Associations et collectivités, colonne vertébrale du sport en France

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La quatrième édition de l’étude sur l’économie du sport : « Le sport : un poumon économique, social et territorial », publiée par BPCE L’Observatoire, consacre un chapitre entier au secteur non-marchand du sport en France. Associations, État, Sécurité sociale et collectivités territoriales forment un ensemble discret mais décisif, qui permet à des millions de Français de pratiquer partout sur le territoire, souvent loin de toute logique lucrative.

La nouvelle étude sur l’économie du sport en France, « Le sport : un poumon économique, social et territorial » signée BPCE L’Observatoire (quatrième édition présentée ce jour), repose sur une idée forte : pour comprendre le sport en France, il faut regarder d’abord le secteur non-marchand. D’un côté, les associations sportives, de l’autre, les acteurs publics. Ensemble, ils portent une vision commune : un sport accessible, maillé sur tout le territoire, y compris là où les entreprises ne vont pas, faute de rentabilité.

Un tissu associatif massif et plus autonome qu’on ne le croit

En miroir des quelque 19 millions de licences sportives en France, le pays compte environ 360 000 associations sportives. Derrière ce chiffre global, BPCE L’Observatoire retient surtout 220 000 structures bien identifiées dans les bases statistiques, le plus souvent affiliées à une fédération, pleinement intégrées au paysage local et en lien étroit avec les collectivités.

Parmi elles, 36 500 associations sportives employeuses disposent d’au moins un salarié. Elles pèsent à elles seules 6 milliards d’euros. Leur taille, leur poids économique et leur rôle d’employeur en font des acteurs à part entière de la filière, loin de l’image d’organisations uniquement bénévoles. Leur implantation épouse largement la carte de la pratique sportive. Là où les licenciés sont nombreux, les clubs sont présents. Dans la « diagonale des faibles densités », des territoires ruraux ou de montagne, ainsi que dans les zones à forte tradition de tourisme sportif, ce sont là où il y a la plus forte densité d’associations, qui assurent l’animation quotidienne du sport.

Autre enseignement majeur : les clubs sportifs sont bien plus autonomes financièrement que l’on ne l’imagine. Près de 70% de leurs ressources proviennent de leurs propres activités (cotisations, participations des usagers, organisation d’événements), contre environ 50% pour les autres secteurs associatifs. Les subventions publiques pèsent 22% dans leur budget, là où elles représentent 44% pour les autres associations. Ce modèle plus autoporté explique en partie la résilience des clubs sportifs après la crise sanitaire, comparée à d’autres réseaux associatifs.

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Le bénévolat, force de travail cachée du sport

Au cœur de ce secteur non-marchand, un mot revient comme un fil rouge : bénévolat. Selon l’étude, 3,5 millions de bénévoles s’engagent dans les associations sportives. En volume de travail, cela représente près de trois quarts (73%) des heures mobilisées dans ces structures, les 27% restants étant assurés par des salariés. Aucun autre secteur associatif n’atteint un tel niveau de dépendance au bénévolat.

Cette organisation repose donc sur une économie très particulière : sans ces millions d’heures non rémunérées, le système ne tiendrait pas. C’est aussi ce socle bénévole qui a permis aux clubs de traverser la période post-Covid avec une certaine solidité, malgré les fermetures et les pertes de licenciés. La réalité économique du sport associatif ne se lit pas uniquement en euros, mais aussi en temps donné.

Le second pilier du secteur non-marchand est constitué du secteur public

BPCE L’Observatoire regroupe trois grands types d’acteurs : l’État, la Sécurité sociale et les collectivités territoriales. En 2024, l’ensemble de ces acteurs a financé le sport à hauteur d’au moins 24 milliards d’euros. Pour l’État, une partie importante passe par le sport scolaire (notamment via les enseignants d’EPS) et par le budget spécifique du ministère des Sports, auquel s’ajoutent des programmes dédiés comme ceux liés aux Jeux.

La Sécurité sociale joue aussi un rôle significatif, via les médecins du sport, les kinésithérapeutes ou les dispositifs de prévention, même si l’étude souligne l’absence de données statistiques consolidées pour chiffrer précisément cet engagement. Les collectivités territoriales, elles, restent de très loin le premier financeur public du sport, avec 15 milliards d’euros de dépenses en 2024, soit deux fois plus que l’État.

Le « bloc communal » (communes et intercommunalités) y tient une place centrale : soutien aux clubs, gestion et mise à disposition des installations, entretien et rénovation des équipements. Sur les 333 000 équipements sportifs recensés en France, environ 80% appartiennent à des collectivités.

Un zoom sur les piscines, symbole des enjeux financiers et politiques qui entourent le sport local

La France compte 6 500 bassins répartis dans 3 750 piscines. Cela représente à peine 2,5% des équipements sportifs, mais 20% des dépenses sportives des collectivités et 26% si l’on se limite aux seuls équipements, hors subventions aux associations. Près de 79% des piscines sont détenues par des collectivités, mais l’étude pointe un fait marquant : 27% le sont par des intercommunalités (EPCI), contre seulement 5% pour l’ensemble des équipements sportifs.

La coopération intercommunale est devenue incontournable pour porter des projets aussi coûteux. En parallèle, 19% des piscines sont gérées par des établissements privés, soit deux fois plus que pour les autres installations, afin d’optimiser l’exploitation et la fréquentation. Sur le temps long, la politique publique a basculé : après des décennies centrées sur la construction de nouveaux bassins, la priorité est désormais à la rénovation d’un parc vieillissant, dont une grande partie a été bâtie avant les années 1980. Aujourd’hui, les travaux de rénovation dépassent les mises en service de nouvelles piscines.

Mais le choc inflationniste récent a rebattu les cartes. L’étude montre que, depuis 2022, les investissements dans les piscines ont reculé, alors que ceux dans les autres équipements sportifs continuaient de progresser. En parallèle, les dépenses de fonctionnement ont explosé : +48% entre 2007 et 2024, contre +32% pour l’ensemble des charges de fonctionnement des collectivités. Énergie, eau, personnel : le coût d’exploitation des piscines pèse lourdement sur les budgets locaux.

Au final, la partie de l’étude sur le secteur non-marchand met en lumière un point essentiel : le sport français repose d’abord sur un secteur non marchand puissant, structuré par les associations et porté financièrement par les collectivités territoriales. Un modèle qui garantit l’accès au sport pour tous, mais qui se trouve aujourd’hui face à des contraintes économiques de plus en plus fortes.

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