Coco Lindelauf : « On veut aller chercher le titre, rien de moins »

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Un an après sa première sélection avec le XV de France, Coco Lindelauf part pour la Coupe du Monde de rugby féminin, en Nouvelle-Zélande (du 8 octobre au 12 novembre). La joueuse franco-néerlandaise de Blagnac revient sur les ambitions tricolores, mais aussi sur son propre parcours et ce qui l’anime dans le rugby.

Vous êtes née aux Pays-Bas, avant d’arriver jeune en France. Pouvez-vous nous raconter votre parcours, et comment vous avez découvert le rugby ?

Je suis arrivée en France à l’âge de 6 ans, avec mes parents qui ont lancé une chambre d’hôte près de Narbonne. C’est en jouant avec mes amis dans la cour de récréation que je suis venue au rugby. Ma famille n’était pas du tout dans ce sport, ils ne connaissaient même pas ! En arrivant au collège, j’ai eu envie de continuer et d’aller plus loin. Je suis entrée dans la section rugby, et au club de Corbières XV. Je me suis lancée sans grandes ambitions, juste pour m’amuser, comme j’aurais pu faire du tennis ou autre… Le déclic est venu lorsque je suis arrivée au Pôle Espoirs de Toulouse. On s’entraîne beaucoup plus, on nous parle d’Equipe de France… C’est là que j’ai commencé à prendre ça au sérieux.

« On a une envie de revanche… »

Votre première sélection en Equipe de France remonte à près d’un an, avec cette tournée de novembre 2021. Quel souvenir gardez-vous de ce moment ?

C’est un très bon souvenir, avec beaucoup d’émotions ! Jouer une nation comme l’Afrique du Sud, c’est quelque chose, d’autant plus face à ces joueuses qui se battent tous les jours pour leurs droits. Je me rappelle que les Sud-Africaines avaient chanté dans le couloir avant d’entrer sur le terrain. On les entendait depuis le vestiaire, c’était très fort en émotion ! L’annonce de ma participation à la tournée, la remise des maillots…là-aussi ce sont de grands moments. Quand j’ai su que j’allais débuter ce premier match, je me suis dit « Waow, c’est maintenant, c’est pour de vrai ! » C’est allé très vite, et j’ai profité de chaque moment.

Sur cette Coupe du Monde, quelles sont les ambitions du XV de France ?

On ne va pas se cacher : on veut aller chercher le titre de championnes du monde, rien de moins. C’est l’objectif que l’on s’est fixé, et il n’y a rien d’autre qui pourrait pleinement nous satisfaire. Nous sommes dans un trio de tête, avec les Néo-Zélandaises chez elles et l’Angleterre. Après la défaite face à elles au tournoi des Six Nations, on a une envie de revanche… On a très à cœur de montrer qu’on peut aller les embêter et s’emparer de ce trophée.

« Prêtes à partir au combat l’une pour l’autre »

De votre point de vue de joueuse, au cœur de l’action, qu’est-ce qui fait la force de ce collectif ?

A Nice, lors du stage de préparation, la satisfaction du staff était surtout du côté de la défense et de la discipline. Exactement, et cela représente bien notre collectif. C’est très dur de venir gagner du terrain face à nous. On est prêtes à partir au combat l’une pour l’autre, et à venir défendre chacune d’entre nous. Sur et en dehors du terrain, c’est vraiment l’état d’esprit de notre groupe. Toujours prêtes à s’entraider et se soutenir. Sur les deux confrontations contre l’Italie, on tenait à montrer une bonne image aux arbitres. On a beaucoup travaillé la technique et la propreté, avec des séances de préparations encadrées par des arbitres. On nous a rappelé la règle, les bons comportements à adopter…Tout ça dans le but d’être le plus propre possible, même en situations tendues en match.

A titre personnel, quelles sont vos ambitions au sein du groupe France ?

Lors du stage de préparation à Nice, mon objectif était de faire mes preuves et d’être sélectionnée pour cette Coupe du Monde. Désormais, je voudrais à terme faire partie intégrante de ce groupe, que ce soit parmi les titulaires ou en tant que remplaçante. Quel que soit le rôle que l’on me donne, je veux être utile et aider le collectif du mieux que je peux. Je veux disputer un maximum de matchs, pour apporter ma pierre à l’édifice.

« Ce que j’aime le plus dans le rugby : le plaisir, le partage… »

Cet été, vous avez été la marraine d’un tournoi de beach rugby à Gruissan. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

C’est important pour moi de promouvoir le beach rugby. C’est une discipline moins professionnalisée, avec un cadre de règles moins strict. Cela prouve que n’importe qui peut découvrir le beach rugby, en particulier les plus jeunes et les filles. C’est un sport accessible à tous et vraiment ludique. Pour moi, cela représente ce que j’aime le plus dans le rugby : le plaisir, le partage… des notions que je n’oublie jamais. C’est très important pour moi d’aimer ce que je fais et ce que je vis. Sans non plus que le rugby tombe dans le simple loisir, je pense qu’il faut être animé, que ce que l’on fasse nous fasse vibrer et que l’on arrive à y prendre du plaisir. C’est ce que je ressens avec mon sport.

En club et en sélection, est-ce difficile de garder ce « plaisir », ou bien la pression et les enjeux prennent le pas ?

Evidemment, il y a des moments plus durs. Que ce soit lors de défaites difficiles à avaler, ou alors lorsque l’on va vraiment chercher dans nos retranchements sur le terrain. C’est le cas sur des préparations à la Coupe du Monde, où l’on veut prouver de quoi on est capable, alors on cherche à tout donner et à multiplier les efforts avant tout. Mais il y a un très bon groupe de filles, tout le monde se soutient et se pousse vers le haut. Et avec de si grands objectifs, cela nous permet de garder cette motivation et ce feu en nous.

Vous menez des études supérieures à côté du rugby. Pourquoi ce choix de continuer une formation ?

Je suis diplômée d’un DUT GEA et d’une licence en marketing, et j’étudie actuellement en master de marketing stratégique à Toulouse. C’est important pour moi de mener ce double projet. J’ai toujours aimé les études, pour continuer d’apprendre et être dans un univers hors-rugby. Ça fait du bien de voir autre chose. Le domaine du marketing m’intéresse, même si, comme beaucoup de gens de mon âge, je ne sais pas exactement ce que je voudrais faire plus tard ! Tant que j’arrive à concilier les deux, je continue. Je suis épanouie dans ce que je fais et j’ai trouvé un bon équilibre.

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