Sylvain Chapelle : « Victoire Andrier, une compétitrice »

FFME

L’entraîneur de l’Equipe de France d’escalade de vitesse évoque Victoire Andrier, notre grimpeuse de la Team SPORTMAG, de son rôle dans le collectif à cette saison 2023 décisive en vue des Jeux.

Où en êtes-vous dans la préparation de la saison avec l’Equipe de France ?

On s’approche de plus en plus des compétitions. On a un premier sélectif interne à l’Equipe de France le 8 mars, avant les championnats de France dix jours après. Cela va nous permettre de dégager une première sélection qui ira sur les premières manches de Coupe du Monde. Elles vont arriver vite ensuite au mois d’avril, avec trois étapes en quatre semaines. Cette saison s’annonce chargée et décisive. Il y aura une grande échéance de qualification aux championnats du monde, avant le TQO de Turin, et le circuit international joue aussi un rôle, via les Olympic Qualifier Series. 2023, c’est l’année où il faut répondre présent pour espérer être aux Jeux olympiques.

Dans toutes ces échéances, quels sont les objectifs de qualification à Paris en 2024 ?

En tant que pays-hôte, nous avons déjà une place garantie pour un Français et une Française, parmi les 14 masculins et 14 féminines qui seront aux JO. Le processus est très serré, mais dans l’idée, l’objectif serait d’avoir deux et deux, deux athlètes dans chaque catégorie. Ce sera compliqué. Dans les top 15 hommes et femmes, il y a des Français, mais ils ne jouent pas forcément les toutes premières places. Les qualifications seront très disputées.

« Victoire a cette capacité d’élever son niveau dans les moments importants »

Pour parler de Victoire en particulier : elle qui est en Equipe de France depuis plusieurs années maintenant, quelle place a-t-elle dans le groupe ?

Aujourd’hui, elle fait partie des trois meilleures Françaises, avec Capucine Viglione et Aurélia Saurisson. Je sais que la volonté de Victoire n’est pas d’être dans les trois meilleures, mais LA meilleure tout court. Elle a encore une marge de progression, et son expérience de compétitrice parle pour elle. C’est la seule à avoir déjà réalisé un podium en Coupe du Monde, à Villars en 2018. C’était il y a quelques années certes, mais ce n’est clairement pas donné à tout le monde, elle fait partie d’un club fermé.

En Equipe de France, c’est une des premières à avoir dit officiellement qu’elle visait les Jeux olympiques. Ça vous a surpris ?

Non pas vraiment. Dès que l’escalade arrive aux JO, la finalité, c’est de s’y qualifier. Victoire a eu l’ambition de le dire et de l’affirmer, ce qui n’est pas forcément évident. C’est une bonne chose qu’elle se soit positionnée vite, c’était important pour elle en tant que compétitrice.

« Arco et Chamonix lui ont fait du bien »

A quoi vous attendez-vous pour Victoire en cette année 2023 ?

Ce que j’aimerais, c’est qu’elle se rapproche régulièrement des podiums en Coupe du Monde. Faire un podium cette année, ce serait super, et ce n’est pas impossible. Au vu de ce qu’elle a montré l’année dernière, elle a les clés pour se placer de mieux en mieux en vue de la qualif’ pour les JO, et pour être au top à Paris. La saison passée, elle a prouvé qu’elle était capable d’aller chercher des podiums au moment où elle n’était pas forcément la plus forte. Victoire a cette capacité d’élever son niveau dans les moments importants.

Au fil de la saison dernière, on a senti une approche plus relâchée chez Victoire, notamment après son podium à Arco en Coupe d’Europe. C’est aussi quelque chose que vous avez senti ?

Cette compétition à Arco l’a complètement détendu. De mon côté, j’attendais forcément un résultat. Sur les premières Coupe du Monde, elle n’était pas au niveau qu’on attendait, et qu’elle attendait. Chamonix aussi lui a fait du bien, avec un record encore abaissé, devant un public français et avec sa famille, dont elle est très proche. C’était une très bonne chose pour elle. En vitesse, c’est toujours difficile d’aller se qualifier, cela engendre du stress. Tout au long de la saison, on voit aussi la concurrence étrangère évoluer, ce qui rajoute également de la pression pour rester au niveau. Victoire ne vient pas sur les compétitions pour faire de la figuration, elle vient y performer. Plus jeune, elle est partie en Nouvelle-Calédonie et est revenue avec beaucoup de doutes. Son évolution est importante depuis ce moment-là. Désormais, elle sait comment progresser à Voiron, et continuer à s’installer au meilleur niveau mondial.