, comme dans beaucoup d’équipes. Cinq ou six filles différentes ont déjà dû gagner dans l’équipe cette année, pour les podiums c’est la même chose. C’est vraiment sympa de savoir que tout le monde aura sa chance, et que si on se donne à 100% pour une coéquipière, derrière, elle est capable de s’imposer. Il y a une superbe ambiance dans l’équipe, je pense que c’est important pour que ça marche.

Fin juin a été annoncée l’arrivée de SUEZ dans le sponsoring de l’équipe (FDJ-SUEZ-Futuroscope), qui continue à grandir…

Ces dernières années, l’équipe a beaucoup grandi, et on peut le voir au niveau des performances réalisées cette année. On avait aussi besoin d’un peu plus de budget pour essayer de grandir encore, et c’est vraiment cool de voir arriver un sponsor d’une telle envergure, qui s’intéresse au cyclisme féminin et à notre équipe. Le Tour de France y est certainement pour quelque chose. On voit que ça évolue vraiment dans le bon sens. On tend à arriver vers le niveau des garçons. Au niveau des salaires on en est encore loin, mais tout ne se résume pas à ça non plus. Nous ne sommes pas dans les plus gros budgets des équipes féminines, mais on s’en sort quand même en étant à la deuxième place du classement UCI par équipes.