Véronique Gensac : « Accompagner les pratiquants vers une reprise en douceur »

Pour son deuxième mandat en tant que présidente de la Fédération Française de Vol Libre, Véronique Gensac s’exprime sur sa passion pour le vol libre et son nouvel engagement.

 

Comment avez-vous découvert et pris goût au parapente ?

Très exactement, j’ai découvert le parapente en 1991 à Bourg Saint Maurice, région où habitaient mes arrières-arrières grands-parents. Ils avaient une maison dans un petit village à Aimes, aujourd’hui appelé Aimes la Plagne. Je faisais beaucoup de ski l’hiver, des randonnées l’été mais j’avais un peu épuisé toutes les balades du coin. Je cherchais donc un sport pour l’été et j’hésitais entre le canoé-kayak, qui se pratique aussi beaucoup en Isère, et le parapente. Finalement, j’ai poussé la porte d’une école de parapente et depuis, je suis restée fidèle. J’ai commencé par un stage d’initiation comme tout le monde, dans une école. J’ai voulu en faire un deuxième mais il n’y avait plus de place, donc j’ai rongé mon frein tout l’hiver en attendant l’été d’après. Progressivement, je suis devenue autonome, j’ai passé un certain nombre de diplômes fédéraux et j’ai progressé.

Ce sont les sensations qui vous ont fait adhérer à la discipline ?

Oui énormément. C’est le fait de faire quelque chose qui fait découvrir des paysages sous un angle totalement nouveau. Ce n’est pas tous les jours, mais quand on arrive à monter à plus de 3000m, on voit beaucoup de choses qu’on ne voit pas autrement, on voit des montagnes sous un autre angle.

Comment s’est passé votre premier mandat en tant que présidente de la FFVL ?

Il s’est bien passé car nous étions une équipe assez soudée. L’ancien président, Jean Claude Bénintende, m’a beaucoup épaulé et nous avons réalisé un début de mandat où un certain nombre d’actions ont été mises en place. Nous avons notamment créé un réseau d’animateurs de sécurité pour renforcer et essayer d’améliorer tout ce qui touche à la gestion des risques. Notion très importante en parapente, qui s’apprend. Si on veut prendre un exemple concret, il y a des conditions de vol qui sont beaucoup plus turbulentes que d’autres. Dans la fédération, nous avons mis en place un apprentissage très progressif avec plusieurs niveaux et des brevets (non obligatoires) permettant de s’autoévaluer sur sa progression à la fois sur le plan théorique et technique. En parapente, il faut être capable d’analyser la météo, l’aérologie, les reliefs, la masse d’air. Cette dernière est invisible mais a un fort impact sur le vol. C’est aussi ça qui m’a beaucoup intéressé dans le parapente car aucun vol ne se ressemble et il y a toujours des choses à voir, à apprendre et c’est aussi ça qui rend ce sport très attractif. Dans la fédération nous avons plusieurs activités : le delta apparu dans lesannées 70, le parapente, apparu dans les années 80. Actuellement, plus de 75% des pratiquants sont des parapentistes. Progressivement, d’autres disciplines ont demandé à nous rejoindre : le cerf-volant, le kite et enfin le boomerang. Toutes ces disciplines ont en commun de jouer avec l’air, sans moteur. Dans ces activités, nous avons la possibilité de voler à des distances assez fabuleuses maintenant.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de revivre l’expérience ?

J’ai toujours été impliquée dans la vie associative, notamment depuis que je suis étudiante. Le parapente est un sport en principe individuel, mais on se rend compte que si on ne s’organise pas, tout devient beaucoup plus complexe. Le travail que fait la fédération est un gros travail de structuration d’activités, d’organisation, avec par exemple toutes les négociations sur les terrains de décollage, d’atterrissage, qui aident énormément à la pratique. C’est pareil pour le kite, avec toutes les autorisations pour accéder à la mer. La fédération s’occupe également de réfléchir à la formation, à la progression, avec tout un réseau d’école (à but lucratif avec des professionnels qui encadrent contre rémunération). Nous avons un label de qualité afin que les personnes voulant pratiquer apprennent dans de bonnes conditions : le matériel, le nombre de moniteurs par élèves… Notre rôle est de rendre les pilotes autonomes, responsables afin qu’ils puissent profiter de leur vol et ne pas s’exposer au danger

Comment les clubs et les licenciés ont vécu le confinement et l’arrêt des activités ? Comment comptez-vous accompagner la sortie de crise ?

Le premier confinement du mois de mars a été assez difficile car surprenant. Nous n’étions pas du tout préparés à cette épidémie et ça a été vécu comme quelque chose de très frustrant. Nous avons essayé d’utiliser cette période pour préparer le déconfinement. Par exemple l’année dernière, nous avions lancé un concours de tuto sous forme de vidéo pour justement favoriser une reprise apaisée. Avec les freins rangés depuis plusieurs mois, les conditions de déconfinement en mai-juin, avec les conditions assez turbulentes du printemps, nous avons voulu accompagner les pratiquants vers une reprise en douceur.

Quelle est la place des femmes au sein de la fédération, dans une discipline peut-être parfois cataloguée comme masculine ?

Au sein de la fédération, nous ne sommes pas nombreuses. Personnellement, j’avais des compétences, je les ai utilisées pour la fédération. Avant d’être présidente de la fédération, j’étais beaucoup impliquée dans la vie locale, j’ai été maire de ma commune notamment, donc j’avais l’habitude d’organiser de nombreuses choses. Au départ, on considérait peut-être le parapente et le delta comme des sports à risque, donc plutôt réservés aux hommes alors que pas du tout. Les femmes compensent très largement par la technique car il s’agit avant tout d’un sport de sensation. Bien souvent, les élèves femmes progressent assez vites car elles travaillent moins en force et davantage en sensation, ce qui permet de mieux comprendre les choses. C’est un sport très accessible aux femmes mais assez chronophage. Selon moi, c’est le seul frein que peuvent rencontrer les femmes à la pratique de la discipline. Faire le choix du parapente peut être moins évident pour une femme qui voudrait rentabiliser son temps libre dans une activité physique et sportive

Propos recueillis par Lorraine Biava