Président de la Ligue Guyane de Rugby, Steve Yarde se confie sur la dynamique actuelle, les projets menés mais aussi les combats pour le développement de la discipline.
Comment s’est passée la rentrée sportive au sein de la Ligue Guyane de rugby ?
Il s’agissait de la première rentrée du tout nouveau bureau de la Ligue. Il s’inscrit dans la continuité du précédent. C’est donc notre tout premier vrai début de saison en tant qu’équipe. C’est une rentrée positive, en termes de licenciés, on peut s’appuyer sur une bonne dynamique. La rentrée des écoles de rugby, fin septembre, nous a permis de mettre l’accent sur les jeunes. Cette année, comme en Martinique et en Guadeloupe, on va d’ailleurs tester une nouvelle organisation au niveau des catégories d’âge. C’est un projet sur lequel on travaille depuis déjà plusieurs mois.
Comment continuer de développer la pratique du rugby en Guyane ?
Cela passe notamment par un travail important au sein des établissements scolaires. Lors du mois de septembre, on a organisé un énorme rassemblement au sein d’un lycée professionnel à Kourou. Une centaine de jeunes était présent. Beaucoup ont pu découvrir le rugby. Le plus important, c’est ça : se faire connaître. Le rugby en Guyane, c’est 1000 licenciés. Notre Ligue fonctionne bien, mais le rugby n’est pas encore connu partout. Il y a donc ce désir toujours fort de permettre aux jeunes guyanais de faire découvrir notre sport.
C’est justement avec cet objectif en tête que la Ligue met en place le projet « Rugby des Lisières ». En quoi consiste ce projet ?
C’est un projet qui consiste à aller dans la commune la plus éloignée de Guyane pour faire découvrir le rugby à des populations isolées. On a pu proposer aux habitants des villages de Trois Sauts des moments d’échanges et de convivialité autour de la pratique du rugby. Au niveau sociétal, c’est un projet extraordinaire. La Ligue a également pu apporter à ces populations des produits nécessaires au développement de ce territoire, je pense notamment à du matériel scolaire, qui manque cruellement dans un lieu aussi isolé.
Certains des jeunes originaires de ces villages pratiquent au sein des écoles de rugby, il était donc très intéressant de permettre à leur famille de découvrir la discipline que leurs enfants pratiquent. C’est d’ailleurs un lieu où les jeunes filles adorent la pratique du rugby, avec des éléments très prometteurs. Certaines, grâce au rugby, ont même pris l’avion pour la première fois afin de se rendre en métropole. C’est cette ouverture au monde qu’offre la pratique du rugby.
Une ouverture cependant limitée en raison du coût très important des transports pour un territoire comme la Guyane. Sur quelles solutions la Ligue travaille-t-elle pour tenter de limiter ce coût ?
C’est un sujet extrêmement important sur lesquelles les collectivités travaillent à nos côtés. Pour nous, les compétitions les plus proches ce sont celles organisées aux Antilles. Cela équivaut à deux heures d’avion. Or, le billet d’avion sec, c’est entre 600 et 800 euros aller-retour. Pour aller en métropole, c’est entre 500 et 1000 euros selon la période. Cela demande donc un énorme budget, et c’est forcément un sujet sur lequel on travaille tous ensemble. Tous les ans, on ajuste la ligne budgétaire en fonction des compétitions que l’on peut avoir afin d’être à même de se déplacer. Avoir des partenaires nous permet d’avancer là-dessus. Mais les déplacements demeurent le nerf de la guerre en Guyane, pas seulement pour le rugby.
Quels sont les liens de travail avec les Ligues de Guadeloupe et de Martinique, qui sont les plus proches géographiquement ?
On travaille main dans la main avec la Guadeloupe et la Martinique. Ensemble, on organise un grand tournoi baptisé Tournoi Antilles Guyane. On est assez proches, en raison de la distance bien sûr, mais aussi grâce à notre histoire et notre culture. Ensemble, on a mis en place une alternance concernant l’accueil de cet événement. Surtout, on travaille ensemble pour avoir une action forte à destination des compagnies aériennes pour que nos Ligues bénéficient de prix un peu plus intéressants. Il y a grand volume de sportifs guyanais qui voyagent, quelle que soit la discipline. Cela devient donc une nécessité et je trouve ça particulièrement fort, comme symbole, qu’on œuvre là-dessus avec la Guadeloupe et la Martinique.