Yohann Senechault, le talent jusqu’au bout de la pagaie

Le canoë slalom français a une belle génération qui arrive. Yohann Senechault en est un exemple. Médaillé à plusieurs reprises chez les juniors, le jeune homme de 18 ans souhaite maintenant atteindre la sélection des U23, avec pour objectif non dissimulé de participer aux Jeux Olympiques de Paris en 2024.

Début octobre, l’équipe de France U18 de canoë-kayak slalom a réalisé de bons championnats d’Europe à Cracovie, en Pologne, en remportant 8 médailles, cinq individuelles et trois par équipes. Dans cette délégation tricolore, Yohann Senechault a pris le bronze en canoë monoplace et l’argent par équipes avec Mewen Debliquy et Loïc Trenchant. Déjà champion d’Europe junior en 2019, le sociétaire du Canoë Kayak Club de France fait partie des espoirs de la nouvelle génération bleue en vue des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Son plan pour l’olympiade en cours est déjà tracé. « Arriver en équipe de France U23, puis en senior, décrocher des titres internationaux, avec les Jeux de Paris en ligne de mire », confie Yohann Senechault. Les anneaux olympiques font déjà rêver les sportifs et le palmarès de Tony Estanguet a de quoi créer des vocations pour de jeunes céistes. « Dans notre catégorie, nous avons eu la chance d’avoir un triple champion olympique, en 2000, 2004 et 2012 et un porte-drapeau en 2008. Ses titres ont amené une belle dynamique dans le canoë, on a envie de reproduire ses exploits », souligne le Francilien.

Premier titre national à 15 ans

« Je suis tombé dans ce sport quand j’étais jeune car mon père pratiquait », raconte Yohann Senechault. « Il m’a amené à son club, le Canoë Kayak Club de France à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), et il est devenu mon entraîneur. J’ai commencé à 8 ans, mais au début, je pratiquais juste pour faire du sport en loisir parce qu’il faut bien sortir un peu. Puis, peu à peu, j’ai commencé la compétition au niveau départemental, puis régional et enfin national. J’y ai pris goût. » En 2017, après sept ans à pagayer à Bry-sur-Marne, Yohann Senechault rejoint le Pôle Espoir de Pau (Pyrénées-Atlantiques). « C’était un gros changement ! », se souvient le céiste. « J’étais loin de chez moi. J’ai dû quitter ma famille et mes amis et entrer dans un internat. Je suivais mes cours en sport études donc c’était plus facile d’aller aux entraînements. » Les bonnes performances se sont enchaînées : premier titre de champion de France junior à 15 ans en 2017, première sélection chez les Bleus, puis la médaille d’or lors des championnats d’Europe juniors à l’été 2019 en Slovaquie. « C’était un grand moment de satisfaction après toutes ces années d’entraînement, d’autant plus que c’était ma première course internationale et je voulais savoir où j’en étais », relate Yohann Senechault. Un titre qui en a appelé un autre quelques jours plus tard, celui de champion du monde par équipes avec Hector Combes et Adrien Fischer, déjà à Cracovie. Son palmarès s’est étoffé en cette année 2020 avec deux nouvelles médailles européennes, malgré la situation sanitaire particulière. « Il y avait des barrières autour du bassin de Cracovie pour garder les spectateurs loin. Nous n’avions pas le droit de voir nos proches à l’extérieur », raconte le céiste. Les mondiaux juniors, prévus cette année en Slovénie, n’ont pas eu lieu.

 

« Pour Paris 2024, les jeunes auront pris la place »

En 2019, Yohann Senechault retrouve l’Île-de-France en intégrant le Pôle olympique de Vaires-sur-Marne. « J’avais besoin de changer de bassin », explique le céiste. « Je suis plus proche de ma famille ainsi que de mon club, donc c’est plus facile pour les déplacements en compétition. J’effectue mon double projet universitaire au STAPS de Marne-la-Vallée. On me permet d’aller aux entraînements et on m’envoie les cours. J’ai la chance d’avoir cette liberté. » Autre avantage, le bassin de Vaires-sur-Marne sera le lieu des épreuves olympiques de slalom dans moins de quatre ans. « Forcément, les Français auront plus de repères et plus d’expérience sur ce bassin, mais il ne faut pas oublier que la configuration des parcours change tout le temps », rappelle Yohann Senechault. Au pôle olympique, le jeune homme de 18 ans côtoie les membres de l’équipe de France senior : « On croise tous les jours des athlètes qui ont déjà participé aux Jeux Olympiques ou qui se préparent pour Tokyo. Ils nous parlent de leur expérience et nous donnent des conseils ». Yohann Senechault a aussi affronté ses aînés lors des sélections pour les Jeux Olympiques de Tokyo à Pau, mi-octobre. « C’était un bon apprentissage. Je mesure le chemin qu’il me reste à parcourir pour les dépasser. » Les bons résultats obtenus par les équipes de France chez les jeunes donnent de bonnes raisons d’être confiant en vue de l’échéance olympique de 2024. « Le canoë slalom français a deux très belles générations qui arrivent, la mienne et celle des U23. On l’a aussi vu lors des sélections olympiques où les jeunes sont allés embêter les seniors installés. Pour Paris 2024, ils auront pris la place. » Car représenter le canoë français à domicile dans quatre ans, en pleine ferveur olympique, est l’objectif affiché de cette génération. « On y pense un peu tous les jours. C’est la compétition de référence pour tous les sportifs », affirme Yohann Senechault. « Remporter les JO à la maison, devant les supporters, est une vraie source de motivation. Quand on est fatigué, qu’il fait froid, qu’on n’a pas envie, la perspective des Jeux de Paris nous pousse jusqu’à l’entraînement. »

L’incertitude

Yohann Senechault se prépare déjà pour franchir les étapes jusqu’aux Jeux de Paris, mais la situation sanitaire mondiale laisse peu de visibilité sur les prochains mois. « Les sélections en équipe de France U23 auront lieu en mars, mais d’ici là, on ne sait pas ce qu’il va se passer », explique-t-il. « On ne connaît pas non plus les dates des prochains championnats d’Europe et du monde. » Le céiste et ses partenaires du Pôle olympique ont pu poursuivre leurs entraînements sur le bassin de Vaires-sur-Marne pendant le mois de novembre. « Les sportifs sur les listes ministérielles ont une autorisation spéciale pour pratiquer pendant ce deuxième confinement. On a continué à s’entraîner plusieurs fois par jour en faisant attention aux gestes barrières pour ne pas prendre le risque de se contaminer et de perdre des semaines de préparation. » Car le temps est déjà compté avant le grand rendez-vous olympique de Paris en 2024.

Leslie Mucret