Thibaud Turlan : « Faire le meilleur résultat possible »

Thibaud et Guillaume Turlan ont vaillamment décroché leur billet pour Tokyo en aviron, lors de la régate de qualification olympique de Lucerne. Les frères jumeaux visent une place en finale lors du rendez-vous japonais.

Le deux sans barreur est une histoire de famille en équipe de France. La qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo s’est jouée entre la paire Théophile et Valentin Onfroy d’un côté, Thibaud et Guillaume Turlan de l’autre. « Au début de l’olympiade, on était sur le quatre sans barreur, et ce n’est qu’à partir de décembre 2020 qu’on s’est retrouvé à prétendre à une place pour le deux sans barreur en équipe de France. On a réussi à gagner les sélections en interne. A partir de là, on a fait les championnats d’Europe, où on va en finale (sixième place à Varèse). On a réussi ensuite à aller jusqu’à la régate de qualification olympique à Lucerne, et c’est là-bas qu’il y a eu la confrontation entre les frères Onfroy et nous. On a fait un meilleur classement qu’eux, en terminant à la cinquième place, alors qu’eux étaient en finale B, qu’ils n’ont pas courue à cause d’un souci physique. C’est à ce moment-là qu’on a su qu’on était qualifiés pour le deux sans barreur pour les Jeux olympiques », explique Thibaud Turlan.
 
La qualification en poche, les jumeaux misent sur une bonne préparation pour arriver au top au Japon cet été. « L’envie de faire un bon stage de préparation pour être dans les meilleures dispositions, aussi bien physiques que techniques », confirme Thibaud Turlan. Du côté de Tokyo, le duo tricolore se fixe un premier objectif raisonnable, celui d’atteindre la finale. Ensuite, tout peut arriver, même si deux bateaux sont quasiment promis au podium : « On y va pour faire le meilleur résultat possible. J’aimerais bien battre encore une fois les Italiens, les Roumains. On s’est croisé un paquet de fois, et ça se joue toujours à pas grand-chose. L’objectif concret, ce serait d’entrer en finale déjà. Il y a deux bateaux qui sont les grands favoris, les Croates et les Australiens. Ce sera ouvert pour la troisième place, donc ce serait bien de valider l’objectif de se hisser en finale. »
 

« Ramer avec mon frère, je vois ça comme un avantage »


Pour leur première expérience olympique, Thibaud et Guillaume Turlan vont avoir un petit avantage. Au Japon, les restrictions sanitaires seront très strictes, et la présence des familles interdite. Eux pourront compter l’un sur l’autre. « Je ne me rends pas compte de cette chance pour l’instant, explique le rameur tricolore, mais c’est vrai que c’est quand même assez chouette. Je pense qu’on s’en rendra compte là-bas. » Faire une carrière sportive au côté de son frère n’est pas toujours chose facile, mais Thibaud Turlan voit plutôt cela comme un avantage : « Il y a deux aspects. Le fait de bien se connaître, ça permet de très facilement communiquer et trouver les bons mots pour être compris par l’autre. Après, comme on passe beaucoup de temps ensemble aux entraînements, parfois, on a plus facilement tendance à prendre moins de pincettes. Mais dans l’ensemble, je vois plus ça comme un avantage, parce que cette relation que j’ai avec mon frère, cette confiance et cette compréhension de l’autre, il m’aurait fallu quatre, cinq, six ans pour les avoir avec quelqu’un d’autre. »
 
Thibaud et Guillaume Turlan vont essayer de profiter au mieux de ces Jeux olympiques particuliers, sans penser aux Jeux de Paris 2024. « C’est dans un tout petit coin de ma tête. Mais je ne pense pas vraiment aux Jeux olympiques de Paris 2024, plutôt à la façon d’organiser ma vie si je veux poursuivre l’aviron jusqu’à 27 ans. Je fais des compromis avec ma compagne, il y a les études qui vont se terminer, donc il va falloir trouver du travail. Par rapport à cet environnement, est-ce que j’aurai encore la possibilité de faire de l’aviron pendant trois ans au plus haut niveau ? C’est là-dessus que je me questionne, plus que sur mon envie de faire les Jeux olympiques de Paris 2024. Je ne veux pas me lancer dans un projet olympique si je ne le fais qu’à moitié et que j’ai des horaires intenables. Pour mon frère, c’est une autre optique. Sa compagne habite à Amsterdam, les contraintes sont encore plus importantes. Il voulait s’installer un an là-bas après les Jeux olympiques. Le report chamboule tout. Ce n’est pas forcément évident, mais on ne parle pas trop de ça, pour ne pas se projeter sur des choses qu’on ne maîtrise pas encore. », prévient Thibaud Turlan. Un bon résultat au Japon les aidera peut-être dans leur réflexion.
 

Simon Bardet