Evelyne Ciriegi : « Savoir nager, une mission prioritaire »

CROS Ile-de-France

Présidente de la Conférence régionale du sport et du CROS Île-de-France, Evelyne Ciriegi est également vice-présidente de la Ligue Île-de-France de natation et administratrice de la FFN. La dirigeante se sent donc particulièrement concernée par la fermeture d’une trentaine de piscines par Vert Marine.

Vert Marine, délégataire de service public, a fermé une trentaine d’équipements au motif des hausses de prix de l’énergie. Comment avez-vous réagi ?

En raison de mon profond attachement à la discipline, c’est un sujet qui me touche tout particulièrement. Dès le début de son mandat de Ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a œuvré pour développer ce concept du Savoir Nager et montrer l’importance de l’apprentissage de la natation au travers notamment du dispositif « aisance aquatique » luttant ainsi contre les noyades chez les tous petits..
C’est un sujet sur lequel nous nous étions tous accordés. À partir du moment où nous avons des fermetures de piscines, nous sommes collectivement engagés pour trouver une solution.
Je trouve que cette opération menée sans concertation ne correspond pas du tout aux priorités que l’on s’est données pour la jeunesse.
Je suis vraiment très choquée et préoccupée par une décision prise de façon unilatérale qui va à l’encontre de la politique sportive d’aujourd’hui.

Quelles sont aujourd’hui les solutions sur la table ?

La première idée, c’est de se mettre autour d’une table et de discuter avec tous les acteurs concernés. À tout problème, il y a une solution qui doit être trouvée ensemble pour éviter ce couperet inacceptable. On sait que les piscines coûtent cher et que l’on est forcément déficitaire. J’en profite pour saluer les courageuses collectivités territoriales qui font le choix d’une piscine dans leur territoire.
Il faut savoir ce que l’on veut. Pour ma part, je suis extrêmement convaincue qu’apprendre à nager est un élément fondamental qui doit être offert à notre jeunesse au même titre que savoir lire, écrire et compter.
La natation est une discipline qui permet de mieux vivre au bénéfice de sa santé physique et mentale en embarquant toutes les personnes qui ont besoin d’une approche par l’eau, et en même temps, on se doit de prévenir les noyades en particulier des plus jeunes.
Il faut travailler sur l’adaptation des créneaux horaire pour une pratique optimisée et responsable. Peut-être que tous les publics n’ont pas besoin d’avoir la même température de l’eau. Pour les jeunes adultes par exemple, cela peut être modulé. On peut aussi faire des efforts sur la température ambiante de la piscine qui est très chronophage d’énergie. Des solutions sont possibles si on mutualise nos comportements et nos réflexions en matière.
Nous subissons aujourd’hui une réaction imprévue soudaine et vue sous un seul angle. Même si le fond de cette décision peut être compris, la forme est extrêmement maladroite.
Aujourd’hui, il est nécessaire que les collectivités territoriales et les DISP puissent travailler de concert main dans la main. J’ai l’espoir que la Conférence Régionale du sport, déclinaison territoriale de l’ANS soit un moyen utile de rapprocher tous les acteurs qui ont la fibre sport.

Cela sera sûrement un sujet de travail lors de notre prochaine plénière qui aura lieu début octobre.

Cette actualité met-elle en lumière la nécessité de rénover les équipements ?

C’est un sujet qui est évidemment mis sur la table. Nous sommes bien conscients que les coûts sont très élevés, que les équipements n’ont pas été pensés pour la protection de l’environnement et qu’un réajustement est indispensable.
L’accessibilité pour toutes et tous et l’aspect environnemental doivent être les deux piliers fondamentaux de la construction et de la rénovation d’équipements sportifs.
Il faut que l’on puisse maintenir l’existence d’équipements comme les piscines et les patinoires riches en retour humain mais chronophages en énergie si nous n’y prenons pas garde en amont. Les garder tels quels, les rénover ou les construire de façon différente, c’est quelque chose qui doit évoluer durablement, mais ce qui est certain, c’est que nous avons besoin de ce type d’équipement pour l’excellence du sport mais aussi pour une santé optimisée pour toutes et tous et à tous les âges de la vie.
Par rapport à son nombre d’habitants, l’Île-de-France est aujourd’hui la région la moins bien dotée en équipements sportifs malgré les efforts considérables des collectivités territoriales comme la Région Ile-de-France en complémentarité de l’Etat. Mon souhait est que toute francilienne et tout francilien quel que soit son âge, son niveau de vie, sa situation personnelle puisse avoir accès à une pratique sportive de proximité régulière et encadrée engendrant un mieux vivre au sein de la région capitale.