HEC Paris a remporté fin avril à Clairefontaine l’édition 2025 de la Saint-Gobain Football Cup en catégorie féminine. Un succès important pour les étudiantes du plateau de Saclay, après deux défaites consécutives de leur établissement en finale. Pancarte de vainqueur trônant derrière elle et coupe à ses côtés, Isabelle, capitaine de l’équipe, est revenue auprès de SPORTMAG sur cette expérience, ainsi que sur la façon de concilier sports et études au sein d’un cursus exigeant.
Vous vous imposez 1-0 face à l’EM Lyon en finale de la Saint-Gobain Football Cup. Racontez-nous ce match…
On connaissait déjà l’équipe de l’EM Lyon, puisqu’on l’avait affrontée pendant les phases de poules. On avait gagné le match 2-1, mais ce n’était pas facile car il y avait de très bonnes joueuses en face. Notamment au milieu de terrain, elles quadrillaient bien le jeu. On savait à qui on avait affaire. On s’était donc mis en tête pour la finale de rester concentrées, de se donner à fond. Elles avaient une bonne gardienne, donc il fallait concrétiser toutes les occasions qu’on avait, d’autant plus qu’on ne s’en procurait pas énormément.
La première mi-temps s’est terminée à 0-0, on a eu quelques occasions mais elles aussi. Vers la fin, on était un peu moins dedans. Donc on a profité de la mi-temps pour se ressaisir, les coachs nous ont fait un petit speech de motivation. Derrière, on a très bien entamé la deuxième période, en établissant notamment une combinaison sur les corners. On a joué l’un d’entre eux à deux avec l’attaquante de mon équipe, et c’est comme ça qu’on a réussi à marquer. Ce n’était vraiment pas un match facile, il y avait beaucoup d’intensité. Elles étaient très agressives en face, et avaient tout autant envie de gagner que nous.
Que représente ce titre pour vous ? Qu’avez-vous ressenti au coup de sifflet final ?
On était super fières ! Pour ma part, c’était la première fois que je jouais la Saint-Gobain Football Cup, et en tant que capitaine je voulais vraiment la gagner. C’était pareil pour mon équipe. Donc à l’arrivée on était très heureuses et très fières, d’autant plus que ce n’était pas gagné d’avance. Lors des barrages, on a rencontré beaucoup de difficultés pour se qualifier. On a en effet appris juste avant qu’une de nos meilleures joueuses avait l’appendicite, donc elle n’a pas pu venir jouer ces barrages. Il y avait aussi une autre joueuse qui avait un match de championnat très important avec son club, et qui n’a pas pu venir non plus. Les barrages étaient assez loin d’HEC (près de Nantes), on a mis 4 heures pour y aller. On y a affronté Audencia et Neoma, c’était deux gros matchs très difficiles. On a vraiment bataillé pour se qualifier, donc arriver jusque-là et gagner la compétition, c’est une fierté immense.
Au vu de tous ces éléments, quel était votre objectif initial ?
Comme chaque année, l’objectif était d’aller au bout. Ces trois dernières années, on (l’équipe d’HEC) est arrivé en finale, et les deux premières ont été perdues face à l’EDHEC Lille. Donc cette année, on ne voulait pas reproduire une troisième fois ce scénario. On a abordé la compétition avec l’objectif de gagner, de se donner à fond. Et ça a payé. C’est la troisième étoile d’HEC Paris, c’est génial !
Comment s’est construite cette équipe d’HEC ? Depuis combien de temps jouez-vous ensemble ?
Il y avait dans l’équipe deux joueuses qui n’avaient jamais joué avec nous avant, parce qu’elles sont en dernière année d’HEC. La première étudie à Barcelone, et ne vient donc pas aux entraînements. L’autre joue en club sur Paris, on ne la connaissait pas. On s’est donc rencontrées à Clairefontaine, et ça s’est super bien passé. Il y a eu tout de suite une super cohésion et une très bonne ambiance d’équipe, comme si on se connaissait depuis toujours. Je pense que c’est ça qui a payé, on était amies sur le terrain, on s’encourageait, on se donnait à fond. Et ça se ressentait pendant les matchs.
Comment avez-vous concilié votre charge de travail en école de commerce et la préparation pour un tournoi comme celui-ci ?
À HEC, le sport a une place très importante. En première année, on est obligé de pratiquer un sport. Grâce à ça, 80 filles pratiquent le football à HEC. C’est le sport le plus populaire du campus. On a quatre équipes de foot, trois entraînements par semaine avec deux coachs. On a des cours qui sont banalisés le mardi et le jeudi après-midi pour nous permettre de pratiquer. Dans notre équipe, il y a des joueuses qui n’avaient jamais fait de foot avant et qui ont commencé à HEC. Ça fait donc à peine deux ans qu’elles en font, mais avec trois entraînements par semaine elles ont réussi à rattraper le niveau. Grâce à HEC, on peut concilier foot et études !
Comment décririez-vous l’ambiance dans le groupe, avant et pendant la compétition ?
On était très soudées. Deux de nos joueuses avaient déjà joué deux fois à Clairefontaine, donc elles avaient pas mal d’expérience avec déjà deux finales disputées. Elles ont pu nous apporter toute cette expérience, ainsi que leurs conseils pour nous motiver. L’ambiance était vraiment bienveillante, on était toutes copines. On s’encourageait toujours sur le terrain, et le soir, on mangeait ensemble. On prenait des bières, c’était sérieux et festif à la fois. C’est cette conciliation entre amitié et sport qui a payé.
D’un point de vue personnel, c’était donc votre première fois à Clairefontaine. Qu’avez-vous pensé du cadre ?
J’ai fait beaucoup de foot, j’ai joué pendant 12 ans, notamment au Paris FC. Mais je n’avais jamais eu l’opportunité d’aller à Clairefontaine. Donc c’était un peu un rêve d’enfance de me retrouver là. C’était une expérience incroyable. En plus, il a fait super beau. Le premier jour, on a eu le droit à une visite du site et des vestiaires. On a pu prendre notre photo avec le maillot de Mbappé, on a vu le château… Et les terrains sont magnifiques !
Des salariés de Saint-Gobain étaient présents, et avaient des rôles de parrains et marraines. Comment se sont passés vos échanges avec eux ?
C’était très bien organisé. Chaque équipe avait plusieurs parrains et marraines. Au premier dîner, on a mangé avec eux, et j’ai pu échanger avec mon parrain, Vincent Bastide. Il nous a parlé de ce qu’il faisait à Saint-Gobain, des opportunités au sein du groupe. Ça montre que Saint-Gobain est une entreprise qui a envie de recruter des jeunes, et qui se donne les moyens pour le faire, parce qu’organiser un tel événement représente un gros budget. De plus, ils investissent beaucoup sur la transition écologique, et c’est quelque chose qui nous (la nouvelle génération) parle beaucoup. Ça donne envie d’aller chez eux, et de s’intéresser à ce qu’ils proposent.
Vous évoquiez la place importante accordée au sport par HEC. Pensez-vous que les grandes écoles devraient s’inspirer de ce modèle ?
Oui, tout à fait. Le problème, c’est que pour rentrer dans des grandes écoles, il faut passer par deux ans de prépa. Ce sont deux années très intensives, parce qu’on prépare un concours. Donc, pendant ces deux ans, la plupart des gens arrêtent complètement le sport. C’est pourquoi je trouve important qu’une fois entré en grande école, le sport soit obligatoire, pour s’y remettre et retrouver un rythme de vie sain. C’est une façon de se sociabiliser, de se faire plein d’amis et d’être en bonne santé. À HEC, l’administration se donne les moyens pour qu’on ait accès à des infrastructures sportives, mais ce n’est pas le cas dans toutes les écoles, en particulier celles situées dans Paris intra-muros. Ce serait super si toutes les écoles pouvaient investir et donner à leurs étudiants le temps de faire du sport.
Que diriez-vous à une étudiante qui aimerait faire du sport en parallèle de ses études, mais qui serait freinée et démotivée par différentes contraintes ?
C’est sûr que faire du sport, ça prend beaucoup de temps. Les études aussi, donc il y a des compromis à faire. Mais je trouve qu’il est vraiment important de dégager une heure ou deux dans la semaine pour faire du sport. Ça aiderait en plus la personne en question dans ses études, parce que ça lui permettrait d’être plus concentrée en cours, et de pouvoir penser complètement à autre chose à certains moments. Quand on est focalisé uniquement sur les études, ça peut devenir stressant, et on peut se sentir mal si les résultats ne suivent pas. Le fait de couper un peu, de faire du sport, de voir d’autres personnes aide beaucoup, et permet aussi d’être plus productif. Donc je lui conseillerais de chercher à se dégager du temps, parce que ça sera bénéfique pour la suite.
Maintenant que vous avez gagné la Saint-Gobain Football Club, prévoyez-vous de jouer encore ensemble par la suite ?
Le Bureau des Sports nous a invitées à dîner au château d’HEC pour célébrer notre victoire. C’est un lieu magnifique, où on va toutes pouvoir se retrouver. À côté de ça, on continue les entraînements. On a quelques matchs amicaux qui vont suivre, et peut-être des tournois. On a en tout cas hâte de revenir l’an prochain ! Et grâce à notre victoire, on dormira directement à Clairefontaine. Ça sera génial !