Yvon Breton : « Le sport, une école de la vie » 

Depuis 1972 et ses débuts à AG2R, Yvon Breton n’a cessé de croire en l’humain et en ce qu’il a de plus beau. À quelques jours de sa retraite, et après plus de 40 ans de bons et loyaux services, ce grand passionné de sport a accepté de se confier. Entretien…

 

Yvon Breton, Vincent Lavenu a commenté de manière très émue votre départ d’AG2R LA MONDIALE. Que lui répondez-vous ?

Que je garde et garderai une relation très privilégiée avec lui. C’est un homme pour qui le mot fidélité a un sens, c’est à ce prix-là que nous avons pu nous accorder une confiance mutuelle, y compris dans les moments difficiles. C’est bien évidemment plus agréable de partager des moments de joie, mais c’est dans la difficulté que la force d’une amitié prend tout son sens.

Cette relation s’est construite avec le temps, au fil des années…

C’est vrai, nous avons pu construire cette relation en même temps que nous avons construit l’équipe. Des liens très forts se sont créés. En tant qu’homme, ce sont des sentiments qui m’ont à la fois passionnés et intéressés. Après avoir reçu beaucoup de toutes ces magnifiques personnes, j’ai envie de leur donner encore un peu de mon temps pour continuer à les accompagner, même si José Messer est tout à fait prêt à assumer cette fonction avec la passion et la compétence qui le caractérisent. Au-delà de Vincent, et c’est d’ailleurs pour cela que j’ai parlé de « personnes », j’ai pu créer des liens très importants avec des partenaires, des journalistes. Il y a quelque chose qui ne trompe jamais, c’est l’honnêteté. Quand les choses ne vont pas, il faut le dire, mais il faut que ce soit également le cas quand les choses vont bien. Avec Vincent, nous avons toujours su faire preuve d’une transparence totale. C’est sûrement le moteur d’une telle fidélité tout au long de ces années. Et puis, il ne faut pas oublier qu’une équipe, c’est une entreprise avec différents métiers : des coureurs, des mécaniciens, des médecins, etc. J’ai pu avoir avec chacun, des contacts spontanés, jamais forcés. C’est une force énorme.

On dit souvent que le sport est l’un des meilleurs révélateurs pour découvrir un homme et toutes ses caractéristiques. Qu’en pensez-vous ?

Le sport est tout simplement la meilleure école pour découvrir la vie. Il n’y a pas de faux-fuyants, on ne peut pas se défiler. Le sport a cette vertu, au-delà de s’entretenir sur un plan physique et mental, de nouer des contacts sans arrière-pensée. C’est une école de la vie, tout simplement. Je trouve d’ailleurs qu’il n’a pas une place suffisante dans l’éducation, c’est un terrain qui rapproche les gens et qui sert le lien social. Il y a quelques années, avant que nous ne soyons impliqués dans ce mouvement, j’avais justement à l’esprit tout ce que le sport pouvait apporter, toutes les valeurs qu’il pouvait véhiculer.

Aujourd’hui, à l’aube de cette saison 2018, l’équipe n’a jamais semblé aussi forte. Partir sur cette réussite vous donne le sentiment du travail accompli ?

C’est le résultat d’un travail d’équipe, de Vincent, de tout son staff, des coureurs. Même de mon côté, sans la direction générale et tous les collaborateurs qui m’entourent, nous n’en serions sûrement pas là. Alors oui, j’en tire une certaine satisfaction générale. Le corps social d’AG2R LA MONDIALE est aujourd’hui très fier d’être reconnu pour son métier, mais également pour son engagement dans le sport. Ce sont des éléments fédérateurs exceptionnels. Cette construction a été progressive depuis vingt ans, et je ne doute pas que l’équipe sera encore meilleure l’année prochaine, tout en gardant ses valeurs d’esprit d’équipe et de solidarité. À ce prix-là, je sais qu’elle conservera un élément majeur et qui fait ma fierté, celui d’être l’équipe préférée des Français. Pour la marque AG2R LA MONDIALE, c’est quelque chose dont nous pouvons être fiers.

Un maillot jaune sur les Champs-Elysées serait un magnifique cadeau d’adieu…

C’est vrai ! Je suis persuadé que le meilleur est à venir. Alors pourquoi pas le Graal dès cette année ? J’y crois en tout cas. Comme pour chaque victoire, les circonstances devront être réunies, mais elles se provoquent. Aujourd’hui, l’équipe a progressé, elle a su corriger certains points pour avoir une meilleure complémentarité. Tous les coureurs sont prêts à tout donner pour Romain, et Romain est prêt à tout leur donner. J’y crois, je sais que tout est possible dans le sport…

Propos recueillis par Bérenger Tournier