Victoire Andrier : « Une nouvelle manière de voir mon sport »

FFME

En route vers les Jeux Olympiques, Victoire Andrier change sa vision de l’entraînement et de ses objectifs. Interview avec la grimpeuse de la Team SPORTMAG.

La saison vient de démarrer pour vous avec cette victoire en Coupe de France. Comment débutez-vous cette nouvelle année ?

J’ai changé beaucoup de choses cet hiver, et j’en sens les effets. J’ai pris du recul, et je suis revenu avec de nouvelles méthodes d’entraînement et d’approche. Par exemple, j’ai changé de façon de grimper la voie. Mon départ, certains gestes, certains sauts… Cette victoire en Coupe de France est positive, aussi parce que j’ai amélioré mon record avec cette nouvelle méthode (7’’79, avec un record à 7’’23). Certains me disaient que c’était risqué de tout changer l’année des Jeux ! Mais j’aurais regretté de ne pas avoir tenté. Je suis encore loin d’être à 100%, mais la forme est là à l’entraînement. Mon prochain objectif : les championnats de France, en mars.

« Faire la différence entre optimisation et maximisation »

Qu’avez-vous changé d’autre à l’entraînement, au quotidien ?

C’est vraiment un nouvel état d’esprit. Désormais, mes horaires d’entraînement ne sont plus calqués exactement sur le reste du groupe en Equipe de France. Je suis passé à trois heures et demi de repos entre mes deux entraînements, et je sens plus un travail de qualité. Désormais, je vois bien plus le Pôle France comme une ressource, plutôt qu’un plan à suivre à la lettre. C’est venu avec le temps, il y avait aussi une question de légitimité. J’ai la chance d’avoir des coachs très à l’écoute, qui me comprennent et me guident dans mes besoins et ces nouvelles méthodes d’entraînement.

Vous travaillez également avec un nouveau préparateur mental ?

Depuis quelques mois, on fait un super travail. On se voit régulièrement, une fois toutes les deux semaines, mais sur de longues séances qui peuvent aller jusqu’à deux, trois heures. Je me prépare aussi en amont, et ça m’apporte beaucoup. Ce travail m’aide à moins me disperser, à rester concentré sur ce qui fonctionne et à penser d’aborder à mes objectifs proches. Après tant d’année à penser aux JO en France, avoir cette vision plus à court terme, un ou deux mois, est bien plus clair et moins preneur en énergie.

Je me suis rendu compte qu’un des enjeux les plus importants pour moi était de travailler sur les différences entre « optimisation » et « maximisation ». Avant, j’avais tendance à toujours vouloir en faire plus. Désormais, l’objectif est d’avoir du sens dans ce que je fais. Si je fais un run de plus, qu’est-ce que cela va m’apporter ? Est-ce que je maximise, où est-ce que j’optimise ? C’est pour cette raison que j’ai adapté mes entraînements. C’est une nouvelle manière de voir mon sport, et la place que cela occupe dans ma vie.

« Faire la différence entre optimisation et maximisation »

Est-ce que cette médaille d’argent à Chamonix, avec toutes les émotions autour, vous ont fait relativiser sur les JO Paris 2024 en tant qu’objectif ultime ?

Sur le coup oui. Je ne voulais pas être trop « à fond », comme l’année dernière. Cette saison, je relativise bien sûr, dans le sens où il n’y a évidemment pas que les Jeux dans la vie. En janvier, on a pu avoir un temps d’intervention de Bassa Mawem. Il nous a dit : « ta vie de sportif prend tout son sens le jour où tu entres dans le village olympique ». Et c’est un gars qui a gagné deux fois le général de la Coupe du Monde qui nous dit ça ! Ce speech m’a vraiment fait entrer dans la course aux JO. Ça va être une belle fête du sport, je veux en profiter. Pour moi, les échéances de qualification qui arrivent avant, à Budapest et Shanghai, font déjà partie de cette expérience olympique, que j’ai envie de vivre à fond.