Sur la route des Jeux Olympiques

En lien avec l’UNSS, François Lassuye, enseignant d’EPS au Lycée Guillaume Fichet de Bonneville, a lancé le projet « Olympisme ». Un projet d’exception qui va permettre à 70 jeunes de partir sur les traces des 43 villes hôtes des Olympiades d’été et d’hiver.

70 jeunes pour un tour du monde de 23 pays et 43 villes hôtes. C’est le projet un peu fou rêvé par François Lassuye, enseignant d’EPS au Lycée Guillaume Fichet de Bonneville (Académie de Grenoble) et ancien vice-président de la Fédération Française de Lutte et Disciplines Associées. « En 2013, lorsque la place de la lutte aux Jeux Olympiques était menacée, nous avions organisé un tour du monde des luttes. Soutenu par la fédération internationale, nous avions ainsi démontré au moyen d’un film la véritable place de ce sport dans le monde, avant de finir notre périple à Rio à l’occasion des JO. C’était une expérience extraordinaire pour ces jeunes », se souvient le professeur d’EPS. « En mars 2020, lors du premier confinement, lorsque j’ai appris que les JO de Tokyo étaient repoussés d’un an, je me suis dit qu’il était intéressant de relancer un projet de ce type. Les JO étaient dans la tourmente, Paris 2024 pointait à l’horizon ; le contexte m’incitait à nouveau à m’impliquer sur le sujet olympique. Nous avons donc travaillé sur ce projet avec deux collègues et nous l’avons proposé début septembre à plusieurs partenaires potentiels, notamment à l’UNSS et au CDOS de Haute-Savoie. » Un projet qui a très vite séduit ces partenaires mais aussi de nombreux jeunes élèves. « L’objectif est de réaliser un film sur l’héritage olympique au terme d’une aventure de quatre ans qui devrait nous permettre d’étudier les 43 villes hôtes des Jeux Olympiques d’été et d’hiver », confie François Lassuye. Un projet colossal qui a, bien évidemment, suscité de nombreuses candidatures. « Nous avons établi des critères de sélection avec la direction nationale de l’UNSS. Au départ, je pensais former un groupe d’une trentaine de jeunes pour ce projet, mais nous avons été rapidement envahis de dossiers, issus de 24 départements et représentant plus de 40 disciplines sportives. Nous avons donc pris la décision d’élargir la sélection à 70 jeunes. »

30 jeunes attendus, 70 à l’arrivée

70 jeunes qui s’apprêtent donc à vivre une aventure hors du commun : un tour du monde olympique, de l’Europe à l’Amérique du Nord en passant par l’Amérique du Sud, l’Asie et l’Océanie. « La moitié de l’effectif fait partie des classes Génération 2024 », révèle François Lassuye. « Ce sont donc des élèves sportifs dans l’âme et munis de bons dossiers scolaires. L’autre moitié a présenté sa candidature de manière spontanée. » Un groupe élargi, déjà à l’œuvre concernant la concrétisation de cet ambitieux projet. « Nous avons un total de 23 secteurs de travail sur lesquels nos jeunes s’investissent en fonction de leurs compétences et de leur intérêt pour les sujets. Je pense par exemple à la communication, à la recherche de partenaires, au choix des thèmes d’étude, à l’écriture du synopsis du film, à l’équipement du collectif… Les jeunes mettent les mains dans le cambouis, si j’ose dire », assure le professeur d’EPS. « Pour la recherche de partenaires, ils ont besoin d’apprendre à défendre un dossier, à s’exprimer clairement, à mettre en avant leurs idées… Il n’y a pas mieux pour leur développement ! Les parents sont également hyper investis. Ce sont d’ailleurs certains parents qui ont contacté Adidas, Le Coq Sportif, Décathlon… Le réseau parental est très actif dans ce projet. Les parents savent que cela va être une expérience inoubliable pour leurs enfants. » Si la recherche de partenaires est aussi essentielle, c’est que ce tour du monde ne se fera pas en un seul voyage. « Nous envisageons au minimum huit boucles. Rien que pour l’Europe, deux déplacements de 25 jours sont prévus et le budget total est estimé à 185 000 euros. Sans partenaires autour de ce formidable projet, il est donc évident que la donne sera compliquée, mais notre projet doit servir toute une communauté scolaire et de manière plus large l’ensemble du monde sportif. Nous sommes donc optimistes ! » Concernant l’équipement, le projet a d’ores et déjà reçu d’intéressants retours de la marque Le Coq Sportif. Une aide de poids alors que le projet va progressivement décoller au cours de cette année 2021.

Premier départ pour l’Europe dès septembre

Depuis décembre dernier, c’est un véritable marathon que ces 70 élèves ont entamé. « Nous allons réunir l’ensemble des jeunes dès que possible pour un stage à l’INSEP. Cela va fortement participer à la cohésion de groupe. Il y a aussi pas mal de formations prévues sur plusieurs thématiques, notamment pour savoir comment interviewer des sportifs, des élus ou des représentants du mouvement olympique durant notre parcours », explique le professeur d’EPS. « Chaque olympiade doit être analysée sur plusieurs critères : histoire, économie, sociologie, écologie, etc. Nous allons constater sur place quels sont les effets de l’organisation d’une olympiade ? » L’entrée en matière devrait débuter en Europe fin 2021. « Nous allons parcourir le continent européen en bus. Le départ est prévu en septembre ou octobre prochain, si la Covid-19 nous laisse tranquille d’ici là bien évidemment… » Ce premier parcours représente plus de la moitié des cités visitées, avec 22 villes olympiques au programme, le tout dans 14 pays. Restent alors 21 villes à visiter. « Le reste du parcours est encore à l’étude. Nous aimerions placer la Chine en 2022, ce qui pourrait correspondre à l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver 2022 à Pékin », révèle François Lassuye. Une étape rassemblera certainement la Corée du Sud et le Japon, puis les élèves mettront le cap en Russie, avant de changer de continent, direction l’Océanie pour découvrir l’Australie et plus particulièrement Sydney, hôte des Jeux en 2000. Enfin, changement total de décor, avec une étape du côté du Brésil et du Mexique, avant de terminer par les États-Unis et le Canada. « Après l’Europe, l’ensemble des étapes devrait se faire dans un délai de deux à trois ans entre début 2022 et 2024. »
 

Un film diffusé avant les Jeux de Paris 2024

« L’idée est de sortir plusieurs courts métrages durant notre parcours, mais nous ferons vraisemblablement un montage plus conséquent au terme des 2 circuits européens. Nous aimerions présenter ce premier film au CIO, à Lausanne, courant 2022 », poursuit François Lassuye. Mon intention est de montrer au CIO la qualité du travail de ces jeunes qui veulent participer à l’organisation des futurs JO. Derrière, pendant trois ans, nous continuerons à produire des reportages fréquents. À terme, l’objectif est de sortir un long métrage au cours du premier semestre de l’année 2024, peu avant le début des Jeux Olympiques de Paris. » Des JO de Paris lors desquels les jeunes qui ont vécu cette aventure pourraient avoir un rôle déjà bien défini. « L’ensemble de l’équipe qui forme ce projet sera proposé, et j‘espère qu’il sera retenu, pour le programme Bénévoles de Paris 2024. Les 70 dossiers seront solides, d’autant que ces jeunes pourront peut-être déjà faire leurs premières armes de bénévoles lors de l’organisation des Gymnasiades, événement mondial organisé par l’UNSS en Normandie en 2022. » Mais avant cela, place à ce périple autour du monde pour des jeunes qui ont déjà commencé à travailler sur le synopsis du film, comme le confirme François Lassuye. « J’espère que nous pourrons pleinement étudier cet héritage olympique sur le plan écologique, économique et social, constater à quel niveau les engagements qui ont été pris ont été respectés. Je souhaite que par ce biais les élèves développent leur sens critique. Et puis si c’est l’occasion de montrer au grand public que l’organisation des Jeux Olympiques à Paris est quelque chose de très positif, c’est tant mieux ! »

Olivier Navarranne